Lancement de la colonne mobile forestière

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Le Directeur Général des forêts, M. Ali Mahmoudi, était hier matin à Bouira pour le lancement de la colonne mobile de lutte contre les incendies au niveau de la forêt d’Errich.

Pour le premier responsable des forêts, c’est un avantage que de disposer de cette colonne mobile au niveau de la wilaya de Bouira avec l’assistance de la Protection civile. M. Mahmoudi soulignera que pour cette année, la forte pluviométrie enregistrée au cours de l’hiver et au printemps derniers a accru les dangers sur le tissu végétal : «Cette année, il y a un glissement très significatif de saisons avec un printemps très arrosé, ce qui a favorisé le développement de la strate herbacée que l’on n’avait pas vu depuis au moins 40 ans. Je suis monté personnellement sur les hauteurs du Djurdjura, les pelouses de Tizi N’Kouilal sont hautes de 40 centimètres chose inhabituelle est très rare. De ce fait, le risque d’incendie cette année est très grand, et le forestier seul, ou la Protection civile seule, ne pourront jamais protéger ce patrimoine. Nous avons une moyenne de 4 millions d’hectares de forêts, formation végétale et formation forestière, soit un peu plus d’un million sept cent mille hectares. C’est peu par rapport au 238 millions d’hectares recensés au niveau national, et il est de notre devoir de militer pour que cette superficie soit transférée aux générations futures», fera savoir le DG des forêts. À propos des forêts récréatives dont celle d’Errich, projet non encore concrétisé jusqu’à maintenant, le DG des forêts révélera que ces espaces sont le produit d’un décret de 2006 explicité en 2015 par une circulaire interministérielle, donc la formulation des dossiers a débuté en 2015. La forêt d’Errich a été aménagée sur concours de l’État, sur le budget de wilaya, alors que les forêts récréatives, telles que définies par nos textes, sont des forêts qui se trouvent à proximité des grandes agglomérations ou sur les grands axes routiers qui sont à haute fréquentation, dans lesquelles on essaye de délimiter de petits espaces. Au niveau de l’administration des forêts, on imagine un plan d’orientation et d’aménagement général si l’APC ne veut pas engager un bureau d’étude pour ce projet. Donc, c’est sur la base du plan d’aménagement et d’orientation général qu’un appel à manifestation d’intérêt a été lancé et ce sont les soumissionnaires qui vont développer les plans tout en restant dans les orientations génales», indiquera M. Mahmoudi. L’hôte de Bouira expliquera, par ailleurs, que le soumissionnaire, lui, a toute la latitude de proposer des aires de jeux démontables et amovibles à l’image d’auto-tamponneuse qui ne nécessitent pas un ancrage bétonné susceptible de porter atteinte à l’environnement. «La règle, c’est une forêt récréative ce n’est pas un parc, car l’espace est concédé sur 20 ans et si toutefois l’investisseur enfreint la loi, il devra quitter et laisser les lieux en l’état naturel», soulignera le DG des forêts. On apprendra lors de cette visite qu’une convention avec le ministère du Tourisme est en cours d’élaboration pour les grands domaines forestiers avec des structures hyper-légères pour l’éco-tourisme, incluant des chalets de chasse, des gites d’étapes, toujours en bois et dont l’architecture devra épouser les normes naturelles environnementales. À propos de la déforestation galopante dans certaines régions, le DG des forêts se montrera implacable : «Nous lutterons et combattrons le phénomène d’accaparement des terres forestières. Nous ne ménagerons aucun effort contre les gens qui ont planté des oliviers sur le domaine forestier. Ils n’ont pas le droit de s’accaparer ces terres ! Il y a des dispositifs qui sont ouverts au niveau de l’administration des forêts, avec le système des amodiations ou d’autorisation d’usage d’exploitation. Celui qui veut investir dans l’agriculture n’a qu’à s’inscrire dans ce genre de projets. Je vous certifie que l’accaparement des terres défrichées et plantées sera puni et les administrations des forêts recevront des instructions pour l’arrachage des plantations et la reconstitution du couvert végétal sur la base d’espèces forestières en fonction des régions», martèlera-t-il. Le responsable du secteur des forêts donnera, également, des instructions claires pour préserver certaines forêts peuplées de spécimens rares, comme c’est le cas pour le cèdre dans la région d’Aghbalou. «Un reboisement datant des années 1970 qu’il faut à tout prix préserver. Le cèdre existe dans les Aurès, l’Atlas blidéen, le Djurdjura, un peu dans les Babors. Il faut savoir que dans les Aurès, nous avons perdu 5 600 hectares suite à un dépérissement et la reconstitution artificielle est assez difficile, d’où la nécessité de préserver la forêt de cèdres réussie, située dans la partie-Est du Djurdjura», exigera M. Mahmoudi. Concernant la production nationale de liège, le directeur général des forêts indiquera qu’il existe cinq pays qui produisent du liège sur le bassin méditerranéen et l’Algérie est classé troisième pays producteur derrière le Portugal et l’Espagne : «Ces dernières années, la production nationale était estimée entre 120 000 et 130 000 quintaux de lièges. Toutefois, avec la multiplication des incendies, la production a baissé et l’année dernière nous avons récolté à peine 50 000 quintaux. Pour cette année, nous prévoyons une production de 90 000 quintaux. Je précise que l’année dernière, l’Entreprise régionale du génie rural (ERGR) a exporté pour une valeur de 4 millions de dollars de liège en provenance essentiellement de wilaya de Jijel.

