La BADR indexée par les agriculteurs

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Chaque jour, dès 7 heures, l’agence BADR, sise au quartier des 338 logements du chef-lieu de Bouira, voit affluer des dizaines d’agriculteurs qui viennent encaisser leur dû, alors que l’établissement n’ouvre ses portes qu’à 9 heures.

Ces usagers, pour la plupart des personnes âgées doivent honorer les crédits contractés auprès, notamment, des vendeurs de produits phytosanitaires utilisés dans pour le traitement de leurs cultures. Et depuis plusieurs semaines, ces agriculteurs se plaignent de «la lenteur du service» dans cette agence. Des files d’attente interminables se forment quotidiennement, empiétant jusque sur la chaussée. Un état de fait qui a été à l’origine de plusieurs accrochages et écarts verbaux entre les agents de sécurité de cette institution bancaire et les vieux paysans. Comble du désarroi de ces derniers, «les forces de police viennent nous demander d’aller patienter ailleurs que sur la chaussée, comme si nous avions le choix !», se désolent-ils. En dépit de leur âge avancé, ces agriculteurs viennent des quatre coins de la wilaya de Bouira et se déplacent chaque jour à des heures très matinales pour espérer retirer leur argent. Mais au bout de quelques heures, ils finissent par aller s’asseoir sur les trottoirs, patienter sous un soleil de plomb. «Ça n’a que trop duré. Je me lève très tôt le matin, espérant pouvoir toucher mon argent, mais nous n’en finissons pas d’attendre et de patienter. Mon tour n’arrive jamais et je finis par lâcher prise de fatigue et me résigne à revenir le lendemain», nous confiera un vieux paysan. «L’Aïd el Adha approche à grands pas et beaucoup d’entre nous n’ont pas de quoi payer leurs moutons s’ils ne parviennent pas à retirer leur argent à temps», nous dira un autre. D’autres nous parleront de fournisseurs de produits phytosanitaires, d’engrais et de semences qui les «harcèlent» pour des factures non encore payées : «Nous avions signé avec nos fournisseurs des contrats pour les payer avant le 1er août, comme nous le faisons chaque année. Mais cette saison, vu l’abondance des récoltes des céréales, nous rencontrons des problèmes aussi bien au niveau de la CCLS pour la livraison du grain, qu’auprès de la banque pour l’encaissement de notre argent… Et nous devons honorer nos engagements vis-à-vis de nos débiteurs», s’inquiète un autre septuagénaire. Le constat est qu’il y a bel et bien un problème, mais de quelle nature est-il ? Le directeur de l’administration et de la comptabilité s’explique : «Ce n’est qu’une situation temporaire. Bouira est une wilaya connue pour l’intensité de son agriculture et cette période coïncide avec trois vagues de paiements différents. Nous devons à la fois payer les agriculteurs titulaires d’un chèque de la CCLS pour leurs récoltes de céréales, les émigrés retraités et également le salaire des sociétés domiciliées chez nous. Nous rencontrons une pression quotidienne dans notre travail et on fait de notre mieux pour la gérer», nous explique notre interlocuteur. Par ailleurs, concernant le «mauvais accueil» dont se plaignent les agriculteurs au quotidien, le responsable nous dira : «Nous avons les mains liées. D’une part nous sommes responsables d’une assez grande somme d’argent dans notre établissement, ce qui nécessite de l’organisation, et de l’autre la salle n’est pas assez grande pour recevoir tout le monde. Parfois, quand la chaleur est caniculaire, nous faisons des exceptions en laissant rentrer plus de personnes que prévu. Mais la situation retournera à la normale au plus tard à partir du début de la semaine prochaine».

Sarah M.

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