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Les autres victimes du terrorisme…

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En effet, deux ans après l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, nombre de cas de victimes du terrorisme restent irrésolus. En plus des personnes assassinées, qui sont, par ailleurs considérées victimes de la tragédie nationale, sous quel angle doit-on aborder le cas des personnes menacées par les groupes armés et ayant été contraintes ainsi à l’exil ou à la désertion de leurs postes de travail ?

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Le problème de ces cas  » de victimes  » reste entier et se pose aujourd’hui encore. Alors que l’Etat était incapable d’assurer leur sécurité durant la décennie noire, saura-t-il aujourd’hui faire face et régler ce problème ?

Des milliers de ces cas existent et sont en phase de revendiquer leur dû à la République. Professeur d’enseignement secondaire (PES) dans un lycée à Tizi Ouzou, I. H, 38 ans et père d’une petite fille, ne sait à quel saint se vouer ou à quelle autorité se plaindre ? Son cauchemar a débuté lorsqu’il a décidé d’accomplir son service national en 1996.

Après avoir satisfait à ses obligations, un extrait de l’avis de radiation de la troisième région militaire de l’Armée nationale populaire, dont nous détenons une copie l’atteste, I. H. reçoit une lettre de menace du groupe islamique armé (GIA) des katibate El-Djouhd du Centre du pays. Dans cette missive de mort, les terroristes reprochent à I. H. son accomplissement du service national.

Dans la même lettre de menace on peut lire  » selon la Charia islamique approuvée par les chefs des groupes armés, activant en Algérie, il est strictement interdit à tout Algérien d’accomplir son service national, quelles que soit les circonstances  » et d’ajouter  » ainsi, les chefs des groupes armés, ont l’honneur de vous informer qu’une décision est prise à votre encontre suite à l’infraction que vous avez commise et cette décision consiste à vous égorger dès votre apparition et quel que soit le lieu et le moment « , lit-on encore dans la lettre qui date de 1996 et porte un cachet du GIA.  » Toutes mes demandes de réintégration sont restées lettres mortes « , avoue, désemparé, I. H. Dans une lettre qu’il veut adresser au président de la République,  » la victime  » rappelle que la Commission de wilaya pour l’application des dispositions de la Charte pour la paix, vu l’ordonnance n° 06.01. du 27 février 2006, portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, vu le décret présidentiel N° 06.124. du 27 mars 2006, fixant les modalités de réintégration ou d’indemnisation des personnes ayant fait l’objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale, le dossier administratif présenté par I. H, devant la commission de wilaya siégeant pour la réintégration ou d’indemnisation des personnes ayant fait l’objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale a décidé le rejet du dossier de M. I. H., en contrepartie, la même commission avait décidé que  » Monsieur le Directeur de l’éducation de la wilaya de Tizi Ouzou est chargé de l’exécution de ce dossier « . Avec cette décision, I. H. serait en droit de réintégrer son poste de PES.

Par ailleurs, un autre fait a été reproché à I. H, il s’agit de  » l’abandon du poste de travail « . Dans un autre document portant décision de la Direction de l’éducation de la wilaya de Tizi Ouzou de  » déchoir I. H. du titre de PES à cause de l’abandon de poste « . Avec cette décision, I. H. possède un justificatif de désertion de son poste de travail vis-à-vis de la loi. Un abandon provoqué par cette menace de mort et qui l’a conduit à s’exiler, laissant derrière lui sa femme et sa famille.

 » Même avec ces décisions, je n’arrive pas à réintégrer mon poste d’emploi « , se désole notre interlocuteur, qui compte interpeller le chef de l’Etat et le ministre de l’Education nationale quant à cette situation qui n’a que trop durée.

Certaines questions s’imposent d’elles-mêmes, pourquoi la Direction de l’éducation de Tizi Ouzou refuse-t-elle d’appliquer les décisions de la commission de wilaya ?

Ceci est l’exemple que les hautes autorités du pays doivent prendre en considération.

Ce genre de victimes se demandent aujourd’hui  » si elle sont concernées par l’ordonnance présidentielle portant application de la Charte pour la paix” ? ou alors le statut de victime ne leur sera-t-il-pas attribué ?

Mohamed Mouloudj

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