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Commerce - L’opération s’étalera jusqu’au 8 septembre : Petits soldes, grand leurre !

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Les soldes sont lancés officiellement depuis le 29 juillet dernier. Sur le terrain, ils ne sont pas nombreux les commerçants qui affichent l’opération à travers leurs différentes vitrines, notamment à Tizi-Ouzou ville.

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La période des soldes est accueillie généralement par les citoyens avec grand enthousiasme. C’est le moment où on est censé faire des économies sur les achats, s’offrir les meilleurs articles, renouveler sa garde-robe, aux meilleurs prix, du moins en théorie ! Faire des affaires quoi ! Cette verve qui s’installe logiquement chez les potentiels clients à l’annonce de cette période tant attendue n’est visiblement pas partagée par les commerçants de la wilaya de Tizi-Ouzou, qui, eux, ont visiblement un autre avis. Un tour chez les uns et les autres, et le constat est édifiant : «Je n’ai pas encore fait ma demande auprès des services concernés à la wilaya, mais je compte bien le faire. L’année dernière, j’ai fais les soldes, je n’en ai pas tiré grand-chose». Ce gérant d’un magasin de vêtements de la grande rue de la ville pense que les soldes «ne sont pas très bénéfiques pour les commerçants.» Selon lui, réduire la facture de 20%, 50%, voire plus, n’arrange pas les affaires du commerçant qui peut tirer un plus grand profit en vendant aux mêmes prix de l’année. «Les clients achètent dans tous les cas quand la marchandise les intéresse», assène-t-il, confiant. Un autre vendeur, sur la même rue, dit avoir soldé sa marchandise, mais rien ne l’indique ni sur la vitrine ni à l’intérieur du magasin. Il explique qu’il a fait des réductions sur tous les articles et qu’il n’a pas besoin de solder. Pour lui, ce n’est qu’une formalité administrative, une perte de temps. De l’autre côté de la ville, sur la route de Bouaziz, enfin un grand magasin où l’on voit les affiches jaunes portant «soldes 20% à 80%», le gérant fait savoir que toute sa marchandise est soldée, de 20% à 80%, selon le prix initial et la nouveauté ou l’ancienneté des articles. «On a soldé jusqu’à 80% notre ancien stock datant de l’été dernier, le nouvel arrivage n’est pas concerné», précise-t-il. «Ici, nous travaillons dans les normes, les factures sont à jour, le pourcentage respecté, on ne veut pas être pénalisé si on vient à nous contrôler». Les clients de ce magasin, pour leur part, sont partagés : «Oui on nous affiche solde, mais ça reste toujours cher. Je ne vois pas la différence», lance une cliente de passage.

Peu d’engouement des commerçants

Une autre, visiblement habituée de l’endroit, affirme que la période des soldes lui permet de faire quelques achats. À titre d’exemple, elle montre une robe, qui était affichée à 5 800 DA avant les soldes, et qu’elle vient de s’offrir à moitié prix avec les 50% de réduction. A la nouvelle ville, du côté du quartier dit la Tour, le tenancier d’un magasin de vêtements et chaussures estime que la période choisie pour les soldes n’est pas adéquate. Pour lui, l’Algérie suit toujours le modèle français, alors qu’elle devrait prendre en considération les paramètres régionaux spécifiques à l’Algérie et à la wilaya de Tizi-Ouzou aussi. «On est encore en pleine saison, les soldes doivent se faire à la fin de chaque période», appuie-t-il. «Nous arrivons à écouler notre marchandise, pourquoi m’infliger une perte de bénéfices ? Les soldes je ne les ferai pas. De toute façon ce n’est pas obligatoire puis, pour tout dire, la procédure m’exaspère», ironise-t-il. D’autres commerçants du quartier, comme d’ailleurs à travers la ville, préfèrent parler de promotion. Des réductions sur certains produits, au choix du commerçant, et selon ses propres estimations et surtout quand bon lui semble, contrairement aux soldes, où la période est prédéfinie pour être impérativement respectée. Le dossier requis pour cette procédure, jugé «compliquée» par les commerçants, comporte pourtant de simples documents à la disposition de n’importe quel commerçant qui travaille dans les règles de la légalité. La question est dans cette régularité, explique justement un commerçant : «Les soldes concernent la marchandise facturée. La plupart de nos commerçants vendent une marchandise de cabas qui échappent au contrôle des services concernés, elle provient de Turquie, de France ou d’ailleurs…», soulignera-t-il. Notons que pour avoir une autorisation pour les soldes, la direction du commerce exige, selon l’arrêté du wali, une déclaration accompagnée des pièces suivantes : Un registre de commerce ou une copie du registre de l’artisanat et des métiers, la liste et les quantités des biens devant faire l’objet de soldes, l’état reprenant les réductions des prix à appliquer et les prix pratiqués auparavant. La période des soldes devrait se poursuivre jusqu’au 8 septembre prochain. Doit-on rappeler qu’une première période des soldes de l’année a été lancée au premier trimestre. Mais sans grand succès non plus. Cette fois encore rien n’indique que l’opération sera meilleure au vue du peu d’engouement des commerçants qui préfèrent visiblement rester dans les promotions individuelles. À travers des virées dans différentes allées de la ville de Tizi-Ouzou, le début de l’opération lancée pour rappel dimanche dernier, fait transparaitre une très faible adhésion des commerçants. Et encore, quels soldes ! En somme, de petits soldes et un grand leurre…

Kamela Haddoum.

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