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MOHAMED MOUSSAOUI, maire de Frikat : «Notre mairie croule sous le poids des dettes…»

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S’il est vrai que cette commune rurale a connu ces dernières années un essor en matière de développement local, notamment en ce qui concerne la généralisation du gaz naturel, M. Mohamed Moussaoui, de la liste indépendante «djim» en arabe, rompu au combat au sein de l’université et dans le mouvement citoyen, à la tête d’une équipe composée essentiellement d’universitaires dont les compétences sont avérées, trouve que beaucoup reste encore à faire afin de sortir la région natale du colonel Amar Ouamrane de son enclavement. Il revient, dans cet entretien, sur les perspectives et les problèmes auxquels il faudrait des solutions dans l’immédiat.

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La Dépêche de Kabylie : Après plusieurs mois à la tête de l’APC, quel bilan faites-vous de la gestion de votre commune ?

Mohamed Moussaoui : D’emblée, je dirais que nous sommes venus avec un programme en vue de sortir notre APC de son enclavement. Nous sommes une équipe d’universitaires formés dans différents domaines. Un groupe ayant les compétences requises pour la gestion d’une collectivité. Mais la situation est difficile d’autant plus que les restrictions budgétaires sont drastiques.

Les subventions de l’Etat demeurent insuffisantes ne serait ce que pour les dépenses et les salaires des travailleurs. Nous avons hérité d’une APC qui croule sous les dettes : 17 millions de dinars rien qu’en factures impayées.

Quels sont les problèmes les plus épineux que vous rencontrez ?

Ils sont nombreux. Je commencerai par celui de l’alimentation en eau potable. Si les communes du versant sud de la wilaya profitent du transfert de cet élément vital à partir du barrage Koudiet Acerdoune de Bouira, la nôtre est la moins desservie.

A ce sujet, nous avons engagé une étude très poussée, non seulement pour le réseau interne, mais aussi pour la réalisation de quatre stations de pompage. Je lance d’ailleurs un nouvel appel à tous les services concernés pour inscrire rapidement ce projet car notre population souffre énormément de ce manque.

Notre commune est certes alimentée en gaz naturel, mais des foyers isolés, notamment ceux réalisés dans le cadre de l’habitat rural, en sont encore dépourvus tout comme de l’électricité. Nous avons recensé les manques. Le but est de soumettre les situations aux responsables concernés, notamment la Direction des Mines et de l’Énergie, pour les prendre en charge car ces citoyens n’ont pas les moyens d’assumer des devis aussi faramineux.

Par ailleurs, nous avons aussi un problème d’encadrement administratif. A ce jour, notre APC est administrée par un secrétaire général faisant fonction. C’est pourtant un poste clé pour une APC. Le recrutement des fonctionnaires n’est pas ciblé, certains services ne sont gérés que par expérience et ancienneté. Une administration a besoin d’un personnel dont les diplômes et les qualifications sont reconnus et requis pour les tâches.

En ce qui concerne le logement ?

A ce sujet, nous avons beaucoup à dire. Depuis sa création en 1985, notre commune n’a bénéficié que de quotas avoisinant les cinquante unités. Leur attribution est un problème. Plus de mille demandes attendent encore dans les tiroirs. 100 logements sociaux sont à l’arrêt depuis longtemps alors que les 100 autres ne sont pas encore lancés.

Il y a énormément d’entraves dans ce domaine. Nous nous demandons aussi pourquoi des logements distribués en 2007 ne sont pas encore raccordés au gaz naturel ? Plus d’une centaine de logements sont dans cette situation si l’on compte ceux attribués dans le cadre du RHP. Pour résorber cette pression sur le logement social, nous comptons suivre au pas à pas toutes les situations en suspens et solliciter d’autres projets.

Au sujet du lycée, avez-vous une idée sur sa mise en service ?

Pour le moment, nous ne savons pas exactement quand cela se fera. Vraisemblablement, la prochaine rentrée scolaire. La balle est dans le camp de la direction de l’éducation, notamment en ce qui concerne les équipements et le personnel enseignant et administratif. L’élaboration de la carte scolaire lui revient de droit.

Ce que devait faire l’APC a déjà été fait. Mais, puisque vous évoquez le secteur de l’éducation, il faut savoir que deux écoles du chef-lieu, à savoir Essaid Titouche et les frères Benakli, souffrent d’effectifs pléthoriques. Nous demandons, d’ailleurs, un autre établissement. Transformer le projet de garde communale, à l’arrêt depuis des années, en école primaire du côté d’Azaghar serait une solution. Il faudra néanmoins récupérer cette bâtisse toujours sous la tutelle de la défense nationale.

Le ramassage scolaire est un autre problème. Notre parc roulant est vétuste et nous transportons environ 3 000 élèves (écoliers, collégiens et lycéens). La mise en service du lycée nous permettra de gagner une partie de ces dépenses quand on sait que plus de huit cents lycéens ne seraient plus à déplacer vers les lycées de Draâ El-Mizan.

Concrètement, quelles sont vos priorités du moment ?

Nous devons d’abord régler les situations urgentes, notamment celle des dettes. Puis, nous nous pencherons sur le problème des ordures ménagères. Pour ce, nous n’avons que des tracteurs et c’est insuffisant. A ce sujet, nous solliciterons la wilaya pour un camion à benne tasseuse ainsi qu’un chasse-neige pour des villages que bloque chaque chute de neige.

Il s’agit d’Ath Boumaâza, d’Ath Ali et des hameaux environnants. Par ailleurs, un camion-nacelle est une urgence dans notre commune afin de prendre en charge, nous-mêmes, les réparations du réseau d’éclairage public exigeant de notre trésorerie des dépenses supplémentaires. Sur le plan des infrastructures de la jeunesse, à l’exception du gazon synthétique dont a bénéficié le terrain communal, rien n’a été fait au niveau du chef-lieu.

Il faudra une salle omnisports et remplacer l’actuelle maison de jeunes par une autre répondant aux normes, à défaut, prévoir sa rénovation et son extension. Nous insisterons aussi sur la polyclinique dont la durée de vie de la structure est dépassée. Construite en préfabriqué dont l’amiante est un danger pour la santé de nos concitoyens, son remplacement par une nouvelle structure urge. Par ailleurs, nous avons tout un programme que je ne peux étaler aujourd’hui.

En tout cas, notre équipe a fixé les priorités. Nous avons des objectifs à court, à moyen et à long termes. C’est un programme qui s’étalera sur cinq ans et peut-être plus. Cela dit, je dois au final remercier la Dépêche de Kabylie de m’avoir ouvert vos colonnes pour m’exprimer sur de nombreux sujets et faire part, à nos concitoyens, de nos perspectives et de la situation dont nous avons hérité.

J’invite notre population à faire preuve d’un peu de patience, nous sommes à l’écoute. Qu’on nous accorde un peu de temps pour maîtriser la situation bien que nous soyons déjà sur tous les fronts. Ce ne sont pas des promesses, mais des engagements d’élus.

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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