Accueil Évènement «Non aux logements qui remettraient en cause la ZAC»

AZAZGA Marche et grève de contestation : «Non aux logements qui remettraient en cause la ZAC»

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L'appel à une grève d'une demi-journée et une marche pacifique, lancé par des habitants d’Azazga pour avant-hier, mardi, a été largement suivi.

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En effet, la majorité des commerces ont baissé rideau et plus de 1 500 personnes, selon les estimations des organisateurs, ont marché, de la gare routière jusqu’au siège de la daïra. Une marche pacifique qui s’est terminée par un rassemblement devant donc le siège de la daïra. Le motif principal de cette action, décidée en assemblée générale au village Iaazugen, est «le refus de l’implantation de 2 300 logements AADL dans l’enceinte de la future zone d’activité de Tachrouft». Les manifestants ont tenu à rappeler que «la ville d’Azazga a toujours gardé sa structure ancestrale et fonctionne toujours selon le model villageois d’antan. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force et sa cohésion». Selon un membre de la direction collégiale de ce comité de village : «Cette décision d’implantation de 2 300 logements AADL a été prise sans consultation préalable, même de l’assemblée communale. Seul le maire endosse la responsabilité de cette action. Il a donné son aval à ce projet sans consulter la population, contrevenant ainsi au code communal qui stipule, dans son article 11, la gestion participative et la participation de la société civile dans toute prise de décisions qui engagent l’avenir de plusieurs générations». Quant à la raison du refus de ce projet, M. Baha, membre dudit comité, explique «Nous rejetons catégoriquement l’implantation de ces logements dans cette zone d’activité. Ce n’est pas par racisme ou refus d’accueillir nos frères algériens qui ont déjà souscrit à ce programme, mais nous estimons que ce projet empiètera sur la future zone d’activité qui constituera une bouffée d’oxygène sur le plan économique pour la région et ses environs. La preuve, nous nous ne sommes pas opposés à la réalisation de plus de 3 000 logements, toutes formules confondues, au pôle d’Imlel. Cette future zone d’activité est d’une superficie globale de 34 ha et extensible à 75 ha, comme l’avait promis l’ancien Premier ministre, M. Sellal. Les deux projets, logements et zone d’activité, sont incompatibles et si ces logements sont réalisés, cela hypothéquera sérieusement la réalisation de ladite zone. La population d’Azazga a plutôt besoin de projets socio-économiques au lieu de cités-dortoirs génératrices de fléaux sociaux».

Réunion d’urgence avec le SG de la wilaya sur place

Dans l’après-midi de la journée de mardi, le secrétaire général de la wilaya, M. Tibourtine, accompagné d’une délégation représentant les différentes directions de la wilaya notamment l’industrie, l’habitat et une délégation de l’APW, a tenu une réunion avec les représentants du village Iaazugen, en présence du chef de la daïra d’Azazga, M. Menia, du P/APC, M. Bennadji, ainsi que des souscripteurs au programme AADL de la wilaya de Tizi-Ouzou. D’emblée, le porte-parole des Iaazugen, le Pr Hamizi, au nom de la population dudit village, a signifié un «niet catégorique» quant à l’implantation desdits 2 300 logements AADL. Il rappellera à l’assistance le glissement de terrain qu’il qualifiera de «cancer» qui a «bouffé» la région et qui constitue «une menace permanente», expliquant que 50% du plan d’occupation des sols (POS) est en «zone rouge». Il ajoutera : «Six ans après le dernier glissement de terrain, on ne voit rien venir». Sur ce point, Mme Naoui, chargée des études géotechniques au niveau de la wilaya, affirmera que «les 19 POS sont achevés. Quant aux études globales sur le glissement de terrain, on est au stade de l’élaboration des cahiers des charges pour la sélection d’un bureau d’études». Un retard énorme est donc constaté, surtout quand on sait les multiples délégations ministérielles qui se sont déplacées, au lendemain du glissement de 2012. Le Pr Hamizi a quant à lui proposé de «créer un observatoire, constitué de différents acteurs comme les représentants de la commune, de la population et des autorités de wilaya pour le suivi de l’avancement des travaux». Le chef de la daïra, tout en saluant la sagesse et le sens des responsabilités des représentants du village, a mis l’accent sur «l’exigence de protection des ouvrages existants». Quant au SG de wilaya, il proposera : «Si cela s’avère nécessaire, on fera appel à une expertise étrangère». L’autre point important sur lequel ont insisté les représentants dudit comité est «le rétablissement de la confiance entre les administrés et l’administration», ce qui passe inéluctablement par «le dialogue et une gestion participative». Et de citer des exemples comme le programme de 500 logements AADL de 2001 à Azazga, dont personne de la région n’a bénéficié, et certains investisseurs de la région qui ont fait des demandes pour l’implantation de projets dans cette future zone et qui se sont heurtés à des tracasseries bureaucratiques, voire même à des refus catégoriques, «comme ce fût le cas d’un investisseur de la région porteur d’un projet de production de lait en poudre pour enfants», dénonceront-ils. Sur ce point, le représentant de la direction de l’industrie les a invités à se rapprocher de ses services et leur a promis de leur accorder toutes les facilités et de leur livrer les données disponibles. Une citation est revenue plusieurs fois lors de cette réunion, à savoir «Chat échaudé craint l’eau froide». Et pour cause, plusieurs familles de la région ont très mal vécu les nombreuses expropriations de leurs terres pour l’édification de cités et autres établissements publics comme l’hôpital et des écoles, «sans dédommagement conséquent». C’est aussi un appel du cœur qu’on voulu adresser les représentants des villageois aux autorités, car «la population vit très mal cette situation et se sent redevable envers les générations futures. Il ne faut pas la pousser à des alternatives radicales, surtout en cette conjoncture politique et économique très difficile», alertent-ils. Le secrétaire général de la wilaya martèlera à plusieurs reprises que «le développement doit se faire avec l’adhésion de la population et non malgré elle, car ce serait contre-productif», dira-t-il. Il s’engagera à transmettre «fidèlement» au premier magistrat de la wilaya les préoccupations et la position des citoyens d’Azazga, et réaffirmera sa «volonté de dialogue et de concertation» pour trouver les solutions idoines à tous les problèmes.

M. I. B.

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