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L’alcool-test de Soltani

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C’est au tour des dissidents du mouvement islamiste d’El Islah de s’exprimer, par la voix de leur porte-parole, Benabdeslam, sur le pavé lancé par le groupe parlementaire du HMS, qui tente de relancer le débat dans l’hémicycle de Amar Saâdani, sur la loi avortée de l’interdiction de l’importation des alcools avec une nouveauté cette fois-ci, celle d’un projet de loi interdisant également leur production et même leur commercialisation. En effet, dans une déclaration faite à l’un de nos confrères, Benabdeslam appuie la démarche du groupe parlementaire du HMS, avec une nuance. Celle de faire une exception des communautés non musulmanes qui vivent en Algérie et des touristes qui viennent dans notre pays. Ce même argument a été brandi par Bouabdellah Ghlamallah, le ministre des affaires religieuses et des wakfs, qui n’a pas caché son étonnement devant ce projet de loi, lors de la journée de sensibilisation des hadjis, organisée ce week-end à Alger. Ainsi, Ghlamallah a joué sur plusieurs registres pour réfuter les arguments du groupe parlementaire de la formation islamiste de Soltani. « Certes, nous sommes un pays musulman, mais il ne faut pas oublier que nous avons des communautés étrangères qui vivent avec nous et qu’on doit respecter, donc leurs modes de vie et traditions sont à respecter », a-il argué, après avoir rappelé que nous sommes un pays ouvert au monde et qui respecte les libertés individuelles. Sur ce volet précis, le ministre du culte voulait s’attaquer au mouvement islamiste de feu Nahnah, sur le terrain des libertés, en se référant au tollé soulevé par la loi sur l’interdiction du port du voile en France. « Pourquoi, reproche-t-on aux pays non-musulmans, d’interdire le port du voile ? C’est à peu près la meme chose avec cette démarche visant à l’interdiction totale du vin au pays, car nous risquons, nous aussi, d’etre mis à l’index par les étrangers », a-t-il encore avancé. Dans cette cacophonie engendrée par la surenchère du groupe parlementaire du HMS, notre ministre du culte s’est perdu dans les considérations du respect des autres communautés et celles liées à nos partenaires, ce qui a offert l’occasion à un autre mouvement islamiste de rebondir sur la question, en reprenant le même argumentaire pour revenir à la charge et valider du coup ce projet de loi, qui se situe aux antipodes des libertés consacrées par la Constitution et celles tout simplement, liées à la liberté de culte.

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Dans le même registre, le premier responsable de la formation islamiste du HMS, Boudjerra Soltani, s’est attaqué aux récentes déclarations du ministre des affaires religieuses, en reprenant son argumentaire, lors de la conférence de presse qu’il a animé, hier, au siège de son parti. Soltani a d’emblée défendu le projet de loi déposé par sa formation à l’Assemblée populaire. « La Constitution consacre la religion musulmane comme religion de l’Etat algérien » a appuyé le premier responsable du HMS, pour dire que ce projet de loi est conforme aux dispositions de la Constitution.

Quant à l’appel de Ghlamllah relatif au respect des autres communautés, de confession non musulmane, Soltani s’est interrogé si les autres, c’est-à-dire l’Europe, respectent la sensibilité des communautés musulmanes, quand ils promulguent des lois interdisant le port du voil. Abondant dans ce sens, Soltani est allé jusqu’à déterrer la polémique suscitée par les fameuses caricatures sur le prophète, considérées comme insultantes et à caractère raciste.

Il est à rappeler, que la majorité des parlementaires, y compris ceux du vieux parti et du RND, ont voté pour la loi interdisant l’importation des alcools. Un vote imposé en plein mois de Ramadhan. Cette loi abrogée entre-temps, a donné l’image d’une Algérie en décalage avec son temps, au moment même où elle négociait son adhésion à l’OMC. Le HMS qui continue à puiser dans le registre de l’Islam, compte cette fois-ci réitérer le même coup, à l’approche des échéances électorales de 20007, donnant ainsi un avant-goût de ce que sera la campagne électorale pour les prochaines législatives et locales, où la surenchère sur des thèmes liés à la religion et la moralisation des moeurs sera certainement au rendez-vous.

Hadj Bouziane

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