«Une entreprise qui n’avance pas, meurt»

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Lors des débats sereins et enrichissants, les journalistes ont pu aborder outre les potentialités techniques et humaines de l’entreprise, les défis d’Electro-Industries, ses ambitions ainsi que les contraintes qui freinent son essor et le rôle qu’elle peut jouer dans le développement de la wilaya.A peine son allocution d’ouverture achevée, l’invité de la Dépêche de Kabylie s’est immédiatement lancé dans l’exposé présentatif d’Electro-Industries. Un exposé qu’il finira par les appréciables chiffres d’affaires que l’entreprise a pu réaliser ces trois dernières années. C’est une première depuis la création de l’ENEL, que notre unité obtienne un résultat d’exploitation aussi positif», explique l’orateur qui, s’appuyant sur les chiffres d’affaires réalisés en 2004 (1,650) expliquera que ladite prouesse a été rendue possible grâce au plan d’assainissement financier dont a bénéficié l’entreprise fin 2003. «Avant cela, tous nos efforts de rééquilibrer nos structures internes étaient anéantis par les dettes et les intérêts que nous payons aux banques», a-t-il également souligné.Toutefois et malgré la relative embellie de ces dernières années, le P-DG d’Electro-Industries a longuement soutenu que l’entreprise se doit aujourd’hui de faire face à une multitude d’embûches et autres contraintes économiques.

Les Chinois, la douane et les marchésDe fait, M. Akliouat fera un état des lieux assez sévère du reste sur le marché mondial des matières premières, lequel connaît moult instabilités depuis que les Chinois s’y ont intéressés. «L’industrie chinoise rafle tout. La demande en cuivre, l’aluminium et les huiles est tellement forte que les prix ont fini par s’envoler. Globalement, cette hausse a atteint les 25% pour l’an 2004. Par ce fait, nous rencontrons d’énormes difficultés pour nous approvisionner en matières premières. De plus, nos fournisseurs traditionnels qui s’engageaient à nous fournir les principaux intrants nécessaires à la fabrication de nos produits sur une période d’une année ne le font plus que sur trois mois. C’est très difficile pour nous, mais que voulez-vous, il faudrait bien qu’on s’y adapte», dira M. Akliouat.qui a insisté sur les efforts énormes fournis par l’entreprise qu’il dirige pour gérer, au mieux les rapports entre le coût de production, la qualité et les prix. Parallèlement à cela, l’orateur a également évoqué les droits de douane comme étant le deuxième défi qui freine une expansion encore plus performante de l’entreprise. “La loi de finances ne nous a guère gâtés sur ce point.Trouvez-vous concevable que nous, les producteurs, sommes contraints de nous acquitter d’une taxe variant de 15 à 30% sur l’importation de nos matières premières, alors qu’un produit fini du même type est taxé à 5% ?”. Sans détours donc, l’allusion est ici faite aux importateurs de moteurs et de transformateurs lesquels ont réussi à accaparer 30% du marché local. Dans la foulée, l’invité de la Dépêche de Kabylie a enchaîné sur une troisième embûche économique qui est, on peut le constater, étroitement liée aux deux premières. Ainsi, M. Akliouat expliquera que les bouleversements qu’ont connus les règles du marché n’étaient pas sans provoquer certains désagréments dans la commercialisation des produits ENEL. “Par le passé, les marchés se faisaient de gré a gré, notamment avec nos principaux clients qui sont Sonelgaz et Kahrif. Mais à partir de 2004, les règles ont changé et toutes les entreprises se doivent désormais de passer par des appels d’offres nationaux et internationaux pour conclure leurs transactions. De fait, nous devons faire preuve de plus de rigueur et de compétitivité pour maintenir nos parts de marché actuelles…”, disait le P-DG de l’ENEL à ce propos. M. Akliouat regrettera au passage que l’arrêté interministériel qui accorde une marge de préférence aux produits locaux afin de les avantage ne soit jamais appliqué. “Ni Sonelgaz ni Kahrif n’ont respecté cet arrêté. Pour arracher nos transactions, nous étions sur le même pied d’égalité que les produits étrangers.

Priorité au marché nationalInterrogé par un journaliste sur les perspectives d’Electo-Industrie en matières d’exportation. Le DG de l’ex-ENEL reconnaîtera que l’entreprise qu’il dirige n’a jamais tenté d’investir les marchés internationaux pour la bonne et simple raison qu’elle n’arrive toujours pas à satisfaire les demandes nationales. Même en renouvelant les contrats d’achat avec ses princiapux clients, l’entreprise explique M. Akliouat, arrive à peine à faire 40% de parts de marché, notamment en transformateurs. “Pour bâtir une véritable politique d’exportation, capable de viser les marchés arabes et africains, il faut beaucoup d’investissements, et dans les conditions actuelles, ponctués par des changements radicaux des mœurs économiques internationales, je ne crois pas vraiment que ça soit que une bonne idée expliquera l’orateur à ce sujet et d’enchaîner : “Avec la mondialisation, la disparition des barrières douanières, l’instabilité des marchés des matièrespremières, et la concurrence européenne et chinoise, je préfère jouer la prudence. Certes, on a un projet d’investissement dans ce sens, mais attendons que cela soit plus stable pour mieux voir…”.La prudence dont parle ici M. Akliouat réside dans la nécessite de maîtriser, au préalable, certaines pratiques économiques, à même de renforcer la viabilité et la compétitivité de l’entreprise.L’ENEL aspire, à cet effet, à développer sa gamme de produits et à rendre ses prestations plus performantes. Même si cette tâche connaît de sérieuses avancées, il n’en demeure pas moins que le concours des compétences étrangères dans ce domaine est plus que nécessaire. Pour ce, le P-DG d’Electro-Industries n’a pas caché son souhait d’accomplir cette mission dans le cadre d’un partenariat sérieux et professionnel : « Actuellement, nous sommes à la recherche d’un partenaire potentiel sur lequel on pourrait compter pour améliorer nos potentialités technologiques…” a-t-il laissé entendre avant d’ajouter : “Pour la fabrication des moteurs, nous avons déjà pris attache avec des Canadiens et des Russes, mais pour l’heure, les discussions n’ont pas dépassé le stade du préliminaire…”

Le développement local passe par la stabilitéEn évoquant les perspectives de développement socioéconomique de la Kabylie, et les options les plus adéquates avec la vocation de la région, M. Akliouat, en économiste habile et connaisseur, parlera de la stabilité comme étant un élément primordial pour toute relance économique. Après, c’est tout un arsenal juridique qu’il faudrait mettre à la disposition des investisseurs pour fouetter l’activité économique. De plus, les différents conflits liés au foncier (notamment à Tizi Ouzou) ne justifient pas à eux seusl le phénomène de délocalisation qu’a connu la Kabylie ces dernières années. Pour M. Akliouat, il faudrait, tout d’abord, séparer le vrai du faux investisseur et puis penser à booster ses activités en un minimum de temps. “La Kabylie recèle d’énormes capacités, notamment en matière de tourisme, alors il est grand temps de voir notre avenir autrement, a conclu l’orateur.

Ahmed Benabi et Khaled Zahem

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