Tizi-Ouzou ciblée par l’ex-GSPC

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L’engin, qui était enfoui sous terre, derrière la loge du gardien de la gare, a été actionné à distance, selon des sources policières. L’endroit où a été déposée la bombe servait de lieu de faction aux policiers affectés à la gare pour le maintien de l’ordre et réguler les entrées et sorties des bus.

L’explosion s’est produite, selon des témoins, au moment où les deux policiers ont pris position à leur poste. L’un d’entre eux est mort sur le coup, tandis que son collègue, une femme, est sérieusement blessée. Quelques minutes après, tout le périmètre a été bouclé par la police, appuyée par la suite par une troupe d’élite de l’ANP. Les secours n’ont pas, non plus, tardé à arriver sur les lieux où tout le parc ambulancier de la Protection civile, ainsi que celui du SAMU ont été mobilisés pour l’évacuation des victimes.

Sur les lieux de l’attentat, c’est la panique générale. Même si les services de sécurité ont très bien géré la situation en évacuant en peu de temps les lieux pour permettre aux secours d’évacuer les blessés, l’affolement des citoyens, à l’intérieur et aux alentours de la gare routière était si grand que plusieurs d’entre eux seront également hospitalisés suite à des chocs émotionnels. Les différentes chambres de la cour de Tizi Ouzou qui jouxte la gare routière, ont dû toutes interrompre leurs audiences. Les justiciables, les avocats ainsi que les magistrats ont été tous pris de panique. C’est dans cette même cour que le tribunal criminel avait condamné, lundi dernier, l’ancien chef de l’ex-GSPC, Hassan Hattab, à la peine capitale, par contumace.

La gare routière, qui était à cette heure-ci bondée de voyageurs, a été, faut-il le souligner, évacuée sans heurts, en dépit de la grande panique qui a gagné les citoyens. Au CHU Nedir, où furent évacuées les victimes, c’est le branle-bas de combat. Les pavillons des urgences médicales et chirurgicales ont été littéralement assaillis par les proches des victimes venus s’enquérir de leur état.

La liste des blessés a été affichée dans plusieurs endroits de l’hôpital pour permettre l’identification des victimes. Celles-ci au nombre de 13 personnes, dont l’âge varie entre 26 et 49 ans, ont été toutes admises aux pavillons des urgences. Huit seront retenues en observation médicale, parmi lesquelles un policier gravement atteint, admis directement au bloc opératoire. Sa vie est hors de danger, affirme une source hospitalière qui précise qu’il est admis en réanimation. Cinq blessés ont regagné leurs domiciles après que les médecins leur eurent prodigué les soins nécessaires. L’on parle de blessés atteint de choc émotionnel.

Nos tentatives de récolter des témoignages des blessés sont, par ailleurs, restées vaines. Ils ont unanimement refusé de répondre aux questions des journalistes.

Sur place, le directeur général du CHU qui était venu superviser la prise en charge des blessés a déclaré aux représentants de la presse que  » dès réception de l’information sur l’attentat, une alerte maximale a été déclenchée et l’ensemble du personnel médical et paramédical a été mobilisé ou appelé en renfort aux urgences.  »

Le wali de Tizi-Ouzou, El Hocine Mazouz, s’est également déplacé au chevet des victimes, accompagné par le directeur de la santé et de la population de la wilaya. Il a tenu à rassurer les blessé et a eu de brèves discussions avec leurs familles.

A l’adresse des journalistes, le wali a tenu à déclarer que le dispositif sécuritaire sera désormais renforcé davantage, notamment avec le redéploiement imminent de la gendarmerie nationale qui viendra appuyer les éléments de la police qui sera, elle aussi, renforcée.  » Maintenant que les hordes terroristes s’attaquent aux citoyens innocents, leur message est clair : semer la terreur et créer un climat de peur et de panique parmi la population. Cela n’entamera en rien la détermination de l’Etat à éradiquer le phénomène et nous mettrons tous les moyens pour ce faire. « 

Il faut dire que cet attentat est intervenu au lendemain de la levée partielle du dispositif sécuritaire drastique imposé sur la ville de Tizi-Ouzou, depuis un peu plus d’un mois. Un dispositif actionné suite à des informations faisant état de 500 kgs d’explosifs qui auraient été introduits dans le territoire de la wilaya.

Alors que des opérations de ratissage de grande envergure poursuivent leurs cours dans différentes localités de la wilaya, l’attentat d’hier est destiné, selon certains analystes de la question sécuritaire, à desserrer l’étau sur plusieurs terroristes pris entre les mailles des forces de l’ANP qui se sont déployées dans la région d’une façon assez remarquable.

Le nombre de troupes de l’Armée nationale populaire ainsi que la logistique de guerre déployés sur les hauteurs de la wilaya de Tizi Ouzou n’a jamais été aussi important que cette fois-ci depuis l’apparition du phénomène terroriste en Algérie. Ce qui laisse supposer que les services de sécurité ont flairé la présence d’un important groupe terroriste dans les parages. En témoigne d’ailleurs la multitude d’attentats à la bombe commis ces derniers mois dans la région.

M.A.T.

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