Le désarroi by night

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Une séance a été consacrée avant-hier par les services de sécurité combinés (police judiciaire et gendarmerie), en vue d’alerter l’opinion publique sur cette problématique sociale qui mérite tant l’attention de tout un chacun.

A ce titre, une opération combinée police-gendarmerie a été “aménagée”. En arrivant au siège de la police judiciaire de Bab El Oued, nous avons rencontré Selma, une jeune fille de Sétif, âgée de 18 ans, ayant fait une fugue ce jour-là. Cette dernière, toute pâle et fatiguée, nous confia à chaud ses propos :  » J’ai eu terriblement peur de mon père, c’est alors que j’ai quitté la maison.”

“Celui-ci a cru à une version racontée par quelqu’un qui s’intéressait à moi, lui disant que j’ai passé la journée avec un garçon, alors que moi j’étais chez le médecin, étant diabétique « . Après un petit silence, elle ajoute :  » Mon père s’est rapidement dirigé vers le lycée pour confirmer cette version. C’est à ce moment là qu’il m’a battue et m’a interdit d’aller au lycée. » Et d’enchaîner :  » De ce fait, j’ai pris la décision de quitter la maison et je n’ai pas appelé mes parents, dans le but de me venger ; puisque personne ne s’inquiète à mon sujet. »

L’officier de la cellule chargée des mineurs a affirmé que: « Je ne peux pas la juger jusqu’à ce que j’écoute la deuxième version, celle de ses parents.

Mais pour les contacter, Selma refuse de nous donner leurs coordonnés. » En outre, l’officier Amirouche, avec qui nous avions fait une virée à travers la capitale, a signalé pour sa part que Selma n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’une très longue liste, car le phénomène ne cesse, hélas, de prendre de l’ampleur dans notre société.

La police et la gendarmerie pour la sécurité du citoyen

Pendant notre sortie avec la police et les gendarmes à la rue Bachir Ou Arras, à Alger, un jeune a été suspecté, après avoir été fouillé par la police, ce denier portait sur lui une arme blanche et buvait de l’alcool dans un lieu public. Ainsi, plusieurs personnes ont été également trouvés en train de boire dans des lieux publics. De ce fait, les gendarmes les ont avertis à ce sujet. En allant vers le jardin Marengo, 6 personnes ont été mises à la fouille, mais rien de suspect n’a été trouvé chez eux. Il est à peu près 21h, l’ambiance à la pêcherie a été comme morte, mais en allant un peu plus loin, on a aperçu un groupe de pêcheurs autour du feu qui se préparaient à aller travailler vers 2h du matin, ces derniers n’ont rien de suspect chez eux. S’agissant de cet endroit, l’officier Amirouche a fait savoir que la pêcherie est l’un des points importants pour les harragas.

Enfants, femmes et hommes… dans la rue !

Il est environ 22 h 30 mn; l’image qu’offre la capitale de nuit est rayonnante, voire c’est une ville belle et attrayante à distance. Mais au fur et à mesure qu’en rentre en son sein, ses quartiers, ses ruelles offrent un tableau paradoxal à l’impression de départ. Au centre d’Alger, il est étonnant comment une si belle capitale soit complètement transformée pour devenir le théâtre d’un autre genre ! Un grand nombre de personnes n’ont d’autre toit que le ciel, ainsi, leur seule et unique demeure reste un coin de la rue ! Une femme âgée d’une cinquantaine d’années, effarouchée au départ par la présence des journalistes et les flashs des caméras, approchée et rassurée, elle se livre à nous: « Je suis originaire de Constantine,… mendiante afin de subvenir aux besoins de mes cinq filles et mon mari qui est malade. » Un homme et son fils âgé d’à peine neuf ans étaient endormis à même le sol. Notre arrivée à La Casbah les a arrachés à leur sommeil, c’est alors que le père nous révèle : « Je me suis retrouvé avec mon fils dans la rue, car je n’ai plus les moyens financiers de payer un loyer et d’assurer un toit à mon fils malade et ma femme qui est actuellement à l’hôtel. » L’officier chargé des mineurs l’a rassuré qu’ils seront pris en charge dans un centre, a dit leur que : « Nous allons vous transférer dans un centre, il n’est plus question de laisser un enfant de neuf ans exposé aux agressions extérieures. » A la pêcherie, au dortoir des pêcheurs, les éléments de la police judiciaire et ceux de la gendarmerie ont surpris un pêcheur avec sa campagne. Cette dernière, âgée de 29 ans, mère de trois enfants a crié haut son désarroi et sa misère :  » Je vivais bien avec mon mari, il a demandé le divorce. Depuis je travaille dans la journée comme serveuse et la nuit je travaille dans un bar. » Un des officiers l’a convaincue d’aller rejoindre un centre, elle et ses trois enfants qui vivent actuellement chez sa sœur.

La toxicomanie se répand à tout vent !

Après une longue marche dans l’enceinte du stade Ferhani, à Bab El-Oued, il est environ 23 h30mn ; six jeunes, âgés entre 15 et 40 ans, emmitouflés dans des couvertures de fortune, dormaient paisiblement jusqu’à notre arrivée. Fort contrariés, ils crièrent en déclarant indésirable notre présence : « On ne veux pas être photographiés, » répugnèrent-ils.

L’un d’eux, nommé Salah, connu notoirement par la police, s’est affolé. Mais après qu’ils l’ont rassuré, il a tout de suite confié son histoire, il nous la résume en une phrase :  » Je suis né dans la rue et je demeure encore à la belle étoile, sans toit « .

Son ami nous a relaté la sienne:  » J’ai quitté la maison à cause de ma belle-mère. Elle m’a rendu la vie insupportable. Elle me battait à chaque fois…

Je suis en justice à cause d’un vol, et pour oublier mes problèmes je me suis adonné à la toxicomanie et c’est la même chose pour mes amis. » En effet, leur nombre est en évolution constante, autant que leurs histoires diffèrent par leur récit, leur misère demeure semblable !

Lemya Ouchenir

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