Quinze prévenus au banc des accusés

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Le tribunal criminel de Tizi Ouzou examine le dossier de détournement d’un milliard effectué dans les postes de Draâ Ben Khedda et de Tizi Ouzou, à la fin de l’année 2004.Cette affaire qui a défrayé la chronique a débouché après une enquête menée par le parquet et des experts envoyés par la direction générale des postes et télécommunications sur l’accusation de quinze personnes, dont l’accusée principale H.M âgée de 30 ans et C.B. opératrice à l’agence postale de Tizi Ouzou, ayant le même age. L’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation du 8 août 2005, indique qu’un transfert fictif d’une somme d’un milliard de centimes a été signalé par le receveur principal de l’agence postale de Tizi Ouzou, en déposant une plainte contre X.Après avoir effectué une enquête interne, la police a détecté le serveur où l’opération du versement a été effectuée ainsi que le numéro du chèque du bénéficiaire.Selon le rapport de la chambre d’accusation l’appareil était sous la responsabilité de l’opératrice C.B, le 18/09/2004 aux environs de 17h. Une fois le virement effectué par la guichetière, l’accusé principal a demandé l’aide de A.A, un agent des P et T exerçant à Draâ Ben Khedda, lequel, selon le document de la chambre d’accusation, a facilité l’opération du retrait en intervenant auprès de ses collègues dans cette agence. Il indique encore qu’un premier retrait d’une somme qui s’élève à 200 millions de centimes a été fait le 20/9/2004 à Draâ Ben Khedda. Un second retrait de 600 millions de centimes a eu lieu le même jour dans l’agence postale de Tizi Ouzou, alors que la troisième opération de retrait a été effectuée le lendemain à l’agence postale de Draâ Ben Khedda.Selon le même document, l’auteur principal a reconnu les faits qui lui sont reprochés.Devant le juge d’instruction, il a déclaré qu’il a appelé sa complice C.B pour alimenter son compte. Il a ensuite contacté ses trois amis A. H, B.H, et A.A pour l’aider à retirer la somme. Juste après le coup, le prévenu principal dans cette affaire a tenté de quitter le territoire national, via les frontières marocaines, mais il a été agressé par des inconnus qui lui ont subtilisé le pactole. A Tiaret, il a déclaré qu’il a rencontré deux autres personnes à savoir M.B. et R.M., qui figurent au banc des accusés.Appelé à la barre, lors de l’audience d’hier, M.H., le présumé auteur principal, a developpé une autre version des faits, en se faisant passer même pour une victime dans cette affaire qui a bouleversé le secteur des Télécommunications à Tizi Ouzou.Il dira qu’il a été induit en erreur par des amis, dont il a fait la connaissance dans un camping au bord de la mer. “M. le Président, ils (A.H,B.H et R.M) se sont fait passer pour des commerçants ; ils m’ont fait savoir qu’ils avaient vendu du matériel et des engins, mais qu’ils ne disposent pas d’un compte courant pour recevoir la somme de la marchandise vendu. Et je n’ai fait naïvement qu’accepter.” Et d’ajouter : “Juste après le retrait de la première somme, A.H. m’a donné 3 millions de centimes pour service rendu, et une même somme à A.A pour la transmettre à un receveur principal.” “C’est toi, qui as signé le chèque ?”, interroge le juge, «oui», répond-il “mon carnet de chèques est toujours chez A.H, ils m’ont fait croire qu’ils étaient des revendeurs.”Avant de revenir à la charge et demander si l’auteur principal connaît sa complice, une question à laquelle le prévenu a répondu par la négative.A ce moment-là, la défense est intervenue pour demander le report du procès. Une demande rejetée par le président de l’audience, arguant que la défense aurait dû faire cette demande avant l’entame du procès.La présumée complice a également nié toutes les charges maintenues contre elle. “M. le Président je n’ai pas fait ce versement fictif, et je ne connais pas M.H.”, dira t-elle. Devant l’insistance du représentant du ministère public, la prévenue a déclaré qu’elle a confondu entre l’accusé principal et son jeune frère lorsqu’elle a accepté de faire la demande du nouvel avoir.Et de sangloter “comment voulez-vous que je fasse l’opération du versement au compte alors qu’il n’y a que le serveur principal qui est destiné à ce genre d’opérations ? Par-dessus le marché, je n’ai à aucun moment quitté mon poste, puisque j’étais seule au guichet ce jour-là.”Le rapport d’expertise, selon le procureur général, indique que le mot de passe du serveur était à la portée de tout le monde, “ce qui a permis à la guichetière de saisir,sur un moment d’inattention de ses collègues, pour commettre l’acte”, indique t-il.Ce procès où comparaîtront quinze prévenus et six témoins, se poursuit toujours au tribunal criminel, au moment où nous mettons sous presse. De nouvelles révélations risquent de surprendre plus d’un.

M.Ait Frawsen

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