«L’enquête sur la mort de mon fils est suspendue au canon d’un fusil»

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La Dépêche de Kabylie : Sept ans, jour pour jour, depuis que votre fils a été assassiné. Que ressentez-vous ?Na Aldjia : Je ne suis pas comme je le voudrais. Je suis dans un état d’amertume décidé par ceux qui ont détruit le pilier de mon foyer. Eux, continuent à vivre dans l’impunité et moi je me sens anéantie. Ils m’ont noyée dans un cauchemar continu. Ce qui me préoccupe le plus, c’est l’enquête sur l’assassinat de Lounès. Même si je meurs, d’autres vont réclamer toujours haut et fort la vérité sur mon fils arraché à la vie à la fleur de l’âge. Je ne baisserai pas les bras, je suis toujours déterminée à connaître ses assassins, je n’ai plus rien à perdre car ils ont exterminé mon foyer.

A comprendre par là, qu’il n’y a aucune évolution dans l’enquête sur l’assassinat de votre fils ?Comme on dit : «J’ai été frappé par le Français et j’ai porté plainte auprès de mon frère». Ce sont ceux auprès desquels nous sommes supposés nous plaindre qui l’ont assassiné. L’enquête de Lounès est suspendue au canon du fusil. Si tu oses la récupérer, ils te tueront. Ils nous ont assassinés et ils nous ont jugés.

Quel est votre sentiment devant ces milliers de gens en pèlerinage aujourd’hui dans ces lieux où repose Lounès ?Ma douleur s’atténue. Il y a du monde ici au village, et ce matin à Tizi Ouzou. A travers cette mobilisation, j’attends à ce que les principes pour lesquels il s’est sacrifié ne vont pas disparaître. Je souhaite que lumière soit faite au moins pour les générations à venir, à travers mon fils disparu.

Y a-t-il un élément nouveau au sujet des circonstances de son assassinat ?Non. La tempête est passée et la terre reste aride. … Et pour conclure ?J’appelle à tadukli de tous les Kabyles. Avec l’union, tout sera arraché. Sans elle, il n’y aura rien. Pour moi, la vérité sur Lounès restera une constante, à jamais, en moi.

Propos recueillis par Mourad Hammani

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