Le prince héritier attendu aujourd’hui à Alger

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C’est un MBS revigoré par l’accueil qui lui a été réservé par les chefs d’Etats membres du G20 à Buenos Aires, en Argentine, qui fera escale aujourd’hui à Alger pour une visite de deux jours. Le prince héritier du trône saoudien, Mohamed Ben-Salman, a décidé de faire de son escale algéroise, dans le cadre d’une grande tournée entamée début novembre dans plusieurs pays, une grande halte de 48 heures où il devra rencontrer plusieurs hauts responsables de l’Etat. Annoncé initialement pour jeudi prochain et pour une visite d’une seule journée, comme il l’a fait dans la quasi-totalité des capitales arabes qu’il a visitées, MBS a donc décidé de prolonger son séjour, le premier de son histoire, à Alger. Les contours exacts de cette visite ne sont, néanmoins, pas communiqués. À Alger, le prince héritier des Al-Saoud aura certainement à évoquer plusieurs sujets avec les hauts responsables de l’Etat, notamment ceux ayant trait à la situation du marché pétrolier, mais aussi de l’Iran, pays réfractaire avec Riyad, mais avec lequel Alger entretient des relations diplomatiques correctes. La volatilité des prix du baril, induite par de sérieuses perturbation du marché mondial, a contraint l’Arabie saoudite a annoncé, le 11 novembre dernier, sa décision de réduire ses exportations du pétrole d’un demi-million de baril pour la livraison de ce mois-ci. Une annonce qui n’a pas contribué à apaiser la nervosité des marchés et amortir la dégringolade des prix, à tel point que l’or noir s’échangeait cette semaine à moins de 60$. C’est dans cette optique qu’il est envisagé d’aborder cette question entre le prince héritier et les autorités algériennes, à la veille du conclave très attendu des membres de l’OPEP et non membres du cartel à Viennes, demain. Une réunion où il sera notamment question de la signature d’une charte de coopération entre les membres OPEP et non-OPEP, dont les clauses n’ont pas été communiquées. Sur un autre plan, la visite controversée de Mohamed Ben-Salman à Alger sera l’occasion d’aborder les questions liées à la situation au Proche et Moyen-Orient, ainsi qu’au Golf persique. La guerre au Yémen qui tue plusieurs centaines d’enfants par semaine, mettant en belligérance les deux puissances pétrolières de la région, l’Arabie saoudite et l’Iran en l’occurrence, sera assurément au cœur des discussions avec l’hôte d’Alger. Certes, Alger n’attend pas d’être «subventionné» par les pétrodollars comme fut le cas pour la Tunisie qui a bénéficié d’un don de 500 millions de dollars, et où la visite de MBS a été écourtée à deux heures sous l’effet de la pression de la rue, autant qu’elle espère maintenir le ralliement de Riyad à la stratégie de limitation des quotas d’exportation du pétrole. D’autant plus, au rythme de la dégringolade des prix, l’Algérie aggrave son avenir surtout que la loi de finances fut adoptée selon le prix référentiel de 50$, soit à seulement 8 dollars de moins que son prix actuel à l’international. Hier dans l’après-midi, si rien n’indiquait officiellement la venue du prince héritier, plusieurs milieux hostiles à cette visite ont manifesté leur rebuffade à celui qu’ils qualifient de «tueur de journaliste», allusion à l’affaire de l’assassinat de Kamal Khashoggi, le 2 octobre dernier, dans le consulat saoudien à Istanbul et dont MBS est soupçonné d’en être l’ordonnateur.

M. A. T

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