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Chirurgie ou charcuterie ?

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«Je jure que ça va morfler, si par malheur mon frère perd son bras». Brahmi Saïd ne décolère pas et ne va pas par quatre chemins pour désigner les responsables de l’état de son frère, Brahmi Amar, transféré d’urgence à Alger : le service orthopédie de l’hôpital Khellil Amrane de Bgayet. Le ton est donné sur une affaire qui nous rappelle, étrangement, celle du jeune Idir décédé suite à une opération orthopédique réalisée en clinique privée et qui n’a pas livré encore tous ses secrets.Epluchons un peu les différentes péripéties de cette affaire telles que rapportées par la famille dans une requête adressée au directeur du secteur sanitaire de Bgayet, avec ampliation au directeur de la santé. Souffrant d’une luxation récidivante, le jeune Brahmi Amar, 22 ans, a été admis au service orthopédie de l’hôpital Khellil Amrane le 20 mars dernier pour y subir une opération de consolidation avec une broche, de façon à mettre un terme définitif à ces luxations à répétition qui, à n’en pas douter, lui empoisonnent le quotidien.L’intervention, toujours selon la requête, devait être assurée par son médecin traitant, le docteur ortopédiste Brahimi Kamel. Cette certitude, tenue pour acquise, tout semblait donc aller pour le mieux… Sauf qu’en dernière minute, un autre chirurgien, Dr Kamel Semmar, a été désigné pour réaliser l’acte chirurgical. Ne pouvant infléchir la décision du service, le patient a vainement réclamé la présence de son médecin traitant… C’est sur la table d’opération que les choses prirent une allure dramatique puisque l’intervention tourne mal, si mal qu’une évacuation en urgence sur Alger a été décidée. Pris en charge par le SAMU, le patient saignant toujours, comme rapporté par le compte-rendu établi par le centre d’accueil spécialisé docteur Maouche, il est passé une nouvelle fois sur le billard où une équipe chirurgicale, relevant du professeur A. Bertal, est intervenue pour réparer les dégâts occasionnés à Bgayet. A l’heure actuelle, le patient semble tiré d’affaire.Il est difficile de pointer du doigt qui que ce soit, nous en laissons le soin aux spécialistes et à l’Ordre des médecins. Cela ne nous empêche pas cependant de nous interroger sur un certain nombre de points, notamment les conditions de l’opération, le pourquoi de l’atteinte des vaisseaux et des rameaux nerveux… Plus prosaïquement, nous avons voulu savoir si une intervention de ce genre, de par sa nature complexe, conduit souvent à des dégâts, des complications aussi sévères et, le cas échéant, pourquoi l’avoir opéré ? Autant d’interrogations qui viennent jeter une ombre suspicieuse sur le service orthopédie.Le rapport ou compte-rendu opératoire établi par l’établissement spécialisé docteur Maouche, décrypté par un spécialiste de la santé, dont nous respectons l’anonymat, est accablant pour l’équipe chirurgicale de Bgayet.Pour ce praticien, les dégâts importants causés lors de l’intervention, section de l’artère et de la veine auxillaire avec même une perte de substance de 10 cm sur l’artère, auraient pu conduire à l’amputation du bras du patient.Puis comme pour mettre un bémol à son avis sévère, il met l’accent sur la célérité avec laquelle le patient a été évacué sur Alger : «Il fallait agir très vite. Et ils l’ont fait.»Néanmoins, il paraît pour le moins curieux qu’il y ait accumulation d’autant d’accidents au cours d’une seule et même opération. Il n’y a pas en effet que l’artère et la veine à être sectionnées. Quelques rameaux nerveux ont subi le même sort.La famille Brahmi, elle, déclare sans ambages tenir le service orthopédie et le docteur Semmar pour responsables de la tournure prise par les évènements. Elle n’exclut pas par ailleurs la possibilité de recourir à la justice pour, dira-t-elle, «éviter d’autres dégâts sur d’autres innocents».

Mustapha R.

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