«Les ordures ménagères nous posent un sérieux problème»

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Après avoir siégé durant les précédentes mandatures en tant qu’élu municipal du FFS, Moussa Abbou, universitaire et cadre à la Direction de l’Action Sociale (DAS) de la wilaya de Tizi-Ouzou, fut projeté maire en 2012, suite à une alliance FFS – RND – FLN, puis élu maire aux municipales de 2017 devant le candidat du RCD. Dans cet entretien, M. Abbou parle des projets à réaliser, du bilan de son assemblée et d’autres encore.

La Dépêche de Kabylie : Quel bilan faites-vous de votre dernier mandat 2012 – 2017 ?

Moussa Abbou : La commune de Tigzirt est très importante sur pas mal d’aspects. Elle est composée de plusieurs villages : Tifra, El Kella, El Azaieb, Cheurfa, Attouri et bien sûr la ville de Tigzirt comme chef-lieu. La commune jouit d’une position stratégique, elle est historique, touristique et sera appelée à devenir un véritable pôle économique. Concernant mon mandat passé, si je devais en parler, je dirais que le projet du gaz de ville frôle à présent les 100% de réalisation. Nous avons également rénové les réseaux d’eau potable (AEP), dont les travaux de finition sont en cours, installé la fibre optique pour l’internet, assuré le suivi de l’extension du réseau électrique en zone rurale et j’en passe.

Et sur le plan social, pour la jeunesse, par exemple, quelles sont vos réalisations ?

Nous avons lancé et même réalisé des infrastructures d’accueil. Nous avons deux stades et nous ouvrirons une piscine semi-olympique toute neuve, tout comme nous avons réalisé des aires de jeux dont certaines faites et d’autres à venir à la sortie ouest, Zeghdoud et Laazib.

Qu’en est-il des autres infrastructures ?

En ce qui concerne les routes, de nouvelles ont été réalisées ou bitumées, telle que la route de Cheurfa – Tafouzelt. Nous avons ouvert le nouveau pont de Tifra et nous continuerons pour désengorger le centre-ville de Tigzirt et permettre plusieurs accès aux villages. Comme nous avons un problème de glissement de terrain qui touche la ville, l’est et l’ouest ont fait l’objet d’études pour une stabilisation du sol avec des travaux déjà effectués pour limiter grandement les dégâts. Nous comptons également sur l’aide du projet CAPDEL 2020, initié par le PNUD et l’union européenne dont le budget est de 12 milliards de dollars, destinés à dix villes d’Algérie comme villes pilotes et dont Tigzirt fait partie. Si ce projet se concrétise, ce sera pour nous une veritable bouffée d’oxygène.

Qu’avez-vous acquis pour la commune en engins ou autres véhicules ?

Nous avons acquis un camion benne tasseuse, un tracteur et un bulldozer qui nous a permis d’ouvrir plusieurs pistes agricoles à travers les villages de la commune et nous ouvrirons d’autres.

Quels sont les projets que vous comptez réaliser durant ce nouveau mandat ?

Nous avons un programme très riche. Nous passons à la deuxième phase de notre plan de développement avec ce nouveau mandat. D’abord, finir les projets entamés dont je viens de vous parler, comme la piscine semi-olympique, le gaz de ville dont il ne reste pratiquement rien et le réseau de l’AEP. Nous avons décidé d’aménager des espaces de détente dignes de la renommée touristique de la ville. Nous allons réaménager de fond en comble le jardin Colonel Amirouche du centre-ville, et nous projetons sous peu de transformer complètement le jardin du monument des chouhada à côté de la mosquée, qui deviendra un jardin en troisième dimension (3D) avec une myriade de lumières, des images retraçant l’Histoire de la ville et ses monuments touristiques, tout comme nous remplacerons la liste des chouhada, juste communale, par une liste comprenant tous les chouhada de la daïra de Tigzirt. Nous aménagerons également la placette du cinéma et ouvrirons un jardin d’animation avec gradins à la sortie ouest, face à la mer.

