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La bataille du sable

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Ce conflit, vieux de 15 ans, a pris par ce fait une tournure aussi décisive qu’inattendue puisque les propriétaires des unités d’extraction de sable sont désormais dos au mur face à une décision administrative signée par le premier magistrat de la wilaya. Toutefois, et pour mieux cerner les différents aspects du dossier, son historique et son véritable impact, nous avons jugé utile de reprendre depuis ses débuts l’affaire.

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Aux origines du conflitPour mieux saisir, la portée d’une telle décision, il est indispensable de retracer l’itinéraire de cet impitoyable bras de fer qui oppose les propriétaires de sablières aux autorités publiques. La commission technique qui a décidé la fermeture de ces sablières fut installée le 2 novembre 1999 par l’arrêté n° 553 du 1er août 1999, modifié par l’arrêté 3185 du 24 décembre 2000.Elle a donc vu le jour, exactement huit ans après le premier arrêté de fermeture décidé par l’ex-wali Hamimed, en 1992.Regroupant tous les services techniques de la wilaya (DHW, les Domaines, DRAG, DTP, DMI, DSA, DUCH, conservation des forêts, direction de l’environnement plus un représentant de l’APW) cette structure est présidée par le wali lui-même ou à défaut par son secrétaire général. Dès les premiers jours de son installation, elle s’est attelé à reprendre à zéro tout le travail effectué par la défunte commission de l’ex-wali. Son programme de travail s’est essentiellement axé sur la désignation des sites exploitables en précisant leurs quantités et leurs durées. Aussi, ladite commission proposait périodiquement les techniques les plus appropriées pour la captage des alluvions (sable, gravellettes, etc..) et adapter les mesures nécessaires pour protéger les ouvrages d’art et les zones de forage. Mais plus que cela, elle avait aussi et surtout la délicate tâche de proposer (puis exécuter) des mesures dissuasives pour éradiquer les exploitations illicites.Aussi étrange que cela puisse paraître, les sablières de la wilaya de Tizi Ouzou ont reçu le premier arrêté de fermeture (signé par cette même commission) en date du 17 juin 2000, soit près de six mois après l’installation de la structure. Mais à défaut d’une coopération effective des propriétaires qui se sont farouchement opposés à cette pression, les autorités ont usé d’un autre moyen pour maintenir la pression sur les patrons des sept sablières concernées. Ce dernier consiste à arracher l’engagement des propriétaires (en leur faisant signer des cahiers des charges) à protéger l’oued et sa nappe phréatique qui s’est dangereusement amoindrie sous l’effet des extractions sauvages du sable.Malheureusement, la majorité des sablières n’ont pu honorer leurs promesses. Entre temps, oued Sebaou plongeait graduellement dans une catastrophe écologique sans précédant dans la région. Une catastrophe qui n’a pas tardé à endommager même la couche protectrice de l’oued.L’extraction illicite de sable s’effectue, faut-il le rappeler, dans une bonne quinzaine de communes à Tizi Ouzou au vu et au su de tout le monde et pour espérer une éventuelle renaissance de la couche protectrice, il faudrait éradiquer cette pratique et laisser l’oued reprendre son souffle pour au moins… six ans.

Le verdictEn date du 16 janvier 2005, sous la présidence du wali, la commission chargée du suivi de l’exploitation du sable a définitivement statué sur le sort de neuf sablières. L’arrêté du wali signé le 24 janvier dernier stipule clairement que les unités d’exploitation du sable de l’oued Sébaou doivent immédiatement cesser leur activité. Ainsi, et au-delà du déplorable état de l’oued, certains échos proches de la commission soutiennent qu’une telle décision est venue freiner d’autres formes de préjudices puisque, affirment-ils, plusieurs forages d’eaux ont été dénudés puis emportés par les crues de l’oued causant d’interminables perturbations dans l’alimentation des populations en eau potable. A cela s’ajoute la disparition précoce de plusieurs hectares de terres agricoles qui s’enfoncent dans la vase de l’oued et devient au contact de la nappe phréatique des sables prêts à l’extraction. Cela sans évoquer les endommagements subis par les différents ouvrages d’art (notamment les ponts) qui traversent ou jouxtant l’oued. Ces derniers étant devenus plus fragiles avec la démunition des couches protectrices.De fait, les autorités ont immédiatement entrepris d’instruire tous les services de la mise en application de l’arrêté, à commencer par le groupement de la gendarmerie qui s’est chargé de notifier la décision aux sablières Amri Salem (Mekla), sablière Bailèche (Mekla), EURL Mekla, Sarl Amraoua (Tizi Rached), SPA ’’la Rive’’ (Oued Aïssi), SARL Seddiki (Tizi Ouzou), Sarl Hannachi (Tizi Ouzou), Sagrenas Aït Saïd (Tadmaït) et sablière Ramdani de Bordj Sébaou.Depuis quelques jours donc, toutes ces unités sont textuellement sommées de cesser toute extraction et il semblerait qu’aucune sablière n’a, pour le moment, osé transgresser la décision. Qu’a cela ne tienne, la rue kabyle demeure ’’hantée’’ par une nuée d’interrogations quant au devenir de cette activité : s’agit-il d’une décision définitive ? Les propriétaires et les employés touchés par cette mesure auront-ils droit à des dédomagements ? Comment, où et à quel prix peut-on, désormais, acquérir du sable pour les différentes constructions ? Mais cela, il faut l’avouer, est une autre paire de manches…

Ahmed B.

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