Libération de Florence Aubenas

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Libérée la veille à Baghdad, la journaliste de Libération était en route dimanche pour la France, où elle était attendue en fin de journée à l’aéroport de Villacoublay, dans la banlieue sud de Paris. Partie d’Irak avec deux heures de retard en raison d’un vent de sable, l’ancien otage devait faire escale à Chypre, où devaient la rejoindre le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy et le patron de Libération, Serge July. Libéré lui aussi, son guide irakien Hussein Hanoun a retrouvé sa famille à son domicile de Baghdad, où l’ont conduit les autorités françaises. Amaigri mais en bonne santé, il s’est jeté dans les bras de son épouse et de ses enfants à sa sortie de voiture. La libération des deux otages a été officiellement annoncée en milieu de matinée par le ministère français des Affaires étrangères. « Florence Aubenas et Hussein Hanoun ont été libérés. Florence Aubenas est actuellement en route pour la France », a rapporté le porte-parole du Quai d’Orsay. « Ce n’était pas simple du tout, c’était une opération dangereuse pour nos hommes, extrêmement dangereuse, qu’ils ont menée avec un parfait professionnalisme », a précisé l’ambassadeur de France à Baghdad, Bernard Bajolet. La famille de l’otage avait pour sa part été prévenue dès samedi par Jacques Chirac lui-même. « On a eu un appel du chef de l’Etat nous annonçant qu’elle était sécurisée à Baghdad, ce qui était déjà un énorme soulagement, et ce matin, on a eu la confirmation du Premier ministre qu’elle était dans un avion et qu’elle quittait l’Irak », a déclaré sur France 2 le frère de Florence, Olivier Aubenas. « Je croyais que je savais ce que signifiait le mot bonheur et il n’en était rien, c’est beaucoup mieux que ce que j’en pensais, c’est une vraie déflagration », a déclaré sur France Info la mère de la journaliste, Jacqueline, qui sera dimanche soir sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay, « les bras en avant, bourrés de larmes et de baisers ».

« JOIE DE LA FRANCE TOUT ENTIÈRE » Le président Jacques Chirac, qui se rendra à Villacoublay dimanche soir, a exprimé « la joie de la France tout entière » lors d’une intervention radiotélévisée diffusée à la mi-journée. Le Premier ministre Dominique de Villepin a salué pour sa part un « heureux dénouement ». La rédaction de Libération, où l’on a sablé le champagne, était en liesse. « C’est un truc qu’on attend tellement que quand on l’apprend, c’est irréel », a déclaré une journaliste Dominique Simonnot. Selon le directeur de la rédaction du quotidien, Antoine de Gaudemard, Florence Aubenas est en bonne santé et « il n’y a pas eu de mauvais traitements ». Trois otages roumains retenus en Irak pendant un mois et demi ont annoncé dimanche qu’ils avaient été emprisonnés dans la même cellule que Florence Aubenas. « J’ai appris sa libération il y a 20 minutes et je suis très heureux que notre consoeur, qui était avec nous dans la cellule, ait été libérée », a déclaré Sorin Miscoci, caméraman de la télévision privée Prima TV détenu en Irak pendant 55 jours avec deux autres journalistes, Marie Jeanne Ion et Ovidiu Ohanesian. Ils ont tous les trois été libérés le 22 mai. « Submergé par la joie », le secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, s’est refusé à tout commentaire sur les circonstances de la libération des otages « Il trop tôt pour bâtir des scénarios. Il y a des hypothèses, on pourra les vérifier dans les jours qui viennent », a-t-il dit. Robert Ménard avait évoqué la veille, avant de se rétracter, une demande de rançon de la part des ravisseurs des otages. Une fête en l’honneur de Florence Aubenas est prévue dimanche soir place de la République, située non loin des locaux du journal Libération.

SOULAGEMENT A BRUXELLES La Commission européenne s’est réjouie de la libération de la journaliste française de Libération Florence Hussein et de son guide irakien Hussein Hanoun. « La Commission invite l’ensemble des factions en Irak à libérer tous les otages qui restent en captivité ainsi qu’à poursuivre leurs objectifs par le biais du processus politique, et non par la violence et l’intimidation », indique l’exécutif européen dans un communiqué. A Strasbourg, le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Terry Davis, a exprimé son soulagement à la nouvelle de la libération des deux ex-otages. « C’est avec une joie et un soulagement immenses que j’ai appris la nouvelle de leur libération. « Après la joie de la libération jeudi en Afghanistan de la jeune humanitaire italienne Clementina Cantoni, c’est avec grand bonheur que nous apprenons cette nouvelle. Mes pensées vont maintenant avec espoir vers les autres personnes détenues en otages à travers le monde’, a-t-il dit, en qualifiant les prises d’otages d' »actes indignes et lâches ne pouvant servir en aucune manière quelque cause que ce soit ».

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