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Verdict aujourd’hui

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Dans cette affaire, 104 accusés sont poursuivis pour les chefs d’inculpation d’association de malfaiteurs, vol qualifié, abus de pouvoir, abus de confiance et perception d’indus avantages. Ils encourent des peines allant de 18 mois jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. Ouvert le 8 janvier dernier, les péripéties du procès ont mis en relief les dessous du  » fonctionnement interlope  » de la banque Khalifa. La saignée a été évaluée à plus de 3.2 milliards de dinars. La golden boy, Khalifa Moumen, en fuite toujours en Grande-Bretagne depuis 2003, puisait impunément, selon les indications de certains accusés dans l’argent de milliers de petits déposants et d’entreprises publiques.

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Retour sur une banqueroute pas comme les autres. Petit pharmacien, Moumen Khalifa avait réussi à créer sa banque avec la  » connivence  » et la  » collusion  » de certains de ses proches collaborateurs. Déjà, les documents portants création de la banque étaient entachés d’irrégularité. Le prince déchu, s’est ensuite, propulsé à la tête de la banque Khalifa, suite aux changements opérés sur les statuts de la banque qui portait son nom et cela sans demander l’onction de la Banque d’Algérie. Cumulant les infractions à la loi sur le change et la monnaie, aucune autorité, notamment la Banque d’Algérie ou le ministère des Finances, n’a bougé le petit doigt. Le premier prétextant l’inexistence d’agents assermentés pour établir les infractions et le second, plus étonnant, par la voie de Mourad Medelci, soutenait que le document envoyé par la BA a disparu des tiroirs du premier argentier du pays. Des avocats de la défense se sont interrogés, lors de leurs plaidoiries, sur qui avait intérêt à faire disparaître un tel document ? Mystère et boule de gomme.

Autre point d’orgue du procès, le  » j’assume  » de Sidi Said concernant l’envoi d’une correspondance d’une teneur tout à fait fausse. Des avocats ont à maintes reprises relevé sa responsabilité dans la perte de milliards de centimes des assurés sociaux. A son encontre, la justice a fait preuve de magnanimité. Cela étant, si le défilé de certains anciens et actuels ministres devant le tribunal de Blida a été jugé comme une  » avancée  » dans la l’indépendance de la justice algérienne, décriée comme l’  » instance pestiférée  » par le citoyen lambda. Il n’en demeure pas moins que le procès Khalifa a donné la nette impression que de nombreux hauts responsables de l’Etat, impliqués jusqu’au cou, ont échappé (volontairement) aux mailles des filets de l’instruction. La confirmation, qui donne froid dans le dos, a été avancée par les avocats de la défense. Ceux-ci n’ont pas manqué, durant leurs brillantes plaidoiries, de dénoncer vertement le travail de la chambre d’accusation et de la Cour suprême. Certaines robes noires ont soutenu que l’arrêt de renvoi a subi un  » lifting » des personnalités qui dérangent. Entendre par là, des responsables très puissants qu’il ne convenait pas de  » salir  » par cette affaire.

Des éminents avocats, pour ne pas les citer à l’exemple des Ait Larbi, Bourayou, Brahimi et certains d’autres ont, chacun à sa manière, jeté des pavés dans la mare et rappelé des vérités crues : « Des personnes se servaient de Moumen Khalifa », dixit, Ait Larbi. Ou encore Me Bourayou, lorsqu’il clamait que  » Staouéli (région banlieusarde d’où est originaire son client) ne doit pas payer à la place de Club des Pins” (lieu ou sont hébergés des personnalités du pouvoir).

La présidente du tribunal à qui revient la lourde tâche de rendre le verdict sera-elle indulgente envers des accusés pour lesquels elle a promis d’être clémente ? Par ailleurs, au moment ou certains regards seront braqués sur le tribunal criminel de Blida, d’autres sont d’ores déjà rivé vers l’Angleterre, pays d’asile volontaire de l’homme le plus recherché par les autorités algériennes. En effet, Moumen Khalifa a été entendu, hier, par les autorités britanniques quant à son séjour londonien et l’origine de ses ressources financières. C’est à l’issue de cette audition que la justice de Sa Majesté jugera de la poursuite ou pas de Moumen Khalifa, soupçonné par Scotland Yard de  » blanchiment d’argent « . Arrêté le 27 févier dernier par la police, il a été aussitôt libéré sous caution et mis sous contrôle judicaire. Son interpellation est intervenue quelques jours seulement après ses apparitions médiatiques dans lesquelles il a claironné que les autorités britanniques n’allaient pas l’extrader vers l’Algérie. La mise en branle de la machine judicaire britannique à l’égard de l’ancien P-DG du groupe Khalifa obéirait, selon certains observateurs, à des considérations politiques.

Hocine Lamriben

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