Le FLN a quelque chose à se reprocher

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Au-delà du texte qui constitue une première en la matière, les débats passionnés que la question a soulevés laissent à penser que les députés, tout comme une bonne partie de la classe politique, ne croit toujours pas à sa teneur, à commencer par ceux du parti majoritaire, c’est-à-dire le FLN. C’est donc autour de généralités, approximatives du reste, que certains parlementaires sont intervenus. Hormis un député MSP qui a demandé un amendement sur l’article 15 de l’avant-projet qui porte sur la protection des sources, pour ajouter celui des journalistes, les autres intervenants se sont focalisés sur le côté plutôt moral du texte. Ainsi, par exemple, Ahmed Dane du MSP a profité des débats pour introduire une clause religieuse à la question. Pour lui, le problème de la corruption dans notre pays n’est pas dans les textes mais dans « la culture de l’Etat ». Cette notion veut dire pour lui « s’inspirer du Coran et avoir peur de Dieu ». C’est tout. Les lois ne veulent rien dire pour lui. Quant aux arrestations et poursuites opérées ces derniers temps, il n’y voit que « des règlements de compte ». Le point de vue est partagé par plusieurs de députés. Un représentant du Front de libération nationale se pose même la question sur « les visées de cette loi » ou encore « pourquoi maintenant », sans pour autant apporter du nouveau. La remarque la plus étrange est venue du fait que les parlementaires du FLN ont tous, ou presque, dénoncé cet avant-projet de loi et se sont limités, uniquement, aux constats que tout le monde partage d’ailleurs.Quant au texte lui-même, il y a lieu de signaler que des questions sensibles y sont inscrites telle la déclaration du patrimoine « à la prise de fonctions et à la fin de celles-ci ». Cette disposition concerne tous les intervenants dans la sphère publique, à commencer par le président de la République, le chef du gouvernement et ses ministres, les parlementaires jusqu’aux élus et responsables locaux. Il est également question de créer une instance nationale chargée de la prévention et de la luttecontre la corruption. Pour le garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, cet avant-projet de loi est élaboré parce que la corruption est « devenue non seulement une obsession nationale, sinon une obsession qui occupe au premier plan l’intérêt de toute la société internationale ». C’est justement en se basant sur des textes et conventions internationales en la matière que le ministère de la Justice a décidé d’élaborer cet avant-projet de loi qui sera adopté lundi prochain. La surprise ne risque certes pas de se produire puisque, comme d’habitude, l’adoption ne sera qu’une simple formalité, mais il faut relever d’ores et déjà la gêne que pourrait provoquer ce texte chez certains élus. L’exemple a été donné par les représentants du FLN qui ont décrié, de manière claire, la loi. Non pas qu’elle son mauvaise mais que des maires de la même formation politique ont été poursuivis en justice. C’est probablement là, le problème.

Ali Boukhlef

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