Accueil Évènement «Notre force résidait dans le travail, le respect et la discipline»

«Notre force résidait dans le travail, le respect et la discipline»

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La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord quelles sont vos nouvelles ?

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Aouis Kamel : Actuellement, je suis au repos ! J’ai débuté cette saison avec Zemouri mais j’ai arrêté ces derniers jours pour me reposer un peu, puisque mon retour au monde du football remonte à 1999 où j’ai entraîné plusieurs clubs et c’est la raison qui m’a poussé à prendre la retraite proportionnelle de l’Enieme depuis 4 ans.

Racontez-nous vos débuts dans le football ?

En réalité, mon sport préféré était le handball. C’est un sport que j’ai pratiqué durant mon enfance, d’ailleurs, j’ai signé ma première licence dans cette discipline avec le club de Telemly-Tagara, mais les après-midis, on jouait au football dans mon quartier de Salembier, ce qui a attiré l’attention de mon frère qui a insisté pour que je signe pour le club du quartier en junior, donc j’ai débuté ma carrière de footballeur à l’âge de 18 ans.

Puisque vous êtes d’Alger, pourquoi vous n’avez pas signé dans un club algérois ?

Je ne vous cache pas que j’étais un grand supporter de l’USMA, mais les dirigeants de l’époque ne m’ont pas approché, au contraire, j’étais tout prêt à signer au CRB puisque la majorité des joueurs de mon quartier atterrissaient dans ce club vu sa proximité de notre cité, mais le défunt Abdelkader Khalef en a décidé autrement, c’était en 1974.

Et comment aviez-vous signé à la JSK ?

Après l’obtention de mon bac, je me suis inscrit à l’INIL de Boumerdès où je faisais partie de la section universitaire avec mon ami Derridj, qui était déjà joueur à la JSK, donc ce dernier m’a proposé de rejoindre le club, chose que j’ai faite. En effet, je me suis déplacé avec lui à Tizi Ouzou et il m’a présenté à Abdelkader Khalef, ce dernier m’a soumis à un match d’entraînement pour voir de près mes capacités, donc, c’est à partir de là, que j’ai débuté mon aventure avec la JSK, et ma première saison avec les Jaune et Vert était en 1972.

Justement comment avez-vous réussi à concilier les études et le football ?

C’est une question d’organisation, certes à l’époque le club nous a beaucoup aidé, d’ailleurs des fois, il dépêchait un entraîneur sur place pour m’entraîner moi et Derridj, c’est aussi le club qui assurait notre transport de l’université au stade, mais tout de même il y a des sacrifices à faire et surtout une grande volonté, c’est ce que j’essaye d’inculquer aux jeunes, il ne faut pas abandonner les études et ne pas s’éloigner du football.

Vous êtes venu d’Alger et la majorité des joueurs de l’époque sont de la région, est- ce que vous avez eu des problèmes d’adaptation ?

En toute sincérité, non ! Au contraire, j’ étais vite adopté par les gens, étant donné qu’il n’y avait pas de rivalités néfastes, donc, j’ai trouvé un climat sain et très encourageant. Au début, je ne connaissais que Derridj et Larbès, puisque ce dernier était avec moi à la sélection d’Alger, par la suite, j’ai sympathisé avec tout le monde et on formait une famille, l’avantage de la JSK de l’époque, c’est que les anciens aidaient les nouveaux à s’intégrer dans l’équipe, chose qui m’est arrivée, en suite moi-même, j’ai fait la même chose avec les nouveaux venus.

Est-ce que vous vous souvenez de votre premier match avec la JSK ?

Ça c’est passé par hasard, je me souviens que c’était lors d’un match de Championnat contre le NAHD, à Oukil Ramdane, Dali s’était blessé et j’ai fait ma première apparition sur le terrain pour le remplacer et depuis ce jour, je suis devenu titulaire dans l’équipe type, d’ailleurs durant la première saison, j’ai joué presque tous les matchs.

Vous avez passé 13 ans à la JSK, vous avez sûrement passé des moments émouvants ?

Déjà, dès ma première saison, j’ai gagné le premier titre qui avait une saveur particulière, et je tiens à vous rappeler que la saison d’avant 71-72, le club a flirté avec la relégation, et une année après, on a gagné le titre, donc c’est les deux extrêmes. En effet, j’ai voulu insister sur ce titre qui reste historique puisque c’est le premier du club, et je ne vous cache pas qu’avec ce sacre, on a donné à toute une région une joie indescriptible, en plus de ça, j’ai eu la joie de partager beaucoup de bons moments avec mes coéquipiers : j’ai gagné sept titres de championnat, une Coupe d’Algérie, une Coupe d’Afrique et une Super coupe d’Afrique, mais il y avait la saison 1976-1977 qui reste exceptionnelle puisqu’on a gagné le doublé et sur le plan personnel, j’ai terminé mes études et j’ai eu mon ingéniorat.

