La Kabylie entre sérénité et appréhension à la veille du Ramadhan

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A Tizi-Ouzou, l’ambiance est plutôt morose et le moral n’est guère au beau fixe. La dégradation du cadre de vie mais surtout la détérioration de la situation sécuritaire en sont pour quelque chose. A plus d’une semaine du mois de carême, c’est déjà l’inflation grandissante : les prix augmentent de manière vertigineuse et le stress gagne du terrain. “ Je vous le dis en toute sincérité, je ne sais où donner de la tête ; mes nuits deviennent d’insupportables cauchemars ; je me pose la question sur la façon avec laquelle j’aborderai cette rentrée sociale. J’ai quatre enfants scolarisés que je dois absolument prendre en charge, le trousseau scolaire n’est plus à ma portée à cause de la cherté des articles scolaires mais surtout un minable salaire qui m’oblige à réduire mes dépenses au minimum vital”, expliquera Aïssa, la quarantaine passée, rencontré à la rue Ramali-Ahmed dans la ville des genêts. Il faut dire dans ce sillage que la multiplication des fêtes de mariage des dernières semaines à Tizi-Ouzou en raison naturellement du mois de carême a fait naître une terrible pression dans certains foyers, “ C’est vraiment infernal, ici, à Tizi-ville, on ne nous laisse pas souffler ; ce n’est pas que nous ne voulons pas des fêtes mais cela nous empêche de mieux aborder la rentrée. Les fêtes génèrent des frais supplémentaires que nous ne pouvons pas supporter”, nous indique notre interlocuteur.

Là-haut dans les villages, on se plaint moins…

L’ambiance qui précède la rentrée sociale et le mois de carême ne diffère pas trop en ville ou au sein des villages de Tizi-Ouzou ; cela donne lieu aux mêmes impressions ; les mêmes sentiments et préoccupations sont supportées par les citoyens. A Ouadhias par exemple les gens continuent à vivre normalement cet été caniculaire sans oublier cependant les faramineuses dépenses éventuelles de cette rentrée. “ Je pense que ce n’est pas la même chose que de parler de ce sujet : le contexte dans la ville n’est pas le même que celui des villages. Ici, les dépenses ne sont pas les mêmes. Contrairement à la ville, le budget de la rentrée peut être cerné et maîtrisé alors qu’en ville la vie est exigeante”, nous fait savoir Amokrane croisé à la sortie du café Mon village”, au centre des Ouadhias. Il est vraiment dans les villages qui surplombent les hauteurs de la “villes des genêts,” un principe qui demeure toujours la vertu des villageois : la solidarité c’est un principe qui se manifeste indubitablement dans ces périodes difficiles. “ Même si les temps qui passent ont négativement influencé notre société, je dois dire tout de même que l’esprit de solidarité hante toujours la vie des villageois”, ajoute Amokrane. Au milieu de ce pessimisme ambiant, la donne sécuritaire n’est pas en reste dans le débat qui précède la prochaine rentrée. Beaucoup à Tizi-Ouzou craignent pour leur vie. “ Avec les évènements de ces derniers jours, notre quotidien a été sensiblement bousculé et le rythme de notre vie perturbé ; nous envisageons ce mois de carême avec prudence”, nous dit en substance Hakim, un jeune qui habite le quartier “ sud-ouest” de Tizi-Ouzou. L’annonce du renforcement des moyens de sécurité diminuera peut-être le sentiment de crainte chez les Tizi-Ouzéens. Un autre jeune, Nabil, rencontré dans un espace jouxtant le siège de l’APC de Tizi-Ouzou abordera quant à lui le volet animation, “J’espère que les nuits ramadanesques seront animées comme l’année passée. Nous souhaitons voir se rééditer les soirées à la Maison de la culture ; cela décompressera les citoyens de l’angoisse des journées ramadanesques moroses”, dira-t-il. Il est tout à fait clair que cette rentrée sociale ne s’annonce guère sous de bons auspices à Tizi-Ouzou, laquelle ne fera certainement pas la particularité à l’échelle nationale. Les Tizi-Ouzéens devrons donc opérer une véritable gymnastique pour pouvoir satisfaire les exigence de la rentrée…Mais à quel prix?

A.Z.

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