“Soltani voit noir le soir ce qu’il voit blanc le matin”

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Ahmed Ouyahia, qui avait animé une conférence de presse jeudi dernier à l’issue de la 6e session du conseil national de son parti, a d’entrée de jeu clarifié la position de son parti. Le RND est dans le pouvoir et il l’assume. Mieux, le secrétaire général de ce parti, également chef du gouvernement, s’est attaqué à ceux qui « voient blanc le matin et noir le soir ». La flèche est destinée à ses partenaires de l’alliance présidentielle, notamment le chef du MSP, qui critique l’action du gouvernement dont il fait partie. Pour Ouyahia, « on ne peut pas avoir un pied dans le gouvernement et un autre à l’extérieur ». “Ou on soutien un programme ou on ne le soutien pas », a-t-il encore précisé avant d’être plus offensif en stigmatisant Aboudjerra Soltani de courir derrière « les Unes des journaux ». Justement, le chef islamiste de l’ex-Hamas réclame le départ d’Ouyahia du gouvernement et son remplacement par un premier ministre non partisan et technocrate. Le chef du RND, loin d’être perturbé et affranchi de l’obligation de réserve, a rétorqué que le chef du MSP « a trouvé un slogan pour se positionner sur la scène politique » et il « est connu pour ses louvoiements politiciens qui font qu’il voit blanc le matin et noir le soir ». Pour mieux illustrer ses propos, Ahmed Ouyahia a expliqué que « quant on soutient un programme, on travaille pour le concrétiser ». Autrement dit, ses partenaires ne travaillent pas assez pour concrétiser le programme du président de la République, qu’ils disent pourtant, soutenir. A la question de savoir qu’est-ce qui dérange Soltani au point de réclamer le départ de son chef du gouvernement, le secrétaire général du RND a répondu sèchement : « Il est dérangé par ses calculs ». Quels calculs ? Ouyahia n’a pas répondu explicitement, mais il a laissé entendre que certains « n’ont pas imaginé qu’après les élections présidentielles, le Président m’offre la chefferie du gouvernement et que je donne mon accord. Mais ce sont ces même personnes”, a-t-il révélé, qui appellent ce même chef du gouvernement même quant il rentre chez-lui ». Sans mâcher ses mots et usant de rhétoriques aussi révélatrices que significatives de sa colère, Ouyahia a accusé les deux partis, le FLN et le MSP, de se surchauffer  » à 15 mois des élections législatives et locales. Pour le conférencier, son parti n’a pas oublié qu’il a des échéances, mais ne « doit pas oublier que les Algériens ont des préoccupations plus importantes ». Il rappellera à ce sujet que le gouvernement doit travailler au lieu de penser seulement à des élections qu’il juge lointaines. Il pense d’ailleurs la même chose du remaniement gouvernemental, qui est toujours annoncé sans qu’il ne voie le jour. Pour répondre à ces rumeurs, Ouyahia a renvoyé les journalistes à des réponses précédentes où il donnait des rendez-vous à des échéances précises. Autrement dit, il restera toujours à la tête de l’exécutif. Le FLN n’a pas été épargné par Ouyahia. Aux appels de Belkhadem de réviser la constitution, le secrétaire général du RND se dit  » opposé « . Pourquoi ? Le premier responsable du rassemblement national démocratique juge, encore une fois, que  » les Algériens n’ont pas du temps à perdre en pensant à une révision constitutionnelle « . Même la nature du régime actuel, qu’il croit semi-présidentiel, ne lui déplait pas. Il n’est même pas intéressé ni par le régime présidentiel américain  » qui ne permet même pas au Président de dissoudre le parlement  » ni par le système français  » parce que le pluralisme est un apprentissage « . Cela dit, à la question de savoir quelle est sa position par rapport à l’éventualité de voir Bouteflika briguer un troisième mandat, Ahmed Ouyahia s’est contenté de dire :  » Une chose est sûre, c’est que je ne me porterai jamais candidat contre Abdelaziz Bouteflika  » lequel est « politiquement fort ». Au FLN qui a crée des commissions pour « contrôler le gouvernement », le premier responsable du RND a répliqué qu’il vaut mieux « commencer par contrôler les 17 ministres » que le parti de Belkhadem compte dans l’exécutif.Toutes ces critiques ont amené l’actuel premier ministre à avouer que « l’alliance présidentielle boîte ». Ceci non sans relativiser par un « l’alliance dérange », parce que selon lui, c’est la seule entreprise politique qui a réussi et qu’elle ouvre la voie « à d’autres alliances ». Concernant la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Ahmed Ouyahia qui a acclamé « vive l’éradication du terrorisme », a néanmoins dit soutenir « activement » le projet du président de la République. Il a demandé aux militants de son parti « un effort d’explication » envers notamment les familles victimes du terrorisme à qui « l’Etat n’a pas tourné le dos » et les patriotes que l’Etat « n’oubliera jamais ».

Ali Boukhlef

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