L’évocation ou le volcan mémoriel

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Par S. Ait Hamouda

Il arrive que souvent la mémoire évoque des souvenirs qu’elle a emmagasinés sans faire exprès. Par inadvertance, des images lui reviennent et te remplissent de joie ou t’inondent de tristesse. Cela s’appelle, du moins en théâtre, selon Stanislavski, «la mémoire affective», ce par quoi le comédien trouve la trace de ce qui suscite chez lui l’émotion dans toute sa totalité. Mais s’agissant du bipède, elle se nourrit de tout et de rien et surtout des moments de liesse et de mélancolie. Que le peu de liesse ou d’excès de bleu à l’âme rendent nos évocations, un tant soit peu, monotones. Le seul moyen de brider ses souvenirs, de les tenir en laisse, de ne pas se les rappeler, mais comment faire ? Comment faire taire ce qui bout en soi, ce qui brûle, ces incendies de la mémoire et du souvenir, ces volcans à la lave inénarrable, insupportable et pourtant nécessaire à l’être, sans lesquels il ne peut y avoir que des bribes d’hésitation, des semblants émotifs qu’il serait vain de contenir, de ne pas révéler et de ne pas dire en public. Il va de soi, au point où en on est, de faire en sorte de ne se rappeler que de ce qui retient l’attention, qu’elle soit vive ou un peu inerte, peu importe l’état dans lequel on se trouve au moment de cet exercice vertigineux. Il n’est pas d’images neutres ni de portraits qui rappellent à ceux qui, subrepticement, se tortillent pour se remémorer des vécus qu’ils soient récents ou pas, et qui ne trouvent rien au bout de leur quête, ils se rabattent sur leur imagination fertile à souhait. Ils construisent, au petit bonheur la chance, des châteaux sur le sable et se disent qu’on a réussi à bâtir une histoire à partir de rien. Mais ces histoires à dormir debout ne servent que l’ego sans jamais servir la vérité radicale. Ce qui amène le quidam à user de termes farfelus pour tromper son monde. Il est des artistes qui, pour feinter leurs spectateurs, usent de trésors d’artifices qui ne durent pas longtemps. Et c’est mieux comme ça !

S. A. H.

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