Rien ne va plus au RCD

Partager

De déboires en déboires, le Rassemblement pour la culture et la démocratie de Said Sadi s’enlise dans une crise sans précédent, ces derniers temps. Sorti des dernières élections locales avec un résultat pompeusement présenté comme une victoire alors qu’un déficit de plus de cent mille voix lui sont infligées en comparaison à ses électeurs des années 90.

Sur les 30% de votants lors des dernières partielles pour la seule wilaya de Tizi-Ouzou, le parti de Said Sadi qu’il n’a été présent que dans 40 communes, n’a obtenu que 5 municipalités avec une majorité absolue, alors que les deux postes de sénateurs lui sont revenus grâce à une manœuvre électorale avec d’autres partis. Des partis qu’il n’a jamais cessé de vilipender.

Pour ce qui est des élections législatives du 17 mai, la confection des listes, leur préparation, faites dans des conditions opaques où seul le copinage a gouverné, pour services rendus et allégeance au chef, a vu retenir des noms pour la candidature et cela a soulevé un vent de colère dans le parti jusqu’à provoquer des démissions en chaîne.

Depuis quelques années, le RCD est réduit en véritable appareil de marchandage au bénéfice d’une poignée d’oligarchiques jusqu’à vivre des déjugements politiques et des reniements stratégiques en matière de ligne et de programme travaillés des années durant par des cadres et des militants de valeur dans le parti consentant le sacrifice suprême pour certains d’entre eux.

La liste de Tizi-Ouzou pour ces législatives a été celle qui a le plus fait de bruit en matière de contestation. Pilotée par Nordine Ait Hamouda, présenté dans une correspondance de Abdelkader Derridj, cadre et militant du RCD, comme  » le mal utile du parti  » et considérant cela  » comme dérive totalitaire sans précédent dans les annales du parti et le fait est d’autant plus grave qu’il provient de la haute instance hiérarchique.  » Dans cette correspondance adressée au secrétariat national à l’organisation et au bureau régional, M. Derridj ayant à son actif 18 années d’activité au sein de la formation de Said Sadi, dénonce le fait  » être livré à la vindicte de ses pairs en leur intimant de l’évacuer avec des gifles de la rencontre des militants, tenue le vendredi 13 avril.” Enchaînant sur la lucidité des militants qui n’ont esquissé geste si ce n’est le nommé  » mal utile du parti qui s’est essayé pitoyablement ».

Le rédacteur de la lettre considère  » l’algarade du président du parti n’est pas un fait circonstantiel, il révèle au grand jour toute une machination orchestrée par un cercle pour abuser jusqu’à se substituer à une commission et accomplir un hold-up électoral interne en règle.  » Il cite le Dr Mouloud Lounaouci, ex-chef du bureau régional, qui a fait les frais de son intransigeance à plier devant toute injonction. Considérant la campagne électorale pour ces législatives d’incertaines pour le motif que la mobilisation est passée à côté, et que l’intervention du président du parti avec un argumentaire pitoyable pour une personnalité de son rang, a été hasardeuse et sans convaincre, est-il mentionné.

La liste des législatives à Tizi-Ouzou est dénoncée vigoureusement pour avoir été étoffée sur une base strictement tribale.  » Les cadres militants des terroirs de Tizi-Ghennif, Drâa El Mizan, Boghni, Ouadhias, Mâatkas, Drâa Ben Khedda, Ain El Hammam, Iferhounen, Beni Douala n’ont pu constituer aux yeux du président une source de candidature crédible « .

Il est aussi mentionné  » le silence et la non-implication du RCD lors de la commémoration du Printemps berbère et la ressasse d’une nouvelle entrée au gouvernement forment un début de réponse à quelques interrogations. Il s’agit de faire revivre une capitulation de plus.  » La dérive qui frappe le RCD est aussi vérifiée avec plus de 100 militants qui ont claqué la porte du parti suite à la mascarade du congrès tenu en février 2007. Le président du conseil communal qui était aussi maire de la commune de Mohammadia de 1997 à 2002, en la personne de M. Omar Chami, ainsi que d’autres membres du conseil national qui se sont insurgés contre le détournement des statuts démocratiquement élaborés lors des congrès régionaux pour leur substituer une mouture imposée par le président du parti. Une campagne virulente de dénigrement, à l’encontre du maire de Mohammadia est orchestrée par les cadres et le président du parti, ce qui a constitué le déclic aux démissions en chaîne.

