Que reste-t-il de l’action humanitaire?

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“Je constate que le C-RA (Croissant-Rouge algérien) qui était une organisation de masse à l’époque du parti unique, se libère de ce statut que lui a infligé le FLN à l’époque. Il retrouve même sa vocation naturelle comme outil au service de la société non plus pour émanciper une idéologie politique mais plutôt pour service à une cause humanitaire,” : le constat est de Abdenour Abdeslam, chercheur luinguiste, fait en marge des journées portes ouvertes sur le Croissant et la Croix rouge organisées la semaine passée à Tizi-Ouzou.

M. Abdeslam ajoutera à ce sujet que c’est pour la première fois qu’il adhère à une initiative de ce genre “Tout un discours sur l’histoire du C-RA a été donnée en berbère de Kabylie par deux écolières qui ont réussi à traduire histoire du C-RA en berbère”, dira-t-il pour marquer la volonté de rupture qu’il a constaté. Il faut dire que malgré les multiples services rendus à la société, le Croissant-Rouge algérien a été, de tout temps victime du statut d’organisation de masse et l’image qu’il renvoyait surtout en Kabylie où le C-RA était beaucoup plus considéré comme un outil au service du pouvoir politique. Vu sous cet angle, les bénévoles qui activaient sous sa chapelle, ont peiné pour s’imposer dans un environnement hostile malgré la noblesse de la mission, chemin faisant, cet organisme humanitaire a subi les soubresauts de tiraillement interne qui l’ont éloigné de sa mission.

A Tizi-Ouzou et dans toute la Kabylie, le C-RA a été, malgré cela, d’une grande utilité pour les couches sociales défavorisées qui y ont trouvé un soutien indéfectible. Cependant, un bilan des activités du C-RA s’impose, plus que jamais, afin de corriger les lacunes du passé et ébaucher une perspective porteuse d’une vraie dynamique de relance de l’action humanitaire, à Tizi-Ouzou ou ailleurs. L’état des lieux est à ce sujet, peu reluisant. Il n’y a qu’à voir le patrimoine dont dispose le comité de wilaya du C-RA de Tizi-Ouzou, réduit à évoluer dans un siège exigu, loin de reflèter l’importance d’une telle structure. M. Aït Hamadouche, président dudit comité, abonde dans ce sens en énumérant les structures vides de leur vocation initiales : Le centre pour les S.D.F, la crèche qui croule sous les décombres de l’oubli, sont entre autres des structures à réhabiliter au profit du C-RA par ricochet des couches sociales les plus défavorisées. Dans un monde où l’utilitarime et les “donnons-donnons” règnent en valeurs dominantes, l’action d’aider et s’entraider résiste toujours aux chants de “chacun pour soi”.

Même si le vent du folklore et de l’activisme saisonniers a gangrené d’importants points de l’action sociale gagner par l’esprit de corruption, il reste que les centaines de bénévoles sont toujours là pour venir en aide aux démunies. A Tizi-Ouzou, par exemple, les héritiers de Feu Si Mohamed El Kechai, fondateur du comité de wilaya résistent à toutes les tentations, et tentent de redonner à l’action humanitaire toutes ses lettres de noblesse.

A. Z.

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