Aboudjerra Soltani, tortionnaire ?

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L’information a été rapportée par le journal suisse Le Matin, dans sa livraison du 19 octobre. Le journal a rapporté que Aboudjerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix, MSP, “ancien ministre du Travail algérien… est accusé de torture et failli être arrêté ce week-end à Fribourg”, mais, ajoute toujours le journal, “il s’est enfui”.

Selon Renaud Michiels, rédacteur du papier, cette histoire de torture dont Aboudjerra Soltani est accusé remonte à 1998. Le dénommé Nouar Abdelmalek travaille au ministère algérien de la Défense dénonce Soltani pour “une affaire de recrutement d’un jeune islamiste”. Ces informations relayées par l’Association suisse contre l’impunité (Trial), ajoute, cette dernière que, « M. Abdelmalek, devenu journaliste, réitérera ses accusations ». “En 2005, il affirme être arrêté et torturé des jours durant.” “Supplice du chiffon, décharges électriques, tournevis dans une cicatrice récente”, a-t-il raconté pour les membres de l’Association Trial. Or, ajoute le journal, selon Abdelmalek, “c’est Soltani qui dirige la séance de torture. Nouar Abdelmalek vit aujourd’hui au sud de la France”, souligne le journal suisse et d’ajouter qu’“avec un statut de réfugié politique, précise Philip Grant, président de Trial. Preuve que les supplices qu’il a endurés sont reconnus”.

L’affaire a été déterrée la semaine dernière, lorsque les membres de l’association ont appris que Aboudjerra Soltani, accusé d’être “le bourreau présumé vient à Fribourg donner une conférence « . Selon le journal, un avocat est mandaté. S’appuyant sur la Convention contre la torture, il espère que Soltani soit arrêté puis jugé. Rapportant les déclarations du juge d’instruction, le journal affirme que le juge, Jean-Luc Mooser, “a reçu la plainte lundi, il y a une semaine”. Le juge avait pour mission de vérifier si Soltani n’est pas protégé par une immunité diplomatique puis décide “pour juger de sa crédibilité” d’auditionner la victime en présence d’un psychiatre. Manifestement convaincu, et puis, “le juge Mooser charge la police de trouver le tortionnaire présumé et de le convoquer”.

Soltani a été vu vendredi à Genève, mais n’a jamais été à Fribourg, où il était attendu samedi, note Damien Chervaz, l’avocat du supplicié, relate le journal. “Il a dû être mis au courant et s’est enfui.”

“Après avoir nourri un espoir, mon client est effondré”, note Me Chervaz. “Quant au bourreau présumé, qu’il soit coupable ou innocent, peu de chances qu’il revienne en Suisse”, a-t-il soutenu et de préciser que “mais si justice n’a pas été rendue, on a aussi l’impression d’avoir échappé à une seconde affaire Kadhafi, avec l’Algérie cette fois-ci”. Questionné par le journal Le Matin sur ce que se serait passé si Soltani, à Fribourg, avait refusé de suivre la police ? Damien Chervaz a estimé qu’il “aurait fallu l’arrêter, quel que soit l’impact diplomatique”, et souligne, pour sa part, le juge Mooser que, “formellement, j’avais l’obligation d’investiguer, point”. “Je voulais entendre l’accusé. Puis éventuellement le confronter avec son accusateur”, a-t-il ajouté et d’informer que “je n’avais pas décidé de la suite à donner”.

Cette grave accusation, dont est victime un ministre d’Etat, sans portefeuille, faut-il le préciser, et néanmoins, chef d’un parti islamiste membre de l’Alliance présidentielle, vient s’ajouter à ses déclarations sur la corruption. Il faut souligner aussi que Aboudjerra Soltani fait, ces derniers temps, face à une crise interne aiguë au sein de sa formation, le MSP. Saura-t-il se défendre face à ses détracteurs qui ne manqueront, sûrement pas, de sauter sur cette occasion en or qui leur est donnée.

M. Mouloudj

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