Sur les traces d’un grand nationaliste …

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« Tu te demandes pourquoi nous sommes désunis; c’est pourtant chez toi qu’on raconte la légende de la bête noire, oui, le bœuf noir qui déparait ses frères. » Imache Amar dans la lettre d’adieu.

L’Association culturelle Imache Amar à une nouvelle fois marqué l’événement.

La commémoration du 51eme anniversaire de la disparition d’Imache Imache décédé le 07 février 1960, a réuni beaucoup de monde hier, au village d’Aït Mesbah. un programme d’activité dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe du père du nationalisme algérien, conférence, pièces théâtrales …

Emprunter ces chemins qui montent vers les hauteurs des Ath Douala provoque un sentiment de fierté et pousse à jeter le regard au- delà des paysages aussi pittoresques pour voir et écouter toutes ces voix, ces immortels enfants de cette région qui se sont donnés corps et âme à la patrie, chacun dans son style, sa génération mais surtout son combat. D’illustres noms de l’histoire algérienne dans différents domaines sont justement issus de cette contrée.

A quelques encablures du chef- lieu communal des Ath Douala, Ait Mesbah, une petite bourgade s’apprêtait hier- matin à célébrer le 51 eme anniversaire de la disparition de l’un des grands militants du mouvement national, Imache Amar, en l’occurrence. Il est, en 1920, l’un des principaux fondateurs de l’étoile africaine considérée à juste titre comme étant l’école du mouvement nationale. Le village d’Aït Mesbah, où il a vu le jour pour la première fois, un 07 juillet 1895, s’est levé hier très tôt, pour lui rendre un vibrant hommage.

Il est presque dix heures, les chemins menant du village Icherdiwen à Ait Mesbah est à peine de deux kilomètres. La contrée respire la résistance. Les membres de l’Association culturelle Imache Amar s’affairaient à régler les derniers préparatifs pour lancer les festivités commémoratives.

C’est l’événement de l’année à Ait Mesbah. Il faut dire que cette contrée a hâte justement de sortir de « l’enclavement » comme nous le dit, l’un des jeunes de l’association. Grâce à Imache Amar, et à l’intérêt que suscite ce nom dans l’opinion nationale, les villageois comptent porter leurs doléances et sortir la région de l’anonymat. C’est en présence de la population locale, d’élus et membres associatifs que fut inaugurée la fresque dédié à la mémoire d’Imache Amar érigée au centre de son village à proximité de la maison familiale. Son fils, Mohamed Imache actuellement enseignent à l’université de Tizi Ouzou, nous racontera à propos de son père, qu’il était un homme dévoué qui prenait beaucoup de risques pour servir la cause nationale au moment où il n’était vraiment pas évident d’afficher sa tendance.

Que reste du souvenir de son père ? A cette question, notre interlocuteur indiquera que le fait que la jeunesse garde en mémoire le sacrifice d’Imache Amar est en soi une grande satisfaction. Il ajoutera que les traces de son père sont pratiquement toute effacées « il ne reste que quelques brochures. Des centaines de documents se trouvant dans un coffre ont été brûlés de peur de les voir entre les mains des colons » ajoutera-t-il. Il faut dire que le parcours militant de celui qui est considéré à juste titre d’ailleurs,comme le véritable père du mouvement national et des plus prolifiques.

Dévoué en engagé avec un patriotisme inégalé Imache Amar a été rapidement propulsé au devant de la scène dans le cadre de l’étoile nord africaine dont il sera le secrétaire général et devient par la suite,le premier rédacteur en chef de son journal « El Ouma ». Il aura des positions salutaires à l’image de la laïcité « Il a soutenu la cause de l’Algérie algérienne et laïque, il a milité pour une prise en compte de l’organisation sociale Kabyle « tajmaat » dans la construction d’une Algérie indépendante à caractère social et démocratique » entre autres positions qui lui a valu à l’homme des soutiens mais aussi des adversaires qui ont vu en lui,l’homme qui pouvait remettre en cause l’ordre établi.

Voulant contrecarrer l’ordre de ‘tout puissant instauré par Messali, Imache tentera, vainement, de mettre sur pied un nouveau parti pour contester l’hégémonie messaliste. Il sera arrêté aux débuts des années 1940, et déporté en Allemagne comme détenu politique.

La maison d’Imache Amar attend sa réhabilitation

51ans après sa disparition, Imache ne voit pas son village rejoindre les contrées développées. Notre virée sur les lieux hier, nous a justement permis de constater cet énorme retard en matière de développement qu’accuse Ait Mesbah. Sa maison qui, sous d’autres cieux, aurait été érigée en musée et patrimoine historique croule malheureusement sous les décombres. Le lieu est triste. Une maison qui a vue naître la locomotive des militants nationalistes respire les ruines, pleure de misère et de vide.

