Accueil Évènement Cheikh Ouelhadj Illourmane, guérisseur et precheur de paix

Cheikh Ouelhadj Illourmane, guérisseur et precheur de paix

10635
- PUBLICITÉ -

Son histoire est une succession de faits. Les différents moments vécus dans la recherche du remède qui ne venait pas ne sont pas près de quitter sa mémoire. Il se rappelle de ces moments passés avec sa cousine dans les zaouias et auprès des différents guérisseurs de Kabylie pour quémander une thérapie pour l’enfant malade. Il a déambulé des années durant dans ces lieux de culte où les intégristes sont exclus devant la “nia” de nos prédicateurs, attirés par le seul souci de semer la bonne parole, le respect d’autrui et la croyance sans soubassement idéologique ou politique.

- PUBLICITÉ -

Depuis son jeune âge, Ouelhadj est hanté par la sainteté de ces lieux.  » J’ai été malade durant le plus clair de mon enfance « , a-t-il révélé. Sa cousine le ramenait en quête de remède depuis l’âge de 6 ans et ce durant 5 ans. Tous les deux, ils passaient des nuits complètes dans ces lieux.  » Un dona jailli en moi « , a-t-il avoué et d’ajouter qu’étant issu d’une famille de sage-femmes et d’aïeulx fondateurs de zawayas, il était prédestiné à cette pratique. Ses arrières-grands pères, comme Youcef, Moussa et Amar, ont la pratique religieuse authentique au bout de la langue et des doigts.

Cheikh Ouelhadj de Tizit à Illilten est cet homme qui veut par sa conscience perpétuer la tradition de guérison et la pratique religieuse de Kabylie. Loin de tou tintamarre idéologique qu’on colle à tort et à travers à la religion musulmane, cheikh Ouelhadj est ce Kabyle qui ne veut pas céder à la tentation politique des intégrismes de tous bords. La place qu’occupait cette médecine naturelle dans nos coutumes et traditions est sa passion de toujours. Se reconnaissant dans la tariqa errahmania, cheikh Ouelhadj a connu pratiquement toutes les zawayas reconnues à l’échelle nationale. Tout comme les walis essalihine, lui aussi il prêche la paix et la justice. Il évoque lors de la discussion le rôle majeur joué par les zawayas dans les résistances populaires de la Kabylie contre le colonialisme. D’autres faits historiques de la région ont été évoqués par notre interlocuteur. La fameuse histoire d’Aheddad El Qalus. Sur ce volet, il a indiqué que la plupart des maâmra de son village ont été fermées au cours de cette période.

Sa quête de rédemption et de sagesse l’a menée à Guelma. Avec cheikh Azzedine El-Boukhari de la tariqa el-amaria, il eut El-Idjaza, synonyme d’agrément pour la pratique de la guérison.

Il a été destiné à cette pratique, peut-on relevé dans ses dires. Issu d’une famille connue pour ce genre de rites.

Petit-fils de Dahbia At Ibrahim, sage-femme de la région. Cette femme a eu le Mitaq de la main de cheikh Aheddad de Seddouk.  » Elle a appris les 60 versets coraniques « , tenait-il à nous informer et d’ajouter que Taxalwit de sa grand-mère existe toujours. Par ailleurs, il a souligné que deux de ses cousines sont aussi sage-femmes. Il s’agit de Tassaâdit, décédée et de Ldjouher qui vit toujours à Alger.  » Grâce à ma grand-mère, la prière du vendredi était instituée au village de Tizit « , a indiqué le cheikh.

A Boudjellil, le cheikh Oubelqassem lui a certifié la pratique de guérison en genre Tabaâuct et les soins avec les plantes médicinales.

Cheikh Mohand Oulhoucine, un repère incontestable

 » J’ai vécu là-bas cinq ans, avec Si Djaffer, un descendant de cheikh Mohand Oulhoucine « , nous a appris cheikh Ouelhadj. Au mausolée de cheikh Mohand,  » j’ai eu le Mitaq dans la Tariqa Errahmania et j’ai appris la guérison par le Coran.  » Depuis ce pèlerinage, cheikh Ouelhadj n’a cessé de mettre sa connaissance au service du bien, de la bonté et de conseils précieux pour les visiteurs qui viennent des quatre coins du pays. sur ce point, les témoignages des gens venus sollicités son aide sont surprenants.