La wilaya de Bejaia, elle aussi, n’est pas épargnée par la secousse qui frappe la structure et qui la vide de toutes ses valeurs. En effet, l’affaire Alexo a défrayé la chronique même si pour le moment elle n’a pas encore livré tous ses secrets. Le maire Meziane Belkacem d’Amizour, membre du Conseil national, a lancé un défi télévisé au président du parti sur les tenants et les aboutissants de cette affaire d’Alexo, dernier refuse de répondre et les propos tenus par Said Sadi dans l’un des hôtels de Bejaia ont soulevé l’ire de toute la base militante de la vallée de la Soummam et, les cas de Brahim et Benadji en sont une preuve lors de la conférence de presse tenue où des révélations fracassantes de la gestion du parti ont été prononcées.

Les sénatoriales gagnées par le FLN à Bejaia sont la preuve tangible de la déchéance du parti dans la région. Les démissions de Ahcen Labachi, président du BR de Boumerdès et surtout celle récente de Khalfa Mammeri, secrétaire national à la coordination et 2e homme du parti, qui vient de rejoindre le collège des républicains en construction par Réda Malek, Amara Benyounès et Hocine Ali. Khalfa Mammeri a par le passé qualifié le président du RCD de sous-régionaliste et de séparatiste. Pour revenir à la campagne électorale en cours pour les législatives, le discours a d’emblée versé dans l’invective et la désinformation loin de toute culture politique et sans mettre en avant les axes programmatiques à même de cogiter des solutions à la panne de développement socio-économique qui frappe la Kabylie. Pire, le slogan retenu dans l’affiche  » votez pour lui (Ait Hamouda ndlr) il est de chez nous  » renferme une connotation régionaliste, faite à dessein contre la candidature de Nadir Hamimid du FLN. La compagne que s’apprêtent à mener les candidats du RCD annonce dores et déjà sa couleur contre tous ceux qui ont tiré leur révérence de la machine du mal qu’est l’appareil du RCD, militants de base non concernés.

Pour rappel, la tête de liste du RCD à Tizi-Ouzou qui entend faire valoir son intervention à l’APN lors de son précédent mandat afin de mobiliser, s’avère un coup d’épée dans l’eau puisque elle sera politiquement contre productive. A l’époque son intervention a failli lui valoir d’être liquidé de la structure par le président du parti, qui l’a humilié, suspendu et passé au conseil discipline. Son salut, il le doit à El Hadi Ould Ali et Amara Benyounès ainsi que d’autres cadres, qui ont calmé les esprits. La correspondance adressée à l’époque par Said Sadi à l’adresse de Nordine Ait Hamouda, lui signifiait  » agent des officines chargé de missions au RCD.  » La contestation en cours fera laisser des plumes à la structure, et on croit savoir que tous les contestataires sont en contact permanent et s’acheminent vers l’installation d’une coordination en vue d’organiser une conférence de presse dans les tout prochains jours, pour dénoncer l’ostracisme avec lequel est géré le RCD. Plusieurs cadres et ex-députés déçus par l’état des lieux de la structure prendront part à ce point de presse.

Il est ainsi clair que l’unique parti, aujourd’hui, lancé dans une campagne qui ne promet pas le verbe de haut niveau est indéniablement le RCD, contrairement au FLN, RND, PT, ANR-UDR, la liste des archs, qui tous se sont construit des passerelles et des pactes de non-agression pour l’unique convergence d’apporter leurs contributions au sauvetage de la région pour la soustraire de l’impasse dans laquelle elle est plongée.

Brahim T.

Partager