Omar, un jeune du village nous a dit à ce propos « l’association proposera aux autorités concernés la réhabilitation et l’inscription de la maison comme patrimoine historique. Nous sommes aussi sur un projet de réalisation d’une stèle à sa mémoire. Pour ça, nous souhaitons la contribution des responsables pour faire avancer ces opérations et ne pas rester au stade des promesses et des paroles inutiles ».

Ce jeune universitaire affirme que sa région qui a enfanté Imache n’arrive toujours pas à sortir la tète de l’eau « les jeunes souffrent de l’oisiveté Ait Mesbah n’est pas raccordé au gaz et le chômage gagne des cimes importantes, c’est dire que vivre ici est un vrai défi pour nous » confiera-t-il.

Abdenour Abdeslam : « Pour un statut de cadre de la nation au nationaliste Amar Imache »

Dans l’après- midi d’hier, la bibliothèque communale d’Ath Douala, une intéressante conférence débat animée par Abdeslam Abdenour, auteur et linguiste, sur la vie d’Imache Amar.

De prime abord, M. Abdeslam indiquera qu’il demande à l’Etat algérien d’octroyer le statut de cadre de la nation au nationaliste Imache pour tout ce qu’il a fait pour le mouvement national affirmant sans ambages,ni langue de bois que Imache Amar est « Le vrai père du mouvement nationale».

Abdeslam Abdenour parlera du rôle prépondérant qu’a eu à jouer l’enfant d’Ath Douala dans l’avancement de la cause nationaliste en défendant que « Amar Imache a été pour le mouvement national ce qu’a été Abane Ramdane pour la guerre d’indépendance de l’Algérie » fortement applaudi par l’assistance.

Trouvant dans l’ouvrage de l’historien Amar Ouredane « La Question berbère dans le mouvement national algérien », une référence, le conférencier enchainera « Il ( Imache, NDLR ) s’inspirera de la révolte du Berbère marocain Abdelkrim qui fonda en 1921, la République berbère du Rif après une terrible guerre qu’il livra à l’empire espagnol. Amar Imache, avait une vision et une dimension politique régionale Nord Africaine et africaine de la décolonisation. C’est pour cette raison qu’il réunit à Paris le 7 décembre 1924 plus de 100 000 travailleurs et fonde le Congrès des Ouvriers Nord Africains, le C.O.N.A. L’idéologue colonialiste Octave Depont alerte alors les autorités françaises sur les actions et démarches politiques d’Amar Imache qu’il qualifie de menaces et de risques pouvant entraver la présence française en Algérie. Depuis, il fait l’objet d’une surveillance accrue. Après la destruction de la République berbère du Rif en 1926, par l’alliance franco–espagnole, le Congrès des Ouvriers Nord Africains se transforme, la même année, en Etoile Nord Africaine (E.N.A.) dont l’objectif principal est l’Indépendance de l’Afrique du Nord ». M. Abdeslam alertera sur les campagnes et les tentatives de mise sous tutelle du mouvement nationaliste et l’Algérie par le courant Baathiste dirigé par le libanais Arslan qui a fait de Messali sa voie en niveau local « je me pose la question de savoir pourquoi l’Etoile Nord Africaine a subi une série de dissolutions rapportées d’ailleur, par l’historien Amar Ouerdane, visant à chaque fois, les mêmes acteurs à savoir Imache Amar, Djilali et Radjef. » Pour Abdeslam Abdenour, la réponse se trouve dans l’opposition montrée par Imache qui s’est opposé « fermement à Messali qui voulait envoyer en Espagne des brigades internationales composées d’Algériens lors de la guerre civile pour prêter main forte à l’alliance formée par la France et le Front Populaire Espagnol (FPE)» conclut le conférencier.Interrogé sur les déclarations qu’auraient lancé M.Rachid Ali Yahia sur Berbère TV et qui remettraient en cause l’engagement d’Imache Amar pour la cause berbériste, Abdeslam Abdenour, visiblement gêné lâchera « j’ai un grand respect pour la carrière de M.Ali Yahia mais là j’avoue qu’il a complètement derapé.Je suis à la fois stupéfait et étonné par de telles déclarations qui relève du mensonge. Je les condamne avec la plus grande fermeté. Il s’agit d’un mensonge et d’une malhonnête intellectuelle flagrante. Je le lui ai fait savoir par le bais d’une lettre qui est à présent du domaine public ».

Omar Zeghni

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