“Avec un diplôme, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres”

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Amara Rachid, à peine âgé de 22 ans à cette époque, a été l’un des artisans de la grève des étudiants du 19 mai 1956. Né à Oued Zenati, wilaya de Guelma mais originaire de la Haute-Kabylie, le 6 décembre 1934, son père installé à Guelma, était membre du collectif des avocats du FLN et exerçait près le tribunal de grande instance. Amara Rachid est originaire de Bouadnane, de l’arch Ath Boudrar, daïra de Béni Yenni. Ce village révolutionnaire a donné pour la cause nationale plus de 50 de ses meilleurs enfants tombés au champ d’honneur. Ses études primaires, Rachid les a brillamment suivies en Kabylie, pour enfin se retrouver à Guelma, en raison de la mutation professionnelle de son père, en passant par Alger. Il décroche sans surprise son bac et s’inscrit à la faculté des lettres mais y renonce une année après pour changer d’option en choisissant la médecine.Mustapha, de son nom de guerre, s’investit très jeune dans l’activité politique et se distingue par tout ce qu’il apporte à la question nationaliste, jusqu’à se faire adopter par ses camarades comme matière grise du mouvement nationaliste. Très proche de feu Abane Ramdane, celui-ci lui confiait toutes les missions et contacts de grande importance.C’est avec Amara Rachid que Abane Ramdane écoutait pour la première fois l’hymne national pour en définitive le consacrer.Il était président de l’AJMA (Association des jeunes musulmans algériens), puis membre fondateur de l’UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens). C’est sous la consigne politique de feu Mohamed Seddik Benyahia que lui est confiée l’organisation de l’historique grève des étudiants le 19 mai 1956, dont le slogan retenu n’est autre que “Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres”. Il s’engage ensuite aux côtés de Ferhat Abbas dans l’UDMA et fut arrêté avec Ahmed Francis, en novembre 1955, dans le même véhicule, puis relâchés 5 mois après. Il renoue aussitôt avec le mouvement de libération nationale. Orienté et conseillé par le colonel Dehiles Slimane (Si Saddek), en compagnie de trois infirmières (Safia Bazi, Meriem Benmihoub, Fadhila Mesli), Amara Rachid s’installe à Tablat dans la wilaya IV. Là, avec ses trois camarades femmes, il a fondé un hôpital, que le commandant Azzedine comparaît à une école de formation de cadres politiques pour la nation, en sus de ses missions hospitalières. Le 14 juillet 1956, Amara Rachid meurt sous le regard direct de sa fiancée. C’était suite à l’arrestation d’un moussebel qui, n’ayant pas résisté à la torture, a fini par parler en situant la grotte qui servait de cache aux maquisards, parmi eux Amara Rachid. Les lieux sont encerclés par les troupes coloniales le 14 juillet 1956. Un accrochage des plus meurtriers a eu lieu, le meneur de la grève du 19 mai 1956, n’a pas eu le temps de riposter, son corps atteint par une rafale fut sectionné en deux, rapporte le commandant Azzedine dans sa publication.

Khaled Zahem

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