Un fait a attiré notre curiosité. Le cheikh a indiqué que la plupart des prophètes ont senti la sainteté qui les hante à l’âge de 11 ans. Les walis Essalihine, ainsi que lui, ses penchants vers cette pratique religieuse saine ont jailli à cet âge. Abordant cheikh Mohand Oulhoucine, cheikh Ouelhadj dira qu’il a eu la hikma depuis l’enfance. Au mausolée du cheikh Mohand Oulhoucine l’histoire tonitruante de cet homme de religion et de kabylité a été apprise à tout le monde. Le même récit revient sur tous les lèvres. Du berger qu’il était dès son enfance, il devint l’éclaireur de toute la région de Kabylie durant les deux derniers siècles. Lorsque les Khwane venaient passer la nuit chez lui, lui, qui était fils d’un pauvre paysan. Son père ne pouvait subvenir aux exigences d’invités, se mettait en colère contre le jeune Mohand. Ce dernier en homme lucide et en poète lui rétorqua, selon cheikh Ouelhadj, qui a appris les poèmes de cheikh Mohand et ses citations par cœur :

A Muhend Lârvi At Lhussin

Ur Nezzi Timaghrussin

Ur Nestchi Tivexsissin

Yettsnagh-an Zziyar Ur Ten Yessin

Wahaq At Ahl Snesla

Ar Cix Muhend Waqila d Nnevi Wissin

Ar Dassen Ansa Ur Ten Nessin

Cheikh Ouelhadj nous a appris que depuis, le jeune Mohand Oulhoucine devint taleb chez cheikh Mohand El-Mokhtar des At Yenni. Par ailleurs, il a ajouté que cheikh Mohand fréquentait la zawiya de cheikh Aheddad.  » Il était consulté par tous. Il avait la bonne parole, même à un jeune âge », a-t-il affirmé. Et de confirmer que cheikh Mohand dénonçait le mal et il  » tranchait équitablement dans les conflits qu’on lui soumettait.  » Le cheikh a souligné, toujours à propos de cheikh Mohand, que face à  » la sauvagerie et les dépassements de la société, il était la justice kabyle. Il a mis de l’ordre quant il y avait du désordre.  » Abordant encore une fois un autre rôle de ces hommes de foi, cheikh Ouelhadj a estimé qu’ils ont apporté un grand soutien moral aux gens dans leur lutte contre le colonialisme. Sans évoquer le rôle majeur dans la société, il a ajouté qu’ils ont su apporter remède aux malades, réunir les villages autour de leurs biens, défendre le Nif. Il a souligné, d’autre part, que ces hommes ont défendu la langue et la culture amazighe et tous le pays par leurs verbes inspirés de la légendaire sagesse kabyle.

Cheikh Ouelhadj nous a confirmé que cheikh Mohand Oulhoucine est décédé le mardi 10 octobre 1901. Avant sa mort et s’adressant à ses fidèles, le cheikh leur disait que:

A Laxwan Lefjer Yulli-d

Tura Kan Id Yet3ella

Ekkert An Nembaqqit Slam

Lefraq Yussa-d Tamara

Wissen ma N3iwed Anemllil

Negh assekud ala assa

Il faut préserver notre culture

En fervent défenseur de la cause identitaire et de tamazight, cheikh Ouelhadj ne va pas par mille chemins pour tirer la sonnette d’alarme quant à la menace qui guette notre identité. Il appelle les gens à préserver nos traditions et coutumes. Sur ce point, il se rappelle les différents mouvements de protestations dont il a participé depuis qu’il était lycéen en 1985. Il a estimé qu’avec le respect et la défense de notre culture  » chacun vivra en paix et dignement chez lui.  »

En préservant la pratique de la médecine traditionnelle et ces rites religieux, cheikh Ouelhadj assure que la langue, la culture ainsi que notre pays seront épargné par l’acculturation.

L’Algérie, un grand pays par ses traditions

Le combat des Algériens à travers le temps a été aussi au centre de la discussion avec le cheikh.  » Notre pays est grand par ses traditions multiples, par le sacrifice de ses enfants. Il est beau par ses montagnes, son désert, sa mer…  » Il a ajouté qu’à chaque fois que le pays est menacé,  » lawliya Essalihine se mettaient de la partie pour nous défendre.  »

En outre, le cheikh a tenu à rendre un vibrant hommage aux Algériens qui se sont sacrifiés pour le pays. A propos des compagnes infamantes contre le pays, le cheikh a estimé que  » l’Algérie restera toujours algérienne et libre.  » Sur ce point, le cheikh n’a pas cessé de dire:  » J’ai bien peur que nos concitoyens renieront leur personnalité !  » Un autre hommage a été rendu aux étudiants, aux fellahs, aux intellectuels et autres catégories de la société. Cheikh Ouelhadj a tenu aussi à rendre un hommage aux martyrs de la Révolution et aux veuves de martyrs, qui, selon lui, comme les autres femmes, ont préservé notre langue et nos traditions.

Enfin cheikh Ouelhadj Illourmane a estimé que les villages de la région sont oubliés et de dire que  » Inchallah ils – les responsables- vont nous voir.  » Allusion faite aux innombrables problèmes dont laquelle végète la région d’Illilten, comme des tas d’autres régions de Kabylie.

Mohamed Mouloudj

- PUBLICITÉ -