A l’Est comme à l’Ouest, rien de nouveau

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La vocation de notre wilaya se décline en termes de région touristique. Cent kilomètres d’un côte magnifique, des paysages à couper le souffle ne peuvent que plaider en faveur d’un tourisme balnéaire saisonnier. C’est péremptoire et définitif, car ainsi l’ont décrété une bonne fois pour toutes nos décideurs pour qui il suffit de quelques arpents de plage, de quelques hôtels, de marchands de tout et de rien, une gamme extensible à l’infini puisque cela va du soleil au sommeil, du sandwich rachitique et huileux à la boisson chaude, du pédalo brinquebalant à la virée en mer dans une barquasse de tous les dangers. Le tout ponctué, dès début septembre, la saison est bien courte chez nous, par des péroraisons triomphalistes mettant en relief des chiffres à plusieurs zéros de baigneurs reçus. C’est peut-être pudiquement que l’on n’ose pas parler de touristes ! En fait, il y en a pas, ou très peu…A une journée de l’ouverture officielle de la saison estivale 2006, prévue cette année à Saket, côte Ouest, les APC investies relativement tôt de la tâche de nettoyage des plages et dans l’installation des commodités basiques ont fait si peu qu’il est inutile d’en parler. Les plans TUP-HIMO, loin pourtant de constituer la panacée, permettaient tout de même de débarrasser le sable du gros des détritus accumulés 10 mois durant, ne sont pas reconduits cette année. Et en l’absence d’outils mécanisés, l’on se demande bien comment faire pour rendre une propreté minimum à ces espaces sablonneux bien mis à mal par la conjonction de facteurs humains et marins ! Certains parlent déjà de catastrophe. Les lacunes et les priorités de ce secteur porteur ont été passés en revue lors d’une réunion qui a regroupé la CAP, le P/APW, les directeurs de l’exécutif concernés ainsi que les représentants de la profession. Gageons que les recommandations forts pertinentes des uns et les promesses des autres resteront à l’état de vœux pieux tant la vocation de la région épouse des contours flous. Un peu comme si la configuration dans laquelle on tient à enfermer la région se suffit de descriptions éculées à force d’iteractivité…La direction du tourisme fait ce qu’elle peut, réalisant parfois de véritables prouesses en tentant, à travers de nombreuses sorties sur le terrain de dresser un état objectif des lieux qui, cette année, n’incite guère à l’optimisme. La sonnette d’alarme maintes fois tirées, les mises en garde quant à l’abandon d’un secteur qui reste à développr n’y font rien car la médiocrité, la pollution, l’absence de culture tournée vers autrui, l’inertie, l’absence totale de la communication pour mettre sur le marché le produit béjaoui, persistent. Et dire que certains pays pas très loin, affichent des chiffres qui nous donnent le tournis…Quoi qu’il en soit, les 29 plages ouvertes l’année dernière seront reconduites cette année avec même une proposition d’ouverture de quatre autres, à l’Est comme à l’Ouest. L’autorisation reste suspendue à l’affectation des postes de secours, de sauveteurs.La direction du tourisme, au lendemain de l’ouverture officielle de la saison procédera à l’inspection des lieux de camping, avant les premières arrivées des campeurs.Quant au système de concession des plages, annoncé il y a peu, il semblerait que le cahier des charges n’est pas encore prêt. Le temps pour les futurs exploitants de s’imprégner des idées maîtresses de ce document, d’acquérir les matériels spécifiques nécessaires à la bonne marche de leur concession, et ce sera probablement la fin de l’été. Pour les concessions, raisonnablement, il faudra attendre 2007 !Bgayet, malgré la flopée de réserves émises sur l’hygiène approximative de ses stations balnéaires, la flambée des prix, les rapports biaisés avec les estivants basés exclusivement sur le profit exagéré et des prestations facturées à la tête du client, fera le plein sur au moins 45 jours. C’est peu. C’est beaucoup ! Les émigrés, comme de coutume seront là avec leur touche d’exotisme (on n’a pas toujours l’exotisme que l’on veut !) avec leur accent chantant dont on se demande quel lien il peut encore avoir avec le Français et leur côté déluré, par soucieux des convenances et de la “Hchouma”. Poseidon ne manquera pas, comme il le fait depuis des lustres, de prélever sa dîme en vies humaines. Et Vulcain lâchera le feu de ses dontesques forges pour dévorer des hectares de forêts. Seule note gaie, Cupidon décochera à coup sûr plusieurs milliers de douces flèches qui feront mouche à tous les coups avec au bout promesses d’attachement éternel, fiançailles sur le champ, mariages…A Béjaïa, on n’est certes pas prêts. Et seuls les éternels optimistes disent qu’elle le sera et à temps ! Comme l’année dernière, comme il y a 10 ans. Il suffit en fait de ne pas être trop regardant.

Mustapha Ramdani

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