Les directives d’Ahmed Ouyahia

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Le gouvernement s’attèle à de nouvelles réformes dans la gestion des dépenses publiques qu’il compte serrer davantage pour faire face à la crise financière.

Avant-hier, la rencontre Gouvernement-walis s’est achevée par la formulation de recommandations des quatre ateliers, dont la plus en vue est celle relative à la décentralisation de la gestion des affaires locales au profit des walis. Des propositions que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a promis, lors de son discours de clôture, de soumettre à examination en Conseils interministériels.

Pour Ahmed Ouyahia, l’urgence réside dans l’impérative rationalisation des dépenses publiques via le changement des comportements. «Nous devons donc rationaliser nos dépenses grâce à des réformes qui en cours de préparation et qui seront mises en place à un rythme supportable pour la société et sans casser la dynamique du développement».

Et de souligner que «certaines de ces réformes dépendent du seul comportement des administrations publiques centrales et locales.» Les directives du Premier ministre, qui risquent d’éclipser les recommandations des walis, s’inscrivent dans la droite ligne de la politique d’austérité adoptée par le gouvernement ces dernières années, pour freiner la déperdition de l’épargne publique. Et c’est ainsi qu’il enjoint les walis à inciter les entreprises qui contractent des marchés à baisser les prix : «Le prix du rond à béton a baissé. Mais les contrats des chantiers publics ne baissent pas. Cela doit changer car il s’agit de l’argent public.»

Plus encore, Ahmed Ouyahia a rappelé aux chefs d’exécutifs de wilayas le blocage de toute nouvelle inscription de programmes jusqu’en 2021, et que les opérations de dégel des projets déjà entamés ne seront pas automatiques, mais en fonction des «capacités financières disponibles.» De ce fait, Ouyahia a vivement recommandé aux walis de s’intéresser aux petits détails susceptibles d’apporter des solutions et du confort aux citoyens : «Visitez vos hôpitaux par exemple : souvent il ne leur manque que quelques équipements que nous devons allouer pour la satisfaction des citoyens. Aidez-nous à développer et à entretenir des réalisations locales peu coûteuses mais importantes pour les citoyens : des routes communales et de wilayas, des petites infrastructures sportives et culturelles, et autres.» pour le Premier ministre, le développement local, la justice sociale et la solidarité nationale doivent se traduire par l’intérêt que portent les représentants de l’Etat au niveau local, aux quartiers, cités et villages.

Rappelant de ce fait la consistance de la dotation financière dans la loi de Finances 2019 au profit des PCD, qui passent de 60 à 100 milliards de dinars : «Nous sommes prêts à faire plus, y compris au titre des programmes sectoriels, pour améliorer le quotidien des citoyens dans les quartiers et dans les villages», rassure-t-il, et d’expliquer que «le développement ne doit pas être concentré dans les chefs-lieux et sur les grands axes uniquement.» L’attention particulière et soutenue a été en direction des wilayas des Hauts plateaux et du Grand Sud qui, selon Ouyahia, bénéficient désormais de plus d’argent public.

Réinventer les ZI et les ZET

Longtemps prises dans l’étau de l’inaction, les zones industrielles et les zones d’expansion touristiques reviennent au devant de l’intérêt du gouvernement par l’annonce de la réception, durant l’année prochaine, de 50 nouvelles zones industrielles à travers le pays, dont la dotation est chiffrée à 100 milliards de dinars, ainsi que la mise à niveau de plus d’une centaine de Zones d’expansion touristique à travers toutes les wilayas.

Chose nouvelle pour les walis, la décision de leur transférer le pouvoir décisionnel leur permettant de traiter des dossiers d’investissement inférieur à 10 milliards de dinars, ce qui était jusque-là du seul ressort des départements ministériels. Aussi, les walis ont «la pleine autorité sur l’investissement et la mise en valeur dans le domaine de l’agriculture», dira encore Ouyahia. Pour se faire, le Premier ministre a recommandé aux walis de faire du marketing du territorial pour attirer les investisseurs.

«La création de richesses et d’emplois est désormais aussi importante que la seule satisfaction de la demande sociale en logements et autres commodités. Je dirai même que c’est la création de plus de richesses, dans toutes les wilayas, qui permettra au pays d’assurer la poursuite de sa généreuse politique sociale», a-t-il soutenu.

M. A. Temmar.

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