“Le dossier est dépourvu de preuves”

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Me Aït Ali, en charge du dossier du journa liste algérien Saïd Sahnoun, condamné pour atteinte à la défense et à l’économie nationale, ainsi que d’espionnage pour le compte d’Israël, ne cesse de crier l’innocence de son client. C’est le but de la conférence de presse animée, hier, au sein de son cabinet à Tizi Ouzou, en présence de l’épouse de Saïd Sahnoun. L’avocat de ce dernier a retracé le parcours du journaliste en mettant l’accent sur les faits reprochés à Saïd Sahnoun, tout en insistant qu’aucun crime n’a été commis et que son client ne faisait qu’assurer sa mission de journaliste d’investigation.

C’est ainsi que le fait d’avoir répondu à une invitation par les autorités israéliennes, en 1995, au même titre qu’un groupe de journalistes arabes, pour assister à un colloque, a été retenu contre Saïd Sahnoun, selon son avocat. “Ce serait, selon le tribunal criminel, une preuve que le journaliste soit impliqué dans des histoires d’espionnage”. Selon Me Aït Ali, Saïd Sahnoun était responsable d’un journal qu’il avait créé à l’époque en Côte d’Ivoire. “Avant de répondre à l’invitation des autorités israéliennes, Saïd Sahnoun a demandé l’autorisation des autorités algériennes qui lui a été accordée. A chaque entreprise, mon client demandait des autorisations aux autorités algériennes”, insiste l’avocat de Sahnoun.

Cependant, aucune trace de ces autorisations n’a pu être trouvée, pour la simple raison que toutes les permissions obtenues par Sahnoun étaient verbales. Ceci dit, le journaliste a donné une liste des noms des responsables qui lui ont accordé ces autorisations devant le tribunal criminel, selon Me Aït Ali, qui insiste sur le fait que “les éléments constituant le chef d’inculpation ne sont pas réunis et que l’accusation n’est pas fondée”.

A Saïd Sahnoun, on reproche également d’avoir effectué des synthèses de la revue de presse sur l’actualité en Algérie, alors qu’il travaillait pour le compte de l’ambassade d’Espagne comme attaché de presse. Dans le cadre de son travail, il avait effectué des comptes-rendus sur la base d’articles de presse, sur la situation en Kabylie lors des évènements du Printemps noir, selon l’avocat de Sahnoun. “Aucun secret d’Etat n’a été pénétré. Il ne faisait que rapporter des informations qui étaient à la portée du grand public”, selon Me Aït Ali.

“Ce sont là les faits reprochés à mon client et qui lui ont valu une condamnation à 10 ans de réclusion criminelle, alors que le procureur a requis 20 ans de prison. Un crime qu’il n’a jamais commis”, ajoutera-t-il avec désolation en insistant sur le fait que son client n’a jamais reconnu être un agent double, comme les rumeurs le faisaient croire. “Mon client n’a jamais nui à son pays”, dira-t-il. Un pourvoi en cassation, auquel aucune réponse n’a encore été donnée a été engagé. L’ultime espoir, notamment pour la famille de Sahnoun, de prouver l’innocence de ce dernier.

Samia A.

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