Bouira décroche la palme d’or !

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La 1ère médaille d’or du prix Apulée de la meilleure huile d’olive extra-vierge, dans son édition de 2018, est revenue à l’oléiculteur Aomar Ouagued de Bouira, pour sa production d’huile fruitée vert intense.

Cette cérémonie organisée par la Chambre nationale de l’agriculture a vu également un autre enfant de Bouira récompensé. Il s’agit de M. Saoudi qui a décroché, lui aussi, la médaille d’or en se classant en deuxième position dans la catégorie «Fruit vert moyen» avec sa production de Djelfa. Les wilayas de Bordj Bou Arreridj et d’Ain Témouchent ont, également, remporté un prix respectivement dans la catégorie «Fruité vert léger et fruité mûr». Le lauréat Aomar Ouagued originaire de la commune d’Ahnif, dans la daïra de M’Chedallah, a, faut-il le souligner, débuté en 2009 avec un verger de 6 hectares, soit environ 1 200 oliviers sis à Aqssim, dans la commune d’Ahnif. «Nous travaillons dans cette filière avec passion et nous essayons de faire une huile d’olive selon les normes sanitaires mondiales conformément aux orientations du conseil oléicole international. Il faut dire que nous avons été bien encadrés par M. Akkouche, SG de la Chambre d’agriculture de Bouira, ainsi que par la DSA de Bouira dans notre parcours. Nos efforts et leurs conseils ont été payants au final, car nous sommes arrivés à produire une huile d’olive de qualité qui a été récompensée par le prix Apulée en date du 4 juillet 2018», se félicitera-t-il. Pour M. Ouagued, les formations et les mises à niveau sont nécessaires pour les oléiculteurs voulant percer dans cette filière : «Nous avons participé à de nombreux salons nationaux, des fêtes de l’huile d’olive, nous avons même exposé en Tunisie et nous essayons de faire des formations ainsi que des mises à jour sur la qualité, sur la transformation, sur la récolte et tout l’itinéraire technique concernant le verger oléicole. D’ailleurs, le slogan pour notre huile d’olive est ‘De l’arbre à la bouteille’ car nous maîtrisons l’ensemble du processus», souligne M. Ouagued. Interrogé justement sur cette qualité primée pour son verger oléicole de M’Chedallah, notre interlocuteur précise que ce n’est pas uniquement le fruit du hasard : «Notre huile a remporté la médaille d’or qui est le premier prix de l’huile d’olive extra-vierge grâce au efforts et à notre travail effectué consciencieusement en maîtrisant le processus au cours de la floraison de l’olive jusqu’à la mise en bouteille de l’huile fraîchement pressée. Je précise, toutefois, avec ma modeste expérience que l’huile d’olive de notre région a déjà été reconnue de par le passé. Avant la révolution, l’huile de la région de M’Chedallah a été primée deux fois dans des salons internationaux, dont une fois à Paris, en France, avec le domaine des Chibane de Chorfa qui a décroché une médaille d’or en 1939.

La mise à niveau, une nécéssité pour les oléiculteurs

L’huile d’olive de la région de M’Chedallah par rapport au sol et à son climat dispose d’une spécificité par rapport aux autres régions. Il faut savoir, cependant, que le prix Apulée remis par le directeur de la Chambre nationale de l’agriculture est un honneur certes, mais ce n’est pas une finalité car la filière oléicole à travers la wilaya de Bouira connait beaucoup de problèmes, notamment avec les pratiques des agriculteurs. Ces derniers gagneraient à changer de méthodes de travail pour améliorer la qualité de l’huile d’olive. Auparavant, nous pensions que notre huile était naturellement ainsi dotée par Dame Nature et rien d’autre. C’est, certes, un atout non négligeable, mais il y a beaucoup de facteurs qui entrent en compte pour obtenir une huile de qualité supérieure. Plusieurs choses sont à réviser notamment pour la récolte des olives qui répond à des critères spécifiques, le stockage également ne doit pas dépasser une certaine durée, comment effectuer la trituration, quelle huilerie choisir pour faire la trituration… sont autant de questions auxquelles nous avons tenté d’apporter des réponses par notre travail. Beaucoup d’agriculteurs pensent que des huileries traditionnelles font une meilleure huile que les presses modernes, alors que c’est faux. En plus, il faut dire que nous sommes très exigeants sur les normes sanitaires dans notre huilerie et nous ne tolérons aucun écart sur la propreté des lieux. Autant de critères qui permettent à l’aboutissement d’une huile bio de qualité. Il est vrai que le consommateur préfère une huile d’olive douce, cependant il faut garder à l’esprit que l’huile d’olive a un goût d’amertume ou légèrement piquante, ce qui est souvent considéré comme des défauts pour l’huile est en réalité une preuve et un gage de savoir-faire. Son léger taux d’acidité est, d’ailleurs, l’un des attributs positifs de l’huile d’olive», explique M. Ouagued. En abordant la question de savoir si l’huile d’olive exposée dans des bouteilles en plastique en plein soleil ne nuisait pas à la réputation et à la santé du consommateur, M. Ouagued révèle qu’il s’agit là avant tout d’un réflexe à imposer au consommateur : «Il faut qu’il y ait une collaboration de tous les services et surtout changer la mentalité des consommateurs pour arrêter cette manie des automobilistes de se garer sur le bas-côté de la route pour acquérir de l’huile d’olive exposée dans des bouteilles en plastiques usagées. Il faut avant tout sensibiliser les consommateurs, de même que les oléiculteurs pour qu’ils mettent en valeur ce produit noble. Si les gens n’achetaient pas l’huile exposée au soleil aux abords des routes, ce phénomène n’existerait plus. Il faut impérativement encadrer et normaliser la vente de l’huile d’olive pour permettre aux consommateurs de se retrouver aussi bien sur le plan qualité que celui du prix », espère notre interlocuteur.

Hafidh Bessaoudi

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