“J’en appelle à votre conscience”

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Le constat a été fait, hier lors de l’ouverture officielle de l’année judiciaire, par le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui n’a pas caché sa déception de voir l’image de la justice rester en l’état malgré les efforts fournis par les pouvoirs publics dans ce sens depuis au moins cinq années.Pour arriver à ce constat, le chef de l’Etat a posé des questions auxquelles lui-même n’a pas trouvé de réponse. Ces interrogations, dit le Président, sont certainement celles des citoyens.“Pourquoi le secteur de la justice reste-t-il incapable de tenir les engagements attendus de lui par la société en terme d’efficacité et de crédibilité, malgré les énormes moyens qui lui sont accordés par l’Etat ? Pourquoi est-ce que la justice est-elle incapable d’éradiquer la prolifération de la criminalité ? (…) pourquoi l’image de la justice reste ternie aux yeux de la majorité des citoyens ?”, s’interroge Abdelaziz Bouteflika dans une série de questions avant d’en appeler à la conscience des magistrats, seuls à ses yeux, capables de protéger les citoyens de tout dépassement.“Il faut avant tout réformer la mentalité et le comportement du juge envers les justiciables de sorte que ces derniers changent de regard par rapport à la justice de leur pays (…) Il est indiqué au juge de s’armer, en permanence, de vigilance, d’esprit de responsabilité et de capacité d’adaptation avec la réalité”, assène le chef de l’Etat qui appelle d’autres responsables à accompagner le juge dans sa mission, à commencer par les fonctionnaires de justice qui doivent, selon lui, se distinguer, par “un comportement exemplaire”.En plus de l’image de la justice, le président Bouteflika a stigmatisé les retards dans le traitement des affaires qui arrivent devant les tribunaux. Il qualifie de « fléau de retard» cette situation, notamment au niveau de la Cour suprême. Sur un autre registre, Abdelaziz Bouteflika affiche son regret de voir la création de l’observatoire national de lutte contre la corruption retardée. “Il est regrettable que les dispositions portant la création de l’observatoire national de prévention et de lutte contre la corruption ne soient pas appliquées”, a-t-il dit avant de rappeler que ladite loi a été promulguée en février dernier sans qu’elle ne soit mise en pratique. C’est pour cela qu’il appelle le gouvernement à mettre en place le décret de création de cette institution.Attendu sur le dossier de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, le président de la République, qui a abordé le sujet, n’a pas répondu aux questions essentielles qui se sont imposées sur la scène nationale ces derniers mois, notamment le bilan de cette démarche.Bouteflika a cependant rappelé que la réconciliation nationale a permis à l’Algérie de retrouver sa sérénité, non sans rendre un hommage appuyé à l’armée, les services de sécurité et toutes les victimes du terrorisme, notamment les intellectuels et les journalistes.Il a réaffirmé la volonté de l’Etat à combattre le terrorisme, notamment ceux qui refusent de se rendre. A ceux qui l’accusent de fermer le champ politique et de restreindre les libertés, le Président Bouteflika dira, qu’il “serait injuste de nier que la pratique démocratique s’est élargie dans notre pays à des limites sans précédent, et que la presse est libre, la justice est indépendante, l’économie se libère et se développe (…)”.

Ali Boukhlef

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