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Les mots et les maux

2012
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Aomar Mohellebi est un écrivain algérien né en août 1974 à Tizi Ouzou, en Kabylie. Il est aussi journaliste. Il signe ses premiers papiers dans la presse écrite algérienne dès la fin de ses études techniques en 1994. Parmi ses œuvres on peut citer : Un amour en Kabylie (roman), L’amour au pied du Djurdjura (roman), Les feux de l’amour (poèmes), Les enfants du boycott (essai) et Le terrorisme en Kabylie (chronologie). Les livres de Mohellebi sont, en général, publiés à compte d’auteur. Un vrai défi dans un pays où le monde de l’édition agonise. Mais l’ex-journaliste du quotidien Liberté se fait toujours un chemin à la conquête d’un lectorat. Par le truchement d’une écriture très élaborée, il partage le bonheur des mots avec ses lecteurs. « La vie est injuste mais elle est belle en même temps. Elle est cruelle, il nous appartient souvent de l’adoucir. Il y a tant de choses magnifiques dans le monde. Il nous arrive de n’apercevoir de la vie que sa face laide. C’est la nature de l’être humain, n’être trop marqué que par ce qui est si mal. Quant au bonheur, nous le ressentons moins surtout lorsqu’il est à notre portée. C’est ce qui se passe entre nous. Regarde combien le bonheur est proche de nous : il suffit que tu t’observes et que tu m’examines pour le percevoir. Nous pouvons être ensemble dès cette seconde sans fournir le moindre effort. Il suffit de décider et la joie va couler de source. Le bonheur est sur notre droite et la peine sur notre gauche. Regardons du bon côté et nos coeurs s’exhaleront et nos esprits s’embaumeront. Ne regardons pas vers le passé car ce dernier est un piège, un fantôme dont la mission est de nous empêcher d’être heureux. Il est facile de se retrouver ensemble maintenant, la main dans la main, seuls, et courir comme des enfants insouciants, dans les champs », écrit Mohellebi dans son roman Les Montagnes pleurent aussi. Cette fiction raconte l’histoire du jeune Idir, victime d’un attentat. Il s’éprend de son infirmière Kahina. A la sortie de l’hôpital, les deux tourtereaux se retrouvent souvent au bord de la mer. Un grand amour voit le jour. Mais d’incommensurables problèmes viennent entraver la passion indomptable. D’un style simple et accessible, l’auteur nous invite à un long voyage. « J’ai commencé à écrire, en sus de mon travail au journal, quand j’ai pris conscience de choses beaucoup plus importantes mais qui, hélas, ne pouvaient pas trouver de place dans un quotidien d’information. Dans un journal, on se limite à l’information. Un article de presse, même s’il est excellemment écrit, dégage une certaine rigidité et froideur. Il est sans âme. Ce n’est pas le cas d’un poème ou d’un roman où on peut trouver de l’émotion. Cette dernière, on peut la détecter dans un reportage réalisé sur le terrain. Mais même dans le reportage, il est impossible de s’exprimer comme dans un écrit littéraire. Me concernant, le recours à l’écriture est né d’une déception brutale qui s’est produite dans ma vie. Je ne parle pas seulement de déception amoureuse; même si elle en fait partie, mais à un certain moment de ma vie, j’ai eu le sentiment comme si je me suis réveillé d’un long sommeil où il n’ y avait que de beaux rêves. Subitement, je commençai à remettre en cause tout, y compris ma propre personne. En quelque sorte, je ne comprenais plus rien. Je me mis à l’écriture, d’abord pour me regarder dans un miroir, car m’étant rendu compte que je ne l’avais jamais fait. C’est pourquoi dans mes deux premiers romans, le lecteur aura remarqué que je parle trop de moi, indirectement; je dois avouer qu’à un certain moment je ne voulais pas confesser qu’il est bien de moi par manque de courage, mais je savais dans mon fond qu’un jour j’allais dire la vérité. Tous mes personnages, peu nombreux du reste sont des « moi », réels ou imaginaires. Mais le véritable moi, celui auquel j’aspire, il n’existe pas encore et j’ai bien peur de ne le trouver jamais. Je n’écris ni par plaisir ni pour devenir écrivain. La seule raison qui me pousse à cet acte, c’est un besoin impérieux de communication et comme j’ai du mal à trouver des confidents, à cause de mes multiples défauts, liés à mon enfance difficile, je n’ai que cette solution. En écrivant, je souffre beaucoup car mon passé est sans cesse ressassé mais cette souffrance est nécessaire pour mon moral. C’est comme les séances de « débreafing » en psychologie. Je pense que c’est mon amour pour la lecture qui m’a poussé à l’écriture », avoue l’écrivain, dans une interview accordée à Djazaïr News des livres en avril 2004. Mohellebi est un écrivain qui est très loin de la mégalomanie dont souffrent la majorité des « pseudo-intellectuels » algériens. Chez nous dès que quelqu’un réussit à faire quelque chose comme écrire un livre, ça y est, il a la une grosse tête et se voit le centre du monde. Notre confrère Aomar Mohellebi est très modeste. Même si sa plume est si singulière, il reste toujours lui-même. Lire et relire ses livres nous laisse persuadés que c’est un auteur de talent. Comme beaucoup d’artistes qui sont dans l’ombre. Loin des lumières trompeuses de nos médias, Mohellebi et tant d’autres créateurs auront un jour la reconnaissance et pour quoi pas la gloire. « Le suprême degré de la sagesse était d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’on les poursuit », écrit l’immense William Faulkner dans son roman : Les palmiers sauvages.

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Y. Ch

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