Merci l’Egypte !

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Le match Egypte – Algérie, qui ne devait être qu’une rencontre sportive, aux enjeux énormes, il est vrai, révèle d’une fort belle manière et crûment les clivages socio-politiques dans “le monde arabe”. Ainsi, le monde entier a vu le scandale du Caire et le lynchage programmé contre la délégation algérienne. Des voix se sont élevées de partout pour condamner ces actes odieux et exprimer leur désapprobation. En zappant d’une télé arabe à une autre, nous n’avons enregistré aucune réaction, ni dénonciation. Dans tout ce magma du “monde arabe”, seuls nos frères tunisiens et marocains se sont solidarisés avec nous et ont dénoncé le guet-apens du Caire. Loin de nous l’idée de trouver des faux-fuyants dictés par un échec de l’EN, mais le constat doit être fait et les Algériens l’ont également fait. Les pays arabes ont visiblement un problème avec l’Algérie. En ce sens que non seulement ils soutiennent l’Egypte agresseur, mais sont devenus les ennemis de notre pays. Durant la campagne médiatique égyptienne, qui a débuté des semaines avant le 14 novembre, il a été dit clairement que l’Algérie a accédé à son indépendance grâce à l’Egypte. Tout en reconnaissant que des pays amis nous ont aidés, à l’image de l’Egypte, mais aussi de la Yougoslavie de Tito, notre indépendance a été arrachée et acquise grâce aux seuls sacrifices des meilleurs enfants de l’Algérie. Ils ont été un million et demi à consentir le sacrifice suprême pour que vive l’Algérie libre et indépendante. Et c’est justement cette guerre de libération, unique dans l’histoire de l’humanité, qui provoque un complexe chez nos “frères arabes”. Aujourd’hui, l’on ne peut réécrire l’Histoire, d’autant plus que l’on est plus fiers de la nôtre et de son héritage. La décennie du terrorisme barbare qu’a vécue l’Algérie a été un autre indice de la “fraternité arabe”. Le plus proche d’entre ces pays arabes nous avait abandonnés à notre sort, tandis que la plupart ont financé et aidé leurs “frères dans le djihad”. L’Algérie s’en est sortie, une fois de plus, grâce à ses enfants. Services de sécurité, ANP et patriotes ont fait front contre le mouvement terroriste, l’a vaincu et rétabli l’Etat algérien dans sa plénitude.

Il est vrai que beaucoup de “frères” se sont frotté les mains et ont applaudi la disparition de l’Algérie de la scène régionale et internationale. Cette disparition forcée et momentanée a été perçue comme une véritable aubaine. L’arrivée de Bouteflika au pouvoir va fausser les calculs de tous ces croque-morts, puisque non seulement il réhabilite l’image de l’Algérie à l’extérieur, mais lui fait reprendre sa place sur les scènes régionale et mondiale. “Le monde arabe” se trouve coincé dans ses complexes, ses compromissions et ses retournements de veste. Ainsi, l’Algérie est le plus solide et le plus fidèle soutien à la cause juste des Palestiniens. Ces derniers, au moment où tout “le monde arabe” leur tournait le dos, avaient trouvé aide et assistance auprès de notre pays, et ce au moment où c’était politiquement incorrect de soutenir les combattants palestiniens. Faut-il rappeler tout de même que nous demeurons le seul pays arabe important qui n’ait jamais eu de contact avec l’Etat sioniste. Cet épisode footbalistique nous renseigne à quel point nos concitoyens veulent devenir des Algériens avant tout. L’algérianité et le désir de la réaffirmer à la face du monde ont été déclenchés par onze gladiateurs qui jouent le rôle d’un miroir, réfléchissant notre propre image, celle d’Algériens fiers de leur histoire, jaloux de leur patrie et prêts à se sacrifier pour elle. L’accueil réservé, à chaque occasion, à nos invités étrangers renseigne sur notre désir de paix, de coexistence et d’amitié. L’Algérien veut être lui-même et assume son identité chaque fois qu’il sent que la dignité de son pays est menacée. Au moment où les harragas bravent la mort de la Méditerranée, l’émotion était à son comble hier, sur la rue Didouche-Mourad, en voyant ces jeunes Algériens exhiber fièrement leurs passeports verts et demander une place pour aller à Khartoum. Devant cette image, on est presque tenté de dire merci à l’Egypte.

Ch. A.

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