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Les promesses d’aide à l’Afrique en débat

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Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, et les chefs d’Etat d’Afrique du Sud, d’Egypte, du Nigeria et du Sénégal, en tant qu’artisans du Nepad, programme stratégique multisectoriel visant le “ renouveau ” du continent, ont été invités par la présidence allemande du G8. Se trouvant le 25 mai en terre africaine, à Pretoria, le Premier ministre britannique, M. Tony Blair, a appelé, pour sa part, les leaders du G8 à “ prendre position ” en faveur du continent le plus pauvre de la planète, reconnaissant implicitement que les pays riches n’ont pas respecté leurs engagements. Sous le feu des critiques, il a précisé que certains des pays du G8 se sont engagés de nouveau à respecter les promesses de Gleneagles, à la veille du sommet en Allemagne.

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Ainsi, le président américain, M. George W. Bush, a fait appel au Congrès pour doubler le financement de la lutte contre le sida et de concrétiser l’engagement qu’il a pris au nom des Etats-Unis de porter l’aide américaine à l’Afrique subsaharienne à 8,67 m USD d’ici à 2010.

Se voulant rassurante, l’hôte du sommet du G8, la chancelière allemande Mme Angela Merkel, a récemment affirmé que l’objectif de doubler l’aide à l’Afrique à l’horizon 2010 “ sera finalement atteint ”. De leur côté, les pays africains, soucieux d’assurer la transparence dans la gestion de l’aide internationale, ont harmonisé leur appareil administratif commun, en décidant, lors d’un sommet spécial en mars à Alger, de créer d’ici à un juin 2008 une agence rattachée à la Commission de l’Union africaine (UA), en lieu et place du secrétariat du NEPAD.

Les dirigeants africains ont, en effet, reconnu que le secrétariat du Nepad faisait parfois double emploi avec les structures spécialisées de la Commission de l’UA. Mais, il existe un problème plus fondamental qui entrave le développement de l’Afrique, qui ne sera cependant pas, du moins officiellement, discuté dans la station balnéaire de Heiligendamm, sur la mer Baltique.

Car, en plus de leurs engagements non tenus, les pays les plus développés, les Etats-Unis et les pays européens notamment, en voulant diminuer les subventions allouées à leurs agriculteurs, dressent des barrières insurmontables à l’entrée des produits africains, faussant le jeu de la concurrence sur les marchés internationaux. Dans le même ordre d’idées, le problème des subventions agricoles compromet aussi les négociations multilatérales, dites “ cycle de Doha ”, sur la libéralisation du commerce international, lancées en 2001 dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’ONU, dans son rapport 2005 sur le développement humain, a souligné, toute fois, que le “ problème fondamental ” sur lequel achoppent les négociations avec l’OMC sur l’agriculture peuvent être résumées en trois mots : “ (les) subventions (des) pays riches ” qui ne cessent d’augmenter. Le rapport a, en outre, relevé que les pays les plus riches ont donné durant l’année 2005 un milliard US d’aide aux pays pauvres dans le domaine de l’agriculture, alors qu’ils ont alloué à leurs agriculteurs, sur la même période, l’équivalent d’un peu moins d’un milliard US par jour. Il faut rappeler que le G8 n’est pas une organisation, mais un forum informel regroupant l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et la Russie depuis 1996.

Depuis le lancement du Nepad en 2001, ses initiateurs sont régulièrement invités aux sommets annuels du G8, lesquels traitent à chaque fois des “ problèmes ” de l’Afrique. Rappelons que les dirigeants des pays les plus développés, réunis à Gleneagles, en Grande-Bretagne, ont solennellement promis de doubler l’aide au développement en faveur de l’Afrique, de 25 milliards de dollars US en 2005 à 50 milliards US en 2010, à l’occasion de l’année internationale de l’Afrique en 2005. A cet effet, ils se sont t engagés à effacer le reliquat des dettes extérieures d’un montant de 43 milliards US pour 33 pays, les plus pauvres du monde. Mais deux ans après Gleneagles, force est de constater que l’essentiel de ces promesses, n’a pas été tenu. Par ailleurs et dans son rapport sur le développement global des finances 2007, publié fin mai, la Banque mondiale (BM) a affirmé que l’Aide publique au développement (APD), après avoir atteint 106,8 milliards de dollars en 2005, a baissé en 2006 à environ 103,9 milliards de dollars, “semant le doute quant à la réalité des engagements pris lors du sommet du G8 de Gleneagles ”, a souligné le même rapport. La BM a également averti que “ si les tendances actuelles se poursuivent, la pauvreté n’aura diminué que de 37 % en Afrique à l’horizon 2015, date butoir fixée pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ”.

Ces objectifs, selon la BM, consistent notamment, à réduire de moitié l’extrême pauvreté et la famine dans le monde et d’assurer l’éducation primaire pour tous. De leur côté, les ONG internationales ont fait savoir que le trou entre le montant des aides promises par le G8, en 2005, à l’Afrique et la totalité des aides réellement octroyées, depuis, au continent, a atteint 30 milliards US.

Face à ce constat, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé à “ consolider le partenariat mondial ” avec l’Afrique et à apporter avec plus d’efficacité une aide plus conséquente au continent, dans un message à l’occasion de la Journée internationale de l’Afrique, le 29 mai. Plus explicite, il dira que pour faire de réels progrès dans la lutte contre la pauvreté, la maladie et l’analphabétisme en Afrique “ nous devons consolider le partenariat mondial que nous avons créé afin d’atteindre les OMD, notamment en apportant avec plus d’efficacité une aide plus conséquente, en accordant des remises de dette et en rendant le commerce plus équitable ”.

Nabila Belbachir

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