Les produits de base, entre plaintes et gaspillage

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La situation du marché au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou est inédite. Le consommateur se retrouve désarçonné face aux prix affichés sur les étales.

les pères de famille ne savent plus à quel saint se vouer ni à quelle autorité s’adresser pour ramener un peu de stabilité non seulement dans les prix des produits de consommation, mais aussi dans la disponibilité de la marchandise. La situation est, semble-t-il, incontrôlable. Les services concernés ont beaucoup à faire pour ramener un semblant d’apaisement, notamment en cette période de rentrée sociale et scolaire. Le glas a été sonné par les boulangers à la veille de l’Aïd, la farine était indisponible et trop chère au marché parallèle. La crise de la pénurie du pain a été évitée de justesse. Dans leur déclaration au directeur du commerce, dont une copie est parvenue à notre rédaction, les boulangers signalent d’emblée : «Notre situation est misérable, nous pataugeons dans la boue et nous sommes dans l’impossibilité de poursuivre notre honorable métier». Les boulangers font savoir que «la cherté de la farine et des produits utilisés dans la fabrication du pain ont annihilé notre marge bénéficiaire. Le prix de la baguette de pain nous revient à 13,35 DA. Nous avons interpellé le ministre depuis 2013, mais la situation n’est pas encore prise en charge. Sur ce, nous avons déclaré faillite et avons observé trois jours de grève en mars pour dénoncer cette misérable situation. Mais toujours aucun écho.» Un boulanger que nous avons rencontré nous dit que «le quintal de farine panifiable a atteint 2800 DA, l’améliorant est à 2850 DA, et la levure Safi à 4800DA. Pour nous en sortir, on table sur l’augmentation de notre production et parfois, ça ne marche pas. A toute cette cherté, s’ajoutent les frais d’électricité, d’eau, de gaz et de location, sans parler de la main-d’œuvre. Les prix doivent être revus, sinon c’est la clé sous le paillasson», regrettera-t-il. Sur le plan du gaspillage du pain, les statistiques ont montré que les Algériens jettent 10 millions de baguettes de pain quotidiennement, une facture qui avoisine une perte sèche de 80 millions de dinars/jour. Un scandale, une honte nationale à laquelle il faut rapidement trouver une solution. Le pain, un produit de base et de large consommation et de surcroit subventionné par l’État, est gaspillé d’une manière ahurissante. Les boulangers appellent depuis plusieurs années à revoir à la hausse le prix de la baguette de pain, ce qui, à leurs yeux, constituera un frein au gaspillage et leur permettra de préserver leur gagne pain.

Le scandale des bacs à «pain jeté»

Au chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, une «ingénieuse trouvaille» a été mise en application, il s’agit de l’installation de bacs spéciaux pour pain jeté. Le summum de la sensibilisation et de l’éducation du consommateur ! Au moment où il s’impose de multiplier les campagnes pour freiner ce phénomène honteux du gaspillage de pain, on n’a rien trouvé de mieux que d’installer des bacs pour «jeter» le pain ! La honte du siècle. L’argent du contribuable est ainsi mis au service de l’incitation au gaspillage. Ce geste semble fait pour encourager le phénomène, plus que pour le combattre. La présence de ces bacs banalise l’acte de jeter le pain, et semble ne réprouver que le fait de ne pas le mettre «à la poubelle».Que n’a-t-on pas vu dans ce pays !

Les fruits et les légumes toujours plus chers

Au marché des fruits et des légumes, c’est tout bonnement le feu. Les prix sont hallucinants et donnent le vertige aux consommateurs. «Des prix pareils, c’est du jamais vu depuis longtemps. Quand le tubercule des pauvres atteint le pic des 80 DA le kilo, cela est inacceptable», a déploré un consommateur au marché de Tizi-Ouzou. En effet, aux marchés de Tizi-Ouzou, des Ouadhias et de Souk el Tenine, le constat est affligeant. On comprend vite que des pans entiers de la société sont malmenés. La pomme de terre, ce tubercule de large consommation se vend entre 70 et 80 DA le kilo. La carotte fait le même prix. La salade est cotée à 120 DA, la tomate fraiche à 80 DA, l’haricot vert à partir de 100 DA et la courgette à 70 DA. Pour ce qui est des fruits, le constat est pire. La Nectarine est affichée à partir de 250 DA, jusqu’à 400DA, selon le calibre et la qualité. Le raisin de saison est à partir de 180 DA et atteint même les 400 DA le kilo. La pomme locale fait entre 250 et 400 DA, la poire est à partir de 250 DA, et enfin la pastèque et le melon à 40 et à 80 DA. C’est comprendre que les ménages tous confondus sont malmenés par cette cherté qui s’installe dans la durée ! «L’année passée, avec 1000 DA on arrive à acheter un peu de tout. Maintenant, c’est le prix de 2 kilos de nectarine. Cette situation est intenable», nous dit un citoyen. En plus de la cherté des fruits et des légumes, les ménages devront aussi faire face aux frais de la rentrée scolaire. Dure, dure sera cette rentrée pour des millions de familles à travers le territoire national ! A cette situation, il faut ajouter la rareté du lait en sachet qui malmène les ménages et les contraint à acheter le lait en poudre qui ne coute pas moins de 400 DA le paquet. En somme le marché est dans tous ses états et risque de faire parler la rue dès la rentrée sociale et scolaire. Les services concernés sont appelés à trouver au plus vite les mécanismes efficients pour au moins limiter l’ampleur de ce chaos.

Hocine T.

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