La colonne mobile en chiffres

La colonne mobile forestière de lutte contre les incendies sera stationnée à El-Esnam et elle a été renforcée avec l’acquisition de 40 véhicules et ces derniers ont été répartis sur les cinq colonnes existantes, à savoir Tlemcen, Relizane, Bouira, Béjaïa et El-Tarf. Pour la wilaya d’El Tarf, le DG des forêts fera savoir qu’il s’agit là d’un choix judicieux suite aux incendies connus l’année passée dans cette région frontalière avec la Tunisie : «El-Tarf était une wilaya qui n’était pas à vocation de grands feux mais qui a connu l’année dernière un seul incendie et 19 000 hectares sont partis en fumée. Je souligne que cet incendie s’est déclaré sur le territoire tunisien avant de ravager cette superficie à travers cette wilaya. Pour cela, nous avons une colonne mobile sur place afin de protéger les massifs boisés frontaliers. L’installation de colonnes mobiles forestières de lutte contre les incendies a prouvé son efficacité et les statistiques le prouvent. Par exemple, sur 500 foyers déclarés, les incendies ayant causé des dégâts sont estimé à 300, c’est-à-dire l’efficacité de nos agents et la rapidité d’intervention qui arrivent à maîtriser les foyers avant leurs départs qui pourraient causer des dommages irréversibles sur la nature», détaillera l’hôte de Bouira. Pour ce dernier, les campagnes de sensibilisation et le dispositif installé par la direction générale des forêts permettent de prévenir et d’amoindrir les risques d’incendies : «Depuis le 1er mars dernier, le wali nous accompagne et il a pris plusieurs arrêtés : le premier pour interdire l’incinération du 1er juin jusqu’au 31 octobre, le deuxième est l’installation des commissions communales à leurs têtes le P/APC, des commissions de daïras chapeauté par le chef de daïra et la commission de wilaya pour la protection des forêts à sa tête M. le wali pour prendre en charge le phénomène des incendies. Nous enregistrons également l’adhésion massive des comités de riverains, comités de villages qui sont plus près des espaces boisés, ainsi que l’association des chasseurs. Avec la fédération nationale des chasseurs, nous avons une sorte de convention pour qu’ils nous apportent de l’aide car les forêts sont les espaces de chasse d’où leurs implications directes pour préserver ces espaces boisés», précise le DG des forêts. En matière d’infrastructures de lutte contre les feux de forêts, M. Mahmoudi déplore toutefois la réticence de propriétaires terriens implantés à la périphérie des domaines forestiers : «Lorsque nous devons réaliser des infrastructures dans le domaine public de l’État, cela ne pose pas de problème, mais au nord du pays, nous rencontrons des difficultés car beaucoup de verdure relève du privé. Pour le domaine forestier au sens propre, nous pouvons aménager les pare-feux, points d’eau, postes de vigie… Mais la difficulté est de réaliser le même schéma sur le domaine privé car les propriétaires terriens s’opposent à ce qu’on aménage des tranchées de 50 mètres de largeur sur leurs domaines ou une piste tracé techniquement pour répondre à un besoin de lutte contre les feux de forêts», déplorera M. Mahmoudi avant de donner le coup d’envoi de cette colonne mobile forestière qui sera chargée d’intervenir rapidement sur l’ensemble des régions dont elle dépend.

Hafidh Bessaoudi

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