“C’était la réplique du Printemps 80”

Partager

Le soulèvement des lycéens de Bgayet le 18 et ceux de Sidi Aïch le 19 mai 1981 demeure, selon les acteurs ayant mené l’événement, une sorte de réplique au mouvement du printemps 1980, réprimé dans le sang.Les témoignages que nous avons recueillis auprès d’un de ces acteurs, qui était lycéen à l’époque, âgé à peine de 18 ans, renseignent on ne peut plus clair, sur la nature du régime politique prévalent avant l’ouverture démocratique de 1990, une autre preuve historique qui veut du changement politique en Algérie était, à vrai dire, le souffle d’énergie des lycéens et des étudiants de la Kabylie, où le mot d’ordre était “La répression, liberté d’expression”. Mais surtout des slogans postes à bras-le-corps pour la reconnaissance de tamazight.Boualem Amoura, puisque c’est de lui qu’il s’agit, actuellement enseignant au technicum d’Azazga, que nous avons rencontré hier a son lieu de travail, est revenu sur cette date historique qui se veut pleine de symboles. La symbolique, selon M. Amoura, est que le soulèvement a réussi à briser le mur du silence qui empêchait l’émergence de la libre expression des Kabyles de Bgayet. Un mur érigé, dit-il, par le comportement tétanisant imposé par les tenants du pouvoir, sous le parti unique, le FLN en l’occurrence.

Les raisons d’un soulèvement“A l’origine du soulèvement de mai 1981, des rumeurs faisaient état du détournement du projet d’un centre universitaire vers Jijel. Le projet devait être construit à bgayet, ce qui avait donné de l’espoir aux nombreux bacheliers de la localité de poursuivre leurs études universitaires chez) eux.Dès lors, des lycéens était grand et insurmontable, du coup les rues de la ville de Bgayet deviendront en l’espace d’une journée le théâtre d’une manifestation publique, suivie d’émeutes après l’intervention musclée de policiers.Le lendemain, la nouvelle était parvenue au lycée Aïssani de Sidi-Aïch. Le saccage de la résidence du wali avait chauffé les esprits.Mais ce qui avait accéléré le soulèvement dans cette petite ville était l’information faisant état d’une vague d’arrestations opérée contre les lycéens du lycée Iheddadène de Bgayet. Dans le feu de l’action, ajoute M. Amoura, des ouvriers du chantier de l’ex-Sempac, actuellement Les Moulins de la Soummam étaient enrôles avec les lycéens sur les places publiques. L’impressionnante déferlante de protestataires avait fait adhéré également les citoyens de la localité de Sidi-Aïch à l’action, puis aux émeutes.Le nouveau commissariat, non encore inauguré, avait été complètement saccagé. Le même sort sera réservé au siège du FLN. L’acharnement de ce dernier c’était surtout pour manifester notre opposition ferme quant aux règles que ses dirigeants nous avaient imposées : interdiction de rassemblement. A l’époque, le mouhafedh, qui possédait une Renault 16 voire (digne des voitures du KGB), ne cessait pas de nous harceler par ses discours qui frisent la langue de bois. Il était un farouche opposant des libertés et de tamazight. C’était le genre de commissaires politiques de la sécuritate. Ensuite, l’intervention des CNS dépêchés de Bgayet avait provoqué l’émeute. Quand à nous lycéens descendus des montagnes, nous étions conseillés par les adultes de quitter la ville par peur de représailles. Je tiens à saluer le courage du directeur du lycée de l’époque M. Firani pour son refus placardé face à la tentative d’irruption des forces de police dans l’enceinte de l’établissement. Son opposition lui a valu d’ailleurs un passage à tabac malgré son âge qui touchait la soixantaine.Je dois dire, qu’à la différence des évènements de Tizi Ouzou qui étaient encadrés par des étudiants, à Bgayet et en l’absence d’université, les mouvements avaient été spontanés et menés par les lycéens dont la plupart étaient des mineurs. C’est vrai que nous étions encadrés par des adultes, mais ces derniers n’avaient rien à voir avec les mouvances connues à l’époque, telles que le PACS ou le MCB, car ces deux mouvements étaient plus présent à Tizi Ouzou.

Propos recueillis par M. A. T

Partager