L’Europe s’ouvre à l’Algérie et vice versa

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L’idée de s’ouvrir sur le marché européen qui était juste un projet signé le 22 avril 2002 à Valence, suite à une longue concertation et une série de pourparlers, est devenue donc une réalité. Cela étant, le jour  » J  » est arrivé. Un événement tant attendu auquel l’Algérie s’est préparée et a pris tous les dispositifs nécessaires pour le mener rationnellement et l’appréhender dans des meilleures conditions. Une commission technique de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de la libre-échange a été installée mardi dernier au siège de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie en présence d’un nombre important d’opérateurs économiques. Cette commission sera chargée d’assurer la concertation avec les opérateurs économiques algériens afin de permettre une évaluation régulière. Elle aura également pour tâche, la prise en charge des requêtes des entreprises en relation avec l’application du démantèlement tarifaire pour les produits industriels et des concessions accordées pour les produits agricoles et agroalimentaires. C’est ce qu’a indiqué El Hachemi Djaâboub lors de l’installation de ladite commission. Pour les pouvoirs publics, l’application de cet accord augure sous de bons auspices pour l’économie nationale. Selon le ministre, la mise en œuvre de l’accord d’association va « engendrer un accroissement des importations en provenance de l’UE au détriment des autres partenaires algériens », en même temps que l’accord « offre aux entreprises algériennes des opportunités d’exportations avec un meilleur accès aux marchés de 25 pays européens ». En effet, en vertu de cette nouvelle dynamique commerciale, les importateurs algériens auront l’occasion de changer la destination d’où ils s’approvisionnent en privilégiant l’Europe, surtout que les droits des douanes seront plus compétitifs. Ce qui fait, que très prochainement, la production en provenance de l’Europe viendra concurrencer la marchandise asiatique (chinoise) qui a inondé notre marché. La possibilité de choix s’ouvrira ainsi au consommateur algérien. L’exonération totale des droits des douanes pour les produits industriels portant sur des matières premières et autres intrants destinés au fonctionnement ne sera qu’une aubaine pour l’opérateur économique algérien. Plusieurs secteurs seront touchés par l’application de cet accord, y compris celui des importations. Ce dernier verra une réorganisation dans le fonctionnement, dans l’optique de limiter les opérations frauduleuses qui le caractérisent et d’aller vers une importation utile. Une mesure qui s’impose, sachant que 80% de la consommation algériennes est importée. M. Naït Abedelaziz du patronat a corroboré que pas moins de 3 milliards de dollars sont déboursés chaque année dans l’importation des produits agroalimentaire. Le CNIS souligne dans son rapport que sur les 80 000, 40 000, soit la moitié, sont réguliers. Le reste opère dans l’informel. Pour faire barrage à ces derniers, il a été instauré dans le cadre de cet accord d’association un certificat d’origine appelé EUR1. Celui-ci permettra, selon les dires de M. Lébib,  » une traçabilité parfaite des marchandises « . D’après ce dernier, seulement la marchandise d’origine de la communauté algérienne ou européenne bénéficiera des avantages tarifaires. Le contingent tarifaire est un autre système introduit dans ce contexte. Il sert à limiter la marchandise pouvant bénéficier de préférences commerciales. L’octroi de ces dernières se fera selon le principe appelé « premier arrivé, premier servi « .

Ce que pensent les opérateurs économiques Le moins que l’on puisse dire, c’est que les avis divergent. Chaque opérateur a son point de vue. Mais la plus part, d’entre eux, ont exprimé leur inquiétude. Nait Abdelaziz de la Confédération nationale des patronats algériens (CNPA) estime que cette démarche est  » impérative, car elle s’impose d’elle-même « .  » Nous ne pouvons pas reculer, le tire a été lancé et donc nous devons faire face à cette nouvelle de données  » nous dit notre interlocuteur tout en se montrant optimiste quant aux tenants et aboutissants de cet accord d’association. Selon lui, ce dernier apportera aux entreprises productives  » une compensation en atténuant le marché informel et en apportant plus de vigilance « . A court terme, plusieurs entreprises, notamment les plus névralgiques, seront fortement secouées, mais à moyen et à long termes, cet accord ne sera que bénéfique pour l’économie nationale car il prévoit la création des emplois et surtout l’avènement des investissements étrangers directs, souligne le représentant du CNPA.  » Les entreprises seront contraintes de se mettre au diapason pour faire face à ce défit « , pense le même orateur. Ce dernier a estimé, par contre, que le système de contingents pourrait entraver les opérateurs économiques dans l’exercice de leur activité et a interpellé les pouvoirs publics à engager les moyens nécessaires au profit des entreprises nationales. Pour le patron de Cévital, Issad Rebrab, intervenu lors de l’installation de la commission de suivi mardi dernier, « il y a un déséquilibre dans les concessions entre les deux parties, laissant apparaître un avantage flagrant pour l’Union européenne, notamment pour les produits céréaliers, la pomme de terre, la confiture et le sucre blanc ». Selon Rebrab,  » l’Algérie a fait de larges concessions « . Il a, en revanche, insisté sur la fait que l’application de cet accord doit se faire  » d’une manière intelligente « . Réda Hamiani, vice-président du forum des chefs d’entreprise, a, lors de son passage au forum de l’UGCAA, tiré la sonnette d’alarme en soulignant que  » 90% des entreprises algériennes fabriquent des produits qui ne répondent pas aux normes internationales « . Enfin, il y a lieu de rappeler que cet accord d’association débouchera à l’horizon de 2017 sur une zone de libre-échange.

Wassila Ould Hamouda

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