Les Républicains inquiets

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L’ANR de Rédha Malek et le MDS de Hocine Ali, en l’occurrence, ont exprimé de vives appréhensions à l’endroit du projet suggérant son caractère liberticide à l’encontre des libertés politiques.

Ainsi l’ANR a averti sans ambages que  » si ce projet venait à se concrétiser, il consacrerait la réduction des libertés et la limitation des droits politiques des partis.”

Le MDS pour sa part, par la voix de son secrétaire général, Hocine Ali, que nous avons contacté, hier, tout en reconnaissant n’avoir pas pris connaissance du texte, n’exprime pas moins l’avis  » au regard des comptes rendus de presse  » que le projet procède d’une approche antidémocratique « . Et cela a-t-il argumenté, dans la mesure où il  » distingue arbitrairement, entre petits et grands partis « . Volontiers ironique, il fera remarquer que les conditions requises dans le projet de loi sont tellement draconiennes  » que même le FLN ne pourrait les satisfaire ! « . Et le responsable du MDS de prendre pour exemple de son affirmation les 5% du nombre d’électeurs inscrits dans une circonscription qu’un parti devrait faire valoir pour prétendre briguer un mandat électif.  » Je doute fort que le FLN ait atteint ce score à Alger… « .

Par ailleurs, il démontrera le caractère fallacieux du prétexte du nombre trop élevé des partis en Algérie comme l’une des raisons ayant motivé l’intention de révision.  » Plus de 80 partis ont participé aux élections législatives françaises selon le ministre de l’Intérieur français lui-même ! Serions-nous plus royalistes que le roi ? « , s’est-il interrogé.

Pour Hocine Ali,  » au lieu de ce faux remède contre la désaffection populaire des joutes du 17 mai, il aurait plutôt fallu prendre en compte les recommandations de la Commission de surveillance et surtout de songer comment renouer avec la confiance populaire, dans la mesure où le taux d’abstention avait sanctionné la classe politique globalement « .

Il s’agirait d’ajouter à ces arguments la question de savoir en fait ce qui justifie le qualificatif de “ grands partis” attribué aux formations notamment de la coalition. Jusqu’à preuve du contraire – et ce n’est sûrement pas la sanction du 17 mai qui le démentirait, il est en fait connu que ces partis ne sont grands que par l’importance des quotas dont ils bénéficient. Et puis qu’a-t-on à prendre pour boucs émissaires des formations dites petites alors que contrairement aux  » grandes  » désavouées aux dernières législatives, elles font, pour certaines d’entre elles, leur première expérience en matière de participation électorale.

Par ailleurs, il est pour le moins simpliste d’imputer le fort taux d’abstention aux législatives du 17 mai aux seuls parasitages des petites formations et autres marchandages des voix, et par conséquent conclure à des failles que recèlerait la loi électorale à cet égard.

Cela dans la mesure où les seuls préjudices du parasitisme partisan des petites formations et les pratiques de corruption électorale présentés comme uniques raisons de l’échec de la dernière consultation n’est qu’une hypothèse qui demanderait à être démontrée. Ceci d’une part. D’autre part, de par cet argument, les partis de l’Alliance présidentielle se veulent complètement exempts de toute responsabilité quant à la sanction populaire qui a caractérisé les résultats du dernier scrutin.

Or, qu’est-ce qui empêcherait de s’interroger légitimement quant au mécontentement de l’électorat qui aurait eu pour objet, aussi, la gestion peu satisfaisante de l’Alliance au pouvoir cinq années durant ? Une hypothèse qui en vaut une autre, à tout le moins.

D’où la question de savoir si au lieu de l’objectif assigné à la révision de la loi électorale – l’assainissement de la scène politique et sa moralisation-, elle ne porterait pas atteinte à la pluralité des sensibilités politiques de la société. Car au-delà de l’opportunisme électoraliste de quelques-uns, l’on ne semble pas avoir pensé au droit à l’expression de potentialités politiques qui, toutes modestes seraient-elles du point de vue de l’organisation partisane, n’auraient pas moins de grandes et belles idées à faire valoir…

H. O.

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