Madi remplace Bouaoudia

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Le FLN a tôt fait de désigner en son sein un nouveau remplaçant à Abdelhafid Bouaoudia suspendu par arrêté du wali pris le samedi après-midi. “J’ai immédiatement démissionné de mon mandat d’élu en protestation contre l’arrêté de suspension notifié par le wali qui n’a pas souffert d’attendre la fin de la procédure judiciaire”, indique l’ancien P/APC.

Ce dernier avait été récemment condamné par le tribunal d’Amizour qui statuait en vertu du privilège de juridiction, à une amende dans une affaire de droit commun l’opposant à un co-élu de la liste FLN. Importateur bien en vue de produits carnés qui s’est forgé une solide image dans l’action caritative, Abdelhafid Bouaoudia auquel on ne connaissait aucun passé politique particulier a été “enrôlé” par le FLN dans sa liste pour les élections municipales partielles de novembre 2005. Une “affaire” qui s’avérera payante puisque le FLN parviendra à remporter beaucoup de suffrages chez les milieux populaires les plus déshérités auprès desquels M. Bouaoudia est perçu comme une sorte de néo-Robin des bois. Pratiquant une politique “sociale” des prix, l’importateur de viandes congelées se présente volontiers- un slogan qui colle à toutes ses initiatives de commerçant et, plus tard, d’homme politique- comme le “père des petites bourses” ou encore- en kabyle dans le contexte”, “baba-si imeghban”. Même si la liste de l’ancien parti unique ne ravit que cinq des vingt-trois du fait que sa liste avait obtenu la majorité relative.

Mais le mariage Bouaoudia-FLN ne va pas tarder à montrer ses limites. Celui-ci se montre irrité par les aspects procéduriers de la fonction et les limites de ses pouvoirs. Son caractère entier et “pratique” cadre mal avec la culture du parti. L’opposition “indépendante” persifle sa gestion “folklorique”. Le FFS et le RCD jouent le pourrissement. Rapidement, il est désavoué par la mouhafada. Des clashs à répétitions surviennent avec ses co-élus. Il entend qu’il n’a nullement besoin de leur collaboration pour mener à bien sa mission de P/APC.

Dans une réunion chaotique, il traite un de ses co-élus de tous les noms d’oiseaux. Il sera condamné pour injures par le tribunal d’Amizour. Le verdict tombe comme une divine surprise pour beaucoup. Le wali le saisit au vol et procède à la “suspension” d’un élu d’un parti de la coalition gouvernementale en se lavant ainsi des suspicions d’utilisation politicienne de la loi, lui qui avait déjà révoqué pour les mêmes motifs le maire FFS de Tichy. Comme pour montrer toute leur “solidarité” à l’égard du P/APC déchu, les élus FLN procèdent, sitôt connue la nouvelle, à l’élection d’un nouveau maire. Dans un ultime sursaut d’orgueil, Bouaoudia va au-delà de ce qu’il encourt : il abandonne complètement son mandat et jure même de ne plus se faire prendre au jeu de la politique.

Par avance, il écarte, dans une déclaration faite hier à la Dépêche de Kabylie, l’éventualité de se représenter aux élections de novembre prochain. “Je ne pense pas me représenter, il n’y a pas un brin de sincérité dans ces sphères-là”, dispose-t-il. Amen

M. Bessa

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