Les ordres et réserves de Maâbed

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Le wali de Béjaïa, Ahmed Maâbed, a réservé sa première sortie officielle sur le terrain à l'inspection des travaux de réalisation de la pénétrante autoroutière.

Cette infrastructure relie, pour rappel, sur 100 km, le port de Béjaïa à l’autoroute Est-ouest au niveau d’Ahnif dans la wilaya Bouira. La visite a duré un peu plus de dix heures (de 8h jusqu’à 18h30), durant lesquelles M. Maâbed s’est enquis de tous les détailles inhérents à la réalisation de ce grand chantier routier. Elle aura, ainsi, permis de se faire une idée assez précise sur l’avancement des travaux et des difficultés que les entreprises rencontrent au quotidien. Le premier point d’arrêt a été celui d’Akhnaq, le PK48, à partir du port de Béjaïa qui est le PK0. Là s’aidant de panneaux explicatifs, les responsables de l’ANA (Agence nationale des autoroutes), ont donné au wali tous les renseignements concernant l’avancement des travaux de la pénétrante autoroutière et les problèmes rencontrés. Le wali a souligné dans une déclaration que sa visite avait pour objet de connaître les problèmes, d’aider les intervenants sur les plans administratifs, financiers ou autres pour qu’ils se concentrent uniquement sur leurs travaux techniques de réalisation de la pénétrante. Le premier problème soulevé a été celui de l’approvisionnement du chantier en agrégats. La seule carrière qui fonctionne dans la wilaya est celle de Toudja. Les matériaux qu’elle livre sont d’excellente qualité, reconnaissent les responsables de l’ANA, mais, regrettent-ils, «les habitants de la région s’opposent parfois au passage des camions de l’entreprise chinoise parce que, selon eux, ils soulèvent des poussières qui retombent sur les habitations.» Le wali a alors conseillé, à défaut d’avoir une route propre à l’entreprise, d’arroser les camions une fois chargés et d’arroser aussi une fois par jour la route avec un camion-citerne. Concernant les viaducs, le premier magistrat de la wilaya demande à l’entreprise chargée de leur réalisation de lancer, non pas un par un l’un derrière l’autre, mais tous en même temps pour gagner du temps. Entre Oued Ghir et le port de Béjaïa où le tracé de la pénétrante n’est pas encore arrêté de manière définitive, les responsables de l’ANA proposent de terminer l’autoroute, vu les difficultés du terrain par 2 fois 2 voies seulement. Ce à quoi le wali oppose un refus catégorique. Béjaïa, a-t-il souligné, «est une grande ville qui a une population active, qui dispose d’un grand port, d’un aéroport, de nombreuses usines agroalimentaires, il est hors de question qu’elle ne bénéficie pas d’une autoroute à 2 fois 3 voies.»

Les sempiternelles oppositions

Concernant les deux tunnels de Sidi-Aïch, ils sont réalisés à peu près à deux tiers chacun. Le creusement du «tube Est» qui est d’une longueur de 1 691 m est à 1 056 m, il reste donc 635 m à creuser alors que le «tube Ouest» qui est d’une longueur de 1 628 est creusé sur une longueur de 980 m, il est donc 648 m à creuser. La vitesse de creusement étant, selon les responsables de l’ADA, de 1 m à 1,5 m par jour, il faudrait quelque chose comme 14 mois pour terminer les deux tunnels. Pour ce qui est du problème épineux des oppositions des riverains, le wali a indiqué qu’il y a lieu d’indemniser à leur juste valeur les habitations qui se trouvent sur l’emprise de l’autoroute. Le montant de l’indemnisation doit permettre au citoyen expropriés d’acheter un terrain équivalent de reconstruire sa maison «et tant mieux pour lui s’il lui reste encore de quoi acheter quelques meubles». Le problème, signalent les responsables de l’ANA, est que certains citoyens, bien qu’ils aient reçu jusqu’au dernier centime le montant de leur indemnisation, refusent toujours de quitter les lieux. Cela est inadmissible, répond le wali, pour ces personnes, ajoute-t-il, il faudrait appliquer les dispositions de la loi. Dans le même esprit, il a enjoint aux responsables chinois de l’entreprise CRCC de s’approprier immédiatement, après indemnisation, toute l’emprise de l’autoroute. Cela évitera des problèmes avec les expropriés. À noter que le wali, durant sa visite, a parcouru tout le tracé de la pénétrante, c’est à dire depuis Akhnaq (PK48) jusqu’au port de Béjaïa (PK0) en s’arrêtant à chaque chantier pour examiner les pieux des viaducs, leur ferraillage… Il a aussi pénétré à l’intérieur des tunnels de Sidi-Aïch pour voir les ouvriers à l’ouvrage, comme il a également pris son temps pour discuter, en toute franchise, avec certains citoyens expropriés.

Le site des 15 000 logements inspecté

L’autre sortie de terrain du wali, qui revêt une importance capitale pour en finir avec les grands retards que connaît la wilaya depuis plusieurs mois, est celle effectuée au nouveau pôle Urbain Ighzer Azarif, dans la commune d’Oued Ghir. Le projet, dont la superficie est de 250 ha, «s’inscrit dans le cadre d’une politique urbaine et d’aménagement du territoire qui a pour objectif de répondre à un besoin d’étalement spatial du chef-lieu de wilaya et mettre un terme à l’extension permanente de la ville», est-il indiqué dans le communiqué final qui a sanctionné cette visite. Ce site va abriter un total de 15 000 logements repartis entre différents segments, dont 7 000 logements LPL et 9 100 AADL, avec des équipements publics. A l’issue de sa visite au pôle urbain d’Ighzer Azarif, Ahmed Maâbed a mis l’accent sur «la nécessité de viabiliser les logements et d’assurer un cadre de vie digne aux futurs occupants; il a instruit les directeurs de l’Urbanisme, Logement, Hydraulique, Energie et Gaz afin d’exprimer les besoins réels en matière de viabilisation des logements en précisant le montant des crédits nécessaires par catégoriel (Gaz, électricité, AEP, assainissement et voirie). Un dossier qui englobera toutes le fiches techniques qui concernent les travaux prévus, dont la réalisation des amenées d’électricité et Gaz, ainsi que pour les réseaux d’assainissement, sera transmis par Monsieur le wali aux ministères concernés afin de débloquer les enveloppes financières nécessaires», lit-on dans le même communiqué. Ahmed Maâbed a également instruit toutes les parties intervenantes sur ce chantier, afin d’«accorder la plus grande attention à la réalisation des équipements de drainage des eaux pluviales qui doivent être en mesure de faire face à la superficie du site, bassin versant et relief accidenté». Par ailleurs, poursuit-on, le wali a pris la décision de réserver des locaux au niveau de ce site pour abriter les différents services, tels que la santé, la poste, l’ADE, Sonelgaz et les services de sécurité, etc. «Le directeur du commerce a été instruit afin de recenser dès à présent les besoins en matière de commerce de proximité et prévoir une répartition planifiée et étudiée», précise-t-on, ajoutant que le wali a appelé les intervenants à privilégier les technologies LED et énergie solaire en matière d’éclairage public et de fonctionnement des équipements publics. Avant de clore sa visite, le chef de l’exécutif de wilaya a instruit tous les intervenants à l’effet de s’impliquer davantage dans le suivi et la gestion des projets de réalisation de logements à travers la wilaya, de manière à honorer les engagements pris envers la population.

B. Mouhoub / F. A. B.

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