Concernant le problème de la circulation automobile, comment comptez-vous vous y prendre ?

Nous avons lancé un nouveau plan de circulation, vous en avez parlé d’ailleurs il y a quelques semaines de cela dans les colonnes de votre journal. Nous essayons autant que faire se peut avec toutes les autorités concernées, de permettre une circulation fluide au centre-ville, avec une délocalisation au possible des arrêts de bus gênants, la future réalisation d’une brettelle de contournement par le sud ainsi que la création de parkings. Concernant les futurs parkings, nous avons retenu l’idée de smart-parkings, ce sont des instruments mécaniques pouvant chacun garder plusieurs véhicules. Nous installerons le premier bientôt, et nous espérons que nos jeunes chômeurs nous suivront en acquérant d’autres par la voie des dispositifs de financement. Quant à nous, nous leur louerons des espaces d’exploitation pour cette activité.

Qu’en est-il des préparatifs de la prochaine saison estivale ?

Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour la réussir, et aplanir les problèmes qui s’y greffent, en premier lieu, celui de l’eau potable. Pour ce faire, nous avons bénéficié de huit milliards cinq cents millions de centimes. Les travaux de réhabilitation de la station de dessalement de l’eau de mer ont été lancés par monsieur le ministre des Ressources en eaux, durant le mois en cours. Ils sont confiés à l’entreprise FORIMED. Nous avons aussi le barrage de Taksebt, le branchement de Cap Djinet et bientôt, le nouveau barrage de Sidi Khelifa qui nous aidera prochainement à faire face à la pénurie d’eau. Le nettoyage des plages nous pose aussi problème. En effet, nous n’avons pas d’effectifs suffisants à la mairie, surtout après l’annulation de l’aide des opérations de Blanche Algérie. Nos effectifs de nettoyage travaillent 7 jours/7 en ville et aux villages. Nous procéderons aux réquisitions par quartiers. Un quartier ne sera donc pas nettoyé pour permettre à l’équipe d’entretien de donner un coup de main. Nous ferons également appel à des volontariats, car la population de Tigzirt va tripler, voire quadrupler durant les trois prochaines mois d’été, et les déchets ménagers avec. Nous recevons des notes du ministère nous disant «faites ceci, faites cela…», mais avec quoi ? Nous n’avons pas d’effectifs, et il est interdit de recruter. Le seul recrutement que l’on peut faire est de remplacer un travailleur qui part en retraite, autant dire, rien ! Tout est gelé de 2014 à 2018.

Et le projet du centre d’enfouissement technique (CET) qui n’est pas lancé ?

Effectivement, ce CET va tout régler, mais il est toujours heurté au choix du terrain et diverses oppositions. C’est aux autorités compétentes de voir où l’installer. En ce qui nous concerne, nous déversons sur une décharge sauvage à l’entrée ouest de la ville, tout près de plusieurs chantiers de bâtiments. Quand ils seront habités ou près de l’être, il va falloir la fermer. Alors où allons-nous jeter nos ordures ? J’en appelle à tous les concernés de prendre rapidement en charge ce problème.

D’autres projets de rapprochement avec les citoyens ?

Durant le prochain mois de Ramadhan, nous organiserons des sorties nocturnes à travers les villages et quartiers de la ville. Nous expliquerons nos projets, prendrons les avis et conseils des citoyens qui sont les seuls à ressentir vraiment les manques, et essayer de trouver des solutions. Nous allons créer aussi un journal en ligne, sur internet, pour avoir une grande proximité avec nos citoyens et mieux connaître leurs problèmes.

Un mot pour finir…

Disons que je gère le quotidien avec ses hauts et ses bas. Parfois je suis content de la réalisation d’un projet ou d’une enveloppe financière que l’on nous accorde pour un nouveau projet, parfois j’écoute avec amertume et impuissance, un citoyen en manque de quelque chose, déverser dans le hall, sa colère sur le pauvre maire et sa gestion !

Interview réalisée par Ferhat Tizguine.

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