Le wali debloque la situation

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Les citoyens issus des différents villages de Betrouna, mécontents de leurs conditions de vie mais surtout du manque “flagrant” d’infrastructures de base, ont procédé, au milieu de la journée d’hier, à la levée des barricades ayant bloqué l’axe de la RN12 menant vers la daïra de Mâatkas. La suspension de leur action de protestation menée la veille est venue suite aux garanties données par le premier magistrat de la wilaya, M. Mazouz. Ce dernier s’est engagé, selon M. Bellabès, un des membres de la délégation reçue par le wali, au lancement “très prochainement” des projets de développement afin de “désenclaver” le village de Betrouna. Rencontrés sur les lieux de la protestation, des jeunes issus de ces villages nous ont fait part de leur désespoir face à une situation qu’ils qualifient d’“invivable”. Djamel, 33 ans du quartier Kemouda nous déclare : “Nous avons toujours évolué dans des conditions pénibles. Nous les jeunes, nous n’avons aucun espoir. Notre village est dépourvu d’infrastructures pour la masse juvénile, nous n’avons même pas où aller, on se contente de déambuler dans les rues, c’est tout !”

Les jeunes refusaient de céder…

Il était environ 11h quand les représentants des citoyens protestataires, ayant été reçus par le wali, se sont dirigés vers la foule pour un compte rendu de cette rencontre. Aux déclarations rassurantes de la délégation les jeunes répondaient par des cris, refusant ainsi de lever le blocage de la route et de suspendre leur action avant d’avoir un engagement par écrit du wali de Tizi-Ouzou. Il aura donc fallu, aux représentants des comités de quartiers du village Betrouna, user de beaucoup de sagesse pour convaincre les jeunes lesquels par moments, voulaient bloquer l’autoroute Tizi-Ouzou – Alger, M. Bellabès nous fera savoir que la localité de Betrouna a de tout temps souffert du “mépris des responsables locaux, à leur tête le P/APC de Tizi-Ouzou. Notre village ne bénéficie même pas du transport scolaire, nos enfants sont contraints de dépenser quotidiennement près de 300 DA, rien que pour le transport. Nous dénonçons ce mépris des autorités. On nous a qualifiés de citoyens “trop doux,” voilà ce que donne une pareille attitude méprisante, même le chef de daïra a refusé de nous recevoir, c’est inadmissible !” Ce dernier nous dira que de grands projets traversent la localité sans pour autant que la population puisse en bénéficier. “C’est le cas du gaz de ville, je pense qu’il est anormal que des villages limitrophes bénéficient par exemple du gaz, à l’image de Bouhinoun, alors que nous, on en est privé”. Un autre citoyen affirmera que Betrouna “reçoit”, tous les rejets des divers assainissements. “Il y a un sérieux danger sur notre santé du fait des réseaux d’AEP et d’assainissement, trop proches des foyers,” nous dira notre interlocuteur.

Betrouna, l’oublié du programme de développement ?

Les citoyens de Betrouna ne comprennent pas comment et alors que leur village compte le plus grand nombre “en matière de population, en parallèle, le village n’a reçu presque aucun projet de développement.” “Lorsque nous avons menacé les responsables de fermer l’APC, le président nous a dit que les villageois de Betrouna ne sont pas à la hauteur d’une telle action, on est là même si nous ne sommes pas des casseurs,” nous dira M. Bellabès. Plusieurs citoyens, rencontrés, nous ont fait part de leur misère. “A quelques pas du chef-lieu de wilaya. Nous avons l’impression que les responsables de l’APC de Tizi-Ouzou nous détestent car Betrouna appartient à la famille révolutionnaire. Vous pouvez constater par vous-mêmes l’état de délabrement du monument des Chouhada, c’est une autre forme de mépris”, indique M. Belkacem.

De son côté, Hacen Belkacem membre de la Coordination des comités de villages déclarera : “Betrouna est victime d’injustice depuis belle lurette.

La population est plus que jamais décidée à faire aboutir ses revendications.” Même si donc ce blocage de la RN 12 du côté de la rocade Sud du chef-lieu de Tizi-Ouzou, a été levé en milieu de la journée d’hier, les citoyens nous ont confié qu’ils ont prévu de réinvestir la rue “si les engagements du wali ne sont pas tenus et concrétisés sur le terrain”. Les responsables en question sont donc, cette fois-ci, a priori, avertis.

A. Z.

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