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Coup de théâtre à l’APC Tizi Ouzou

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Samedi, en fin de l’après-midi, la réunion des représentants des citoyens de la ville des Genêts a tourné court suite à un coup de théâtre orchestré par trois élus signataires de la demande de l’AG extraordinaire. Ces derniers ont opéré un revirement de position, à la faveur de l’exécutif, faisant basculant et ainsi le poids de la majorité vers le camp du maire. L’opposition compte mener une action, en référé, devant la chambre administrative contre le président pour «piétinement de l’article 15 du code communal».L’assemblée extraordinaire devant traiter du dysfonctionnement de l’exécutif municipal de Tizi Ouzou, à laquelle ont appelé 13 élus sur les 23 qui y siègent, a donc tourné au fiasco. Le rapport de force entre les coalitions partisanes, au sein de l’assemblée communale de Tizi-Ouzou, a été ainsi déstabilisé suite à la démarcation de trois élus, dont le 1er vice-président (FFS), Si Salah, des griefs qu’ils ont énumérés à l’encontre du maire et de son exécutif dans la lettre qu’ils ont signée le 2 juillet dernier. Lors de l’ouverture de la séance, le maire, Rezki Bensalem, a choisi de proposer l’ordre du jour, portant sur «dysfonctionnement de l’exécutif communal» au vote des élus présents, provoquant ainsi le mécontentement des membres formant l’opposition. Ceux-ci ont vite fait de monter au créneau, dénonçant le vice de forme et «volonté de piétiner l’article 15 du code communal».Une dizaine de minutes s’égrainent alors dans un tohu-bohu autour de l’interprétation du code de la commune, sans que le maire ne bronche sur les lectures juridiques et administratives des uns et des autres, faisant ainsi l’impasse sur le seul point inscrit à l’ordre du jour. L’exécutif, fort par les trois élus qui ont grossi son camp, ferme la séance en un quart de seconde, pour abandonner les «opposants» à leur faim. Les élus se retirent pour échanger les accusations. N’ayant pas pu s’affronter en assemblée, les deux groupes belligérants ont improvisé deux points de presse via lesquelles des échanges d’accusations et des reproches ont fusé à profusion. L’opposition, constituée désormais des élus RCD et FLN, après le retrait de ceux du RND et celui du FFS, a été la première à s’adresser aux journalistes présents sur place. Elle a déclaré ainsi son «intransigeance à réclamer des explications sur le dysfonctionnement caractérisant l’exécutif».«Nous continuerons à réclamer des comptes sur la gestion de notre municipalité. Jamais le point relatif au développement de la commune n’a été évoqué lors de nos réunions, nous défions le maire de présenter les procès-verbaux de réunions qui se sont tenus depuis huit mois», a déclaré en substance un élu du RCD. Le groupe formant la minorité opposante s’interroge également sur la non-installation, à ce jour, d’un conseil consultatif communal, comme promis par le maire lors de la désignation des vice-présidents. En sus des griefs retenus contre l’exécutif dans la demande remise au président de l’APC le 2 juillet dernier (voir notre livraison du 8 juillet, les auteurs du deal FLN-RCD accusent aussi l’exécutif dans sa lenteur à préparer le budget supplémentaire (BS), alors que la date de clôture est dépassée, ainsi que son incapacité de déposer le compte administratif auprès de la cour des comptes. Celui-ci, selon les conférenciers, devait être déposé au plus tard le 15 juin dernier. Et comme pour acculer le 1er vice-président, Mustapha Si Salah, pour avoir «changé de veste», le groupe opposant a brandi un document de mise en demeure adressé par lui-même au maire, portant sur l’établissement de la liste du filet social (IAIG). Une manière pour démontrer «à quel point cet élu souffle le chaud et le froid», ont-ils dit. Le document en question qui porte le n° 4617 du 11 juin 2006, indique que «l’établissement de la liste du filet social (IAIG) n’a pas fait l’objet d’étude au niveau de la commission sociale». Pis, son auteur accuse ouvertement un élu, membre du groupe soutenant l’exécutif, d’opacité dans la confection de cette liste : «La liste a été établie dans l’opacité totale par M. Bouaraba et le DASCS (directeur de l’action sociale et du service social), de l’APC de Tizi-Ouzou». Pire, puisque le 1er vice-président accuse également, en des termes plus voilés, le maire d’avoir consenti à cette opération : «Cette opération qui s’est déroulée avec votre consentement a engendré des injustices quant aux bénéficiaires des contrats, et ce, au détriment des cas réellement sociaux (associations des handicapés et autres…)». Des déclarations qui furent niées en bloc par les membres de l’exécutif ayant aussi improvisé un point de presse dans le bureau du président. Ceux-ci, tout en reconnaissant l’existence de failles et d’un dysfonctionnement en leur sein, estiment, par ailleurs, que «l’opposition manque de courage politique pour affronter les citoyens et participer à la gestion de la cité». M. Bensalem met, de son côté, au défi l’ensemble des élus RCD et FLN à participer dans la gestion : «Depuis l’installation de l’assemblée communale, le RCD a refusé de participer à la gestion avant qu’il ne soit rejoint par le FLN», a tenu à préciser le maire. Celui-ci enchaîne en disant que «depuis l’arrivée du nouveau wali, des projets ont été attribués à la municipalité sans que personne ne daigne mettre pour leur concrétisation en dépit de mon SOS lancé en leur direction». Mais les déclarations du maire seront grillées de facto par l’intervention du 4e vice-président alors qu’il tentait d’approuver ce que son président a déclaré. «Les élus n’ont pas à s’immiscer dans le travail de l’exécutif», dira maladroitement M. Amokrane, membre de la commission des finances. M. Debiane, élu indépendant, contre lequel la fronde est organisée, se défend contre les accusations portées contre lui, avant d’étaler les réalisations opérées par l’exécutif dont il fait partie. «Nous avons réussi à engranger à la trésorerie communale, pour les deux ans à venir, plus de 4 milliards de centimes de l’adjudication du marché de véhicules et à bestiaux alors qu’en 2005, la recette n’était que de1,5 milliard de centimes».Le revirement de position des trois élus a été expliqué via une déclaration remise à la presse avant même l’ouverture de la réunion -avortée- dans laquelle il a fait état des raisons les ayant poussés à changer de camp. «Des élus de notre assemblée viennent d’interpeller le président, à l’effet de convoquer une séance extraordinaire en se basant sur l’article 15 de la loi 90/08 du 07 avril 1990 relative à la commune (…) Malheureusement les élus FLN, RCD, formant un groupe minoritaire de neuf élus se sont permis à l’insu des autres camarades de donner une autre orientation et une autre dimension à la demande adressée au président en date du 2 juillet 2006», est-il écrit dans le document. Les rédacteurs contestent, en effet, le fait que la dissension au sein de leur assemblée soit rendue publique via la presse. «Il n’a jamais été question entre les signataires de la demande de jouer avec la stabilité de l’assemblée et par la même occasion faire croire à la population l’existence de dissensions entre les membres de l’exécutif pouvant entraîner le blocage de notre commune», poursuivent-ils. Quant aux raisons du revirement étalées par le 1er vice-président, qui s’est adonné à une déclaration face aux journalistes, son inspiration a été en parfaite contradiction avec le document qu’il a signé le 2 juillet dernier.

M.A.T

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