Les raisons d’un retard qui n’en finit pas ?

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Le projet du grand stade de 50 000 places de la wilaya de Tizi-Ouzou sera réceptionné dans les délais (revus), voire avant. à entendre par là au plus tard fin mars 2019.

Voilà une nouvelle qui, sans nul doute, fera plaisir au club phare de la Kabylie, la JSK appelée à y être domiciliée, et à ses nombreux fans ! La réception du projet du grand stade de Tizi-Ouzou tant attendu, se fera donc, au plus tard, le mois de mars prochain. C’est du moins ce qu’assure le directeur de la jeunesse et des sports local, Dahmane Iltache. «Si tout va bien, la réception du stade se fera dans trois mois, au plus. On fait en sorte de réduire encore ce délai, mais on est sûrs, et à l’aise, pour le mois de mars», affirme-t-il en assurant : «La JSK va jouer la saison prochaine dans ce stade et pourra même y jouer les derniers matchs de la saison si elle le veut, sinon, elle peut inaugurer le stade avec un match gala». L’optimisme du responsable est justifié par «la disponibilité de l’argent». Pour rappel, lors de la dernière visite du wali au chantier, l’entreprise ETRHB s’est engagée pour le mois de mars, un engagement qu’elle a conditionné par «la situation financière». Le wali, ce jour-là avait accordé jusqu’au début de la saison sportive pour remettre le stade. Le DJS rassure sur la situation financière: «Grâce à l’intervention du wali et du ministre, nous avons pu arracher les deux milliards de révision qui étaient en blocage. On avait espéré les avoir aux mois de juin ou juillet derniers pour que l’ETRHB engage les lignes de crédits pour tout ce qui est équipement, mais on n’a reçu cet argent que la semaine dernière, et là on est en train d’engager toute la procédure. La ligne de crédit sera normalement ouverte la semaine prochaine et à partir de là les équipements pourront être importés. Ça prendra peut-être deux à trois mois, avec le transport et le dédouanement».

Le DTAP, le contrôleur financier et le trésorier de wilaya interpellés !

Ceci dit, le DJS n’a pas caché son inquiétude quant à la lenteur de la procédure et les contraintes bureaucratiques, notamment au niveau du contrôleur financier et du trésorier de wilaya. Cette lenteur, selon lui, pourra entraver l’avancement des travaux à la cadence souhaitée. A cet effet, il a exhorté tous les intervenants dans le processus à considérer ce projet comme une priorité : «Quand on positionne ce projet du stade comme une priorité ou un grand projet dans la wilaya, il faut aussi que tous les intervenants le considèrent ainsi», souligne-t-il, «à commencer par le DTAP, le contrôleur financier et le trésorier de wilaya. Si on dépose aujourd’hui une facture de deux cent milliards de centimes, elle ne doit pas être considérée au même titre que celle d’une maison de jeunes de 800 millions de centimes. Il faut savoir juger des priorités pour avancer.» Le DJS explique encore: «Au mois de janvier, on ne pourra pas payer les entreprises, à cause du contrôleur financier et du trésorier qui doivent faire leur bilan. Quelque trois mois pour ouvrir les crédits ! L’entreprise sera pénalisée pendant trois mois parce que le CF et le trésorier font leur bilan ! Il faut qu’ils nous passent cette facture en priorité pour que les entreprises soient payées en janvier», insiste-t-il. «C’est un grand projet que tout le monde devrait considérer comme tel», précise le DJS.

Choisir une autre entreprise pour le gazon et la piste

«L’enveloppe financière accordée au projet», explique le DJS, «va servir à l’importation de l’équipement». «Tout ce qui est construction est achevé, les routes sont faites, les bordures, la charpente, les trottoirs, l’éclairage des parkings et du grand stade aussi. Les gradins sont achevés, la peinture en cours et la faïence est déjà faite», détaille-il. Pour ce qui reste à faire, M. Iltache parle de «quelques équipements tels que les points de contrôle d’accès et les caméras, la résine de sol, les panneaux de signalisation et d’affichage, la boiserie, la robinetterie…» Pour le gazon naturel et la piste d’athlétisme, la DJS doit choisir une autre entreprise que celle retenue au départ, pour «gagner du temps». En effet, cette dernière, d’après le DJS, travaille au nouveau stade d’Oran et ne pourra être disponible au moment voulu. Concernant les travaux de façade, notre interlocuteur fera savoir qu’ «ils sont très avancés». «Avant-hier, on a commencé à faire la vitrerie pour le mur rideau». Pour le reste du projet, le stade d’athlétisme est terminé, il reste la pose du gazon qui se fera en parallèle avec le grand stade. Il sera prêt avant le stade de football, a-t-on appris.

Retour sur les causes du retard

Le projet du stade a été inscrit en 2005. L’étude a été achevée en 2010. L’ETRHB Haddad et FCC, une entreprise espagnole, ont été retenues dans un premier temps pour la réalisation dans un délai contractuel de 30 mois. Le DJS revient sur les causes du retard accusé dans la réalisation de ce projet et explique les différentes contraintes auxquelles ont été confrontés les entreprises et le maître d’ouvrage. «En 2010, ils n’ont travaillé qu’une dizaine de jours avant d’être arrêtés à cause des plans non visés par le CTC, ce qui avait coûté son poste au directeur du CTC. Pour régler ce problème, il a fallu plus d’une année, jusqu’à fin 2011», note-t-il. «Le véritable démarrage des travaux remonte, donc, à la fin 2011 avec les deux entreprises. En 2014, il y eut un problème entre les deux entreprises. L’entreprise espagnole avait demandé la prise en charge de tout ce qui est mobilisation de ses engins : le payement des Espagnols pour plus d’une année et demie. Se disant perdants et n’ayant pas trouvé de solution, il eut séparation. Ils ont été libérés à la condition que l’ETRHB prenne la suite des travaux avec les mêmes garanties», explique le DJS. «On a aussi conditionné cela par la prise en charge des travaux par une autre entreprise spécialisée dans la réalisation des stades. L’ETRHB nous avait alors proposé l’entreprise turque MAPA qui a de l’expérience dans le domaine, d’autant que le directeur du projet avait déjà réalisé un stade couvert, au mécanisme électronique», souligne-t-il, en regrettant la perte d’une année (2014) pour la résiliation et le choix de l’entreprise. En 2015, les travaux ont donc repris avant de s’arrêter encore en 2017 pour défaut de crédits de payement. L’indisponibilité des crédits de payement, déclare le DJS, «a bloqué l’entreprise pendant une année. Cette situation a engendré le non payement de l’entreprise durant toute une année». «Le montant était très important. Ce qui a empêché l’entreprise de travailler, perdant ainsi l’année 2017. Cela dit, les difficultés financières à ce moment là ne concernaient pas que Tizi-Ouzou, mais toute l’Algérie», dédramatise le DJS. Pour les retards accusés durant l’année en cours, le contrôleur financier est sévèrement pointé du doigt. «En 2018, après la sortie de crise, il y eut changement de procédure du contrôleur financier auquel il fallait s’adapter. Il a pris 7 mois pour libérer les payements. De janvier à fin juillet 2018, nous n’avons pas encore payé l’entreprise. En janvier, on a payé le retard accumulé pendant 2017, mais en 2018, nous n’avons payé que depuis le mois d’août. L’entreprise a, donc, travaillé avec ses propres moyens», explique-t-il, comme pour ne pas exclure un éventuel nouvel arrêt des travaux…

Kamela Haddoum.

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