Etant buteur, vous avez marqué beaucoup de buts, quelles sont les réalisations qui vous sont restées en mémoire ?

Vous savez, dans la carrière d’un joueur, il se pourrait qu’il marque des buts spectaculaires dans un match qui n’a pas d’enjeux et dés fois, des buts décisifs ; pour moi, le but que j’ai marqué contre le CRB en 1977, était exceptionnel suite à un joli retourné et il y avait aussi les deux buts que j’ai marqué contre le Zimbabwe, qui nous ont permis de nous qualifier.

Durant votre carrière, quels sont les entraîneurs qui vous ont le plus marqué ?

Dans ma carrière, j’ai eu beaucoup d’entraîneurs et chacun d’eux, a ramené un plus pour moi, en commençant par Popescu, qui m’a entraîné durant ma première saison.

Il a une grande rigueur et a imposé une grande discipline, mais les entraîneurs avec qui j’ai beaucoup travaillé, c’était Khalef et Zywotco, il y’avait aussi Rachid Makhloufi qui m’a pris en sélection.

Comment viviez-vous la pression des supporters de la JSK, qui sont connus pour leur exigence ?

Moi, personnellement, je n’ai pas vécu cette pression étant donné que je n’habitais pas à Tizi Ouzou, je venais seulement pour les entraînements et les matchs mais il faut vous avouez que les supporters de l’époque, étaient des connaisseurs et en plus, ils nous ont adulé, au contraire, je vous dirais qu’ils nous aidaient énormément.

En quelle année avez-vous arrêté de jouer ?

Ma dernière saison était celle de 1984-1985, bien que j’aie voulu arrêté l’année d’avant mais Mahieddine Khalef a insisté pour que je reste, donc je lui ai promis de jouer la Coupe d’Afrique, puis j’ai continué jusqu’à la fin de la saison. J’avoue qu’il y avait plusieurs facteurs qui m’ont poussé à raccrocher, il y avait le facteur âge, puisque j’avais 33 ans, il y avait aussi la famille qui s’est agrandie, car à l’époque j’avais 4 enfants, donc il fallait m’en occuper davantage, et bien entendu, j’ai repris mes études en management des entreprises où j’ai fait un magistère.

Vous êtes resté 14 ans loin du football, quelles sont les raisons qui vous ont poussées de revenir comme entraîneur ?

Il faut que vous sachiez que j’étais sollicité à plusieurs reprises durant cette période, mais je n’ai pas pu, à cause de beaucoup de facteurs, mais en 1999, la JS Azazga, a insisté et j’ai accepté, et c’est à partir de là que j’ai réintégré le football si on peut dire, donc j’ai fait une belle saison avec ce club où on a réussi l’accession, en suite, j’ai entraîné beaucoup de clubs à l’image de l’ASTO, Boukhalfa, Menerville, et Zemouri, sans oublier, mon passage à la JSK où j’ai été adjoint de Coste qui était un grand entraîneur, malheureusement, il n’a pas eu de chance avec la JSK, puisqu’on a signé un contrat d’objectif avec le club et on a raté l’objectif majeur qui est la Coupe d’Afrique où on était éliminé dés le 1er tour par le Filo Star, donc la direction nous a remercié à la fin de saison.

Pour revenir à votre question, je crois toujours qu’il y a des valeurs qu’il faut transmettre à nos jeunes, puisque j’avais cette chance de passer à la JSK, j’essaie d’inculquer certaines valeurs fondamentales aux jeunes d’aujourd’hui.

Puisque vous avez entraîné beaucoup de clubs, quelle est la différence entre, vous les anciens joueurs, et la nouvelle génération ?

Je pense que les jeunes d’aujourd’hui n’adhèrent pas totalement aux valeurs de la réussite qu’on a connus nous, quand nous étions joueurs, notre force à l’époque était la discipline, le respect, et le travail, malheureusement, actuellement il y a une rivalité malsaine, pas de sérieux dans le travail et d’autres facteurs encore que nos jeunes ignorent.

Et que pensez-vous de la JSK de cette saison ?

Je pense qu’elle est sur la bonne voie, surtout avec l’arrivée du nouvel entraîneur, certes, elle a connu un début difficile mais elle a su faire une remontée spectaculaire, donc elle va jouer les premiers rôles comme d’habitude, je crois même qu’elle peut viser le titre, malgré que l’ESS a pris son envol, enfin, on l’espère pour elle.

On vous laisse le soin de conclure

Je vous remercie pour cet entretien, ça m’a fait plaisir de me remémorer un peu certains souvenirs et de revenir en arrière, j’espère que les jeunes qui liront cet article, s’inspireront des valeurs qui faisaient notre force, et bonne chance à la JSK.

Entretien réalisé par H. O.

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