Enfin des passerelles entre université et entreprises

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Le problème de la fuite des cerveaux n’a pas été suffisamment pris en compte dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne.» Cette phrase, une des plus remarquables de la communication du professeur Chems Eddine Chitour, met en avant toute la problématique de l’université algérienne dont le moindre des paradoxes est de former à tour de bras des diplômés qui vont pour beaucoup d’entre eux grossir les rangs des chômeurs et pour d’autres les plus brillants, ceux qui ont choisi l’exil, contribuer à la richesse d’entreprises et d’industries étrangères.Les journées d’étude autour du thème «Université- collectivités locales-entreprises» ouvertes hier à l’auditorium de l’université Abderahmane-Mira se proposent d’encourager le partenariat université collectivités et entreprises et de mettre en adéquation le binôme diplôme emploi. Djoudi Merabet, recteur dans son mot d’introduction a mis l’accent sur les différentes réformes entamées par le secteur de l’enseignement supérieur, se fondant même d’une pique à l’endroit des œuvres universitaires un tantinet réfractaire à toute innovation.Entrant dans le vif du sujet, M. Chitour dans un exposé magistral a axé son intervention sur l’université de demain à travers une projection sur les mutations à venir. Parlant de la mondialisation comme d’un laminoir, d’un rouleau compresseur, l’orateur évoque «les élites aspirées par des systèmes qui offrent des conditions générales de vie et de travail plus acceptables».A ces contraintes incontournables, inévitables, il faudra, dira encore M. Chitour «opposer une gestion intelligente une flexibilité des processus de l’organisation du travail, de l’accumulation des produits comme de la consommation». La formation universitaire par ailleurs doit être conçue de façon à ce que le professeur, l’étudiant, le diplômé puissent passer d’un domaine à un autre.«Il faudrait aussi mettre fin au système du turbo-prof de l’enseignement itinérant qui fait la même chose des années durant» ajoutera-t-il avant d’enchaîner : «Toutes les réformes opérées jusque-là sont autant de cataplasmes sur des jambes de bois. Ce qu’il faut, c’est des réformes profondes avec visibilité et projection sur les métiers de l’avenir. L’enseignement doit évoluer et se départir de tout comportement carriériste. C’est ça la flexibilité ! Le mot-clé enfin, c’est l’autonomie la plus large possible de l’université.»Ali Aoun, PDG de Saïdal, abordant le partenariat université- collectivités locales-entreprises, parle de «cette passerelle qui risque de rester une chimère». Puis de s’interroger «où va l’université algérienne ? On ne réforme pas pour réformer».Plaidant la cause d’une industrie nationale du médicament forte sans laquelle il ne peut y avoir de politique de santé efficiente», M. Aoun s’est longuement étalé sur les enjeux importants, à l’échelle planétaire de tout ce qui se rapporte au médicament. S’agissant du partenariat encensé il y a quelques années, il dira qu’ «il est loin d’être la panacée en ce sens que les partenaires continuent à nous offrir de s mollécules dépassées. Je ne suis pas à 100% pour le générique car il ne faut pas priver le malade algérien des molécules innovantes».Isaâd Rebrab, P-DG de Cevital, l’un des géants de l’agroalimentaire national s’étalera longtemps sur les activités, les investissements et les projets du groupe. Les données communiquées par M. Rebrab sont éloquentes : Cevital assure la couverture des besoins nationaux en huile et margarine dégageant même des excédents et produit 50% des besoins en sucre. Cevital c’est aussi 24% de l’activité portuaire !Dernier intervenant de la matinée, M. Boumessila, P-DG de l’EPB, qui s’est livré à une présentation du port, de ses activités et de ses performances. «C’est le port le plus performant du pays, classé en 2e position et c’est une entreprise citoyenne qui a fait du développement durable son cheval de bataille.» «L’université nous a déjà aidés ! Elle peut continuer à le faire en nous aidant par exemple à travers un faisceau de solutions visant à réduire les coûts», ajoutera-t-il.La matinée s’est achevée par la signature de quatre conventions de partenariat liant l’université de Bgayet aux entreprises présentes à ces journées d’étude (Cevital, EPB, Saïdal, Vérital).

Mustapha R.

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