Tiraillements au sein du FLN

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La course vers le fauteuil de sénateur a bien commencé au FLN, la formation qui domine actuellement la chambre basse du Parlement et la majorité des assemblées locales, dont l’intérêt qu’elles suscitent pour les prochaines sénatoriales.

Selon des sources proches du vieux parti, la direction nationale de ce dernier aurait émis des instructions verbales pour éliminer de la course vers le Sénat les sénateurs dont le mandat arrive à expiration. Cette attitude de la direction de l’ex-parti unique ne fait pas l’unanimité parmi ses élus, ce qui explique le retard enregistré dans l’installation de ses instances de base. Un nouveau facteur de blocage, bien entendu, qui complique encore la mission de Belkhadem en butte aux récurrentes répercussions de la crise du FLN héritée de l’ère Benflis.

Les nouvelles directives du SG du FLN, pour parachever l’opération d’installation des mouhafadhate avant la fin du mois d’octobre, excepté celles des wilayates du Sud, a ressuscité l’intérêt pour le poste de mouhafedh, occulté de fait après l’adoption de la Constitution de 1990. C’est ce qui explique les tiraillements que connaissent la quasi-totalité des mouhafadhate du vieux parti, à l’image de la wilaya d’Oran, où siègent trois bureaux de mouhafadha.

L’ex-parti unique, qui aspire à un contrôle quasi exclusif de la vie politique du pays, envisage de transformer sa position dominante au sein des collectivités locales, en rampe de lancement pour contrôler les deux-tiers de la chambre haute du Parlement. Cette ambition se trouve contrariée par la crise qui déchire sa base depuis la cacophonie engendrée par le 8ème congrès, et la difficulté que connaissent les APC à majorité FLN.

Le bilan du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales fait état déjà de 612 présidents d’APC en butte à des affaires judiciaires, se rapportant à la gestion des deniers publics. Le ministère de l’Intérieur avance le nombre de 1 174 élus poursuivis par la justice pour des affaires liées au foncier, la passation des marchés publics et la gestion des programmes locaux. Déjà, 375 présidents d’APC se sont vu inculpés officiellement. Le défilé de cette kyrielle d’élus locaux devant la justice donne un avant-goût de la situation catastrophique qui prévaut au sein des collectivités locales, ce qui promet en conséquence une bataille rangée avec son lot de révélations au sein de l’ex-parti unique, pour les sénatoriales qui auront lieu avant la fin du mois de décembre. Les « ex-redresseurs » de Albdelaziz Belkhadem qui n’ont que peu d’échos au sein des assemblées locales, n’ont pas d’espoir pour contrôler les instances locales du vieux parti, une bataille qu’ils ont de fait perdue lors du congrès dit « unificateur ».

La situation n’est pas meilleure au sein de la formation islamiste de Soltani. Un mouvement de fronde initié par les députés a failli remettre sur le tapis la crise du HMS, suscitée par la disparition de Nahnah. Soltani a été accusé de vouloir coopter ses proches pour les prochaines joutes électorales, en tentant d’éliminer les actuels députés de la course. Même si sur le volet des sénatoriales, le HMS ne peut aspirer qu’à un rôle de figurant.

La véritable menace pour la formation de Belkhadem vient du parti qui dispose actuellement de la majorité au sein du Sénat. Le Dauphin de l’ex-parti unique tente de contenir les contestataires de la ligne d’Ouyahia, qui au demeurant ont été exclus des instances dirigeantes du parti. La direction du RND qui a sanctionné sa réunion de dimanche passé par un communiqué condamnant les derniers actes terroristes, n’a pas glissé une seule indication en rapport aux questions organiques, qui constituent le véritable ordre du jour de cette réunion. Même si les élus de la formation d’Ouyahia se livrent habituellement des batailles rangées pour les sénatoriales, où la discipline partisane s’avère souvent un vœu pieu, il n’en demeure pas moins que la crise qui frappe la majorité des assemblées locales contrôlées par le vieux parti, rend le dauphin plus concurrent pour les sénatoriales de décembre.

Hadj Bouziane

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