Toudja : Un délégué de l’Union européenne visite le Musée d’eau

Partager

Un délégué de l’Union Européenne s’est rendu, samedi, dans la commune de Toudja, « la patrie de l’eau », située à quelque 40 km à l’Ouest de la ville de Bgayet, pour visiter le Musée d’eau inauguré officiellement, le 20 mars dernier.

Cette visite, selon M. Aït Sahlia, l’un des concepteurs de ce musée, s’inscrit dans le cadre des travaux d’inspection de l’UE qui a chapoté le financement de ce projet, unique en son genre en Algérie, par le truchement de son programme d’appui aux associations algériennes de développement (ONG II).

L’invité s’était interrogé entre autres, ajoute-t-on, sur le nombre de visiteurs et le genre de personnes qui se sont intéressées à ce musée.

Après la visite du musée, l’hôte de Toudja a effectué une virée guidée à la source d’eau millénaire d’El Aïnseur qui a alimenté l’antique Saldae (Bgayet), puis à Avridh n’Waman (la route de l’eau).

Chargé donc, par l’UE d’inspecter ce projet qu’elle a financé en grande partie, ce délégué est censé rédiger un rapport devant être remis à son institution, selon notre source.

Profitant de la présence de ce délégué les concepteurs d’Akham n’Waman (la maison d’eau), implanté dans l’ex-Souk El Felleh, cédé par l’APC suite à une « délibération historique », lui ont fait connaitre le projet envisagé de la reconstruction des vingt moulins à eau. D’ailleurs, affirme M. Aït Sahelia, un document intitulé « L’utilisation de l’eau à Toudja » et « Le chemin des moulins » a été remis à l’inspecteur de l’Union européenne.

En effet, les Toudjis sont connu pour leur savoir-faire séculaire relatif à l’usage de l’eau. En plus de son utilisation domestique, l’eau de Toudja était aussi instrumentalisée comme source d’énergie afin d’actionner des moulins à eau pour la mouture des céréales.

Justement, M. Aït Sahlia, à qui ce projet tient à cœur, est propriétaire d’un moulin à eau hérité de son père.

« On va essayer de les reconstituer, c’est le savoir-faire de nos ancêtres. Mon père était un meunier, c’est lui qui s’occupait de la maintenance du moulin, et ma mère était la meunière », s’est il souvenu le vieux sage avec nostalgie, lui qui veut « perpétuer la mémoire de ses parents et leur savoir-faire ».

La raison de la destruction de ces moulins remonte, selon notre interlocuteur, à l’époque coloniale : « A partir de 1956, pendant la guerre de Libération nationale, l’armée coloniale interdisait aux habitants d’utiliser ces moulins pour moudre leur graines. Les habitants étaient contraints par l’armée coloniale à se ravitailler en vivres auprès des services de l’armée (SAS) qui leur délivre des bons de rationnement de vivres contrôlés ».

Sans doute, le but de l’armée française était d’empêcher l’approvisionnement des Moudjahidine à partir de ces moulins, a-t-on précisé.

Cependant, la concrétisation du rêve de M. Aït Sahlia est retardée par des contraintes d’ordre financier. Il cherche, pour le moment, un sponsor afin de l’aider, dit-il, à restaurer son moulin avant l’hiver prochain où il est impossible d’entamer ce genre de travaux, puisque les moulins sont établis sur un ravin.

En attendant de trouver un éventuel sponsor, les services de l’environnement de l’APC de Toudja ont été saisis pour effectuer le nettoyage du chemin des moulins et son assainissement.

Il est vrai qu’avec la réalisation du Musée d’eau inauguré le printemps dernier, à la veille de la Journée mondiale de l’eau célébrée le 22 mars, le projet envisagé de reconstruire les moulins à eau, et par son site archéologique (l’Aqueduc de Tihnaïne), un mot kabyle signifiant piliers, la commune de Toudja tend à développer une vocation touristique des plus prometteuses.

Interrogé sur le nombre de visiteurs enregistrés dès l’ouverture du Musée au grand public, M. Idir Chibane, l’un des gérants d’Akham n’Waman, nous dira que depuis l’inauguration jusqu’au 21 juin, le nombre de visiteurs dépassait les 100 personnes par jour.

Toutefois, du début de la saison estivale au premier jour du Ramadan, l’on a noté une moyenne de 85 visiteurs par jour. Mais, l’on s’attend, selon notre interlocuteur, à un rush au Musée dès le mois d’octobre, surtout le week-end, avec des visites guidées constituées de groupes d’écoliers et d’étudiants des universités.

Aussi, M. Chibane nous a indiqué que des visiteurs viennent d’autres wilayas du pays telles que Bouira, Boumerdès, Alger, Oran, Sétif…et même de l’étranger.

En effet, une famille venue de la Pologne a déjà visité le Musée, nous a-t-on annoncé en plus des gens qui sont venus de Tunisie, de France et d’Allemagne.

Boualem Slimani

Partager