Accueil Évènement “ Il n’y a pas que le centre d’hémodialyse qui en souffre...

Bouira Suite aux commissions d’enquêtes de la DSP et du ministère de la Santé à l’hôpital Mohamed Boudiaf, le directeur s’explique : “ Il n’y a pas que le centre d’hémodialyse qui en souffre ! ’’

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“Nous n’avons de cesse d’interpeller le ministère concernant le besoin urgent en médecins spécialistes comme les néphrologues, les obstétriciens, gynécologues etc.…et il s’agit là d’un problème qui se pose à l’échelle national.”

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L’EPH Mohamed Boudiaf de Bouira, et plus particulièrement le centre d’hémodialyse est sujet à une enquête ministérielle dépêchée hier- matin, sur les lieux pour mener des investigations à propos de “dysfonctionnements récurrents” dénoncés par les dialysés de la wilaya.

Ces derniers avaient, en effet, fait savoir via une requête adressée au wali certains problèmes qu’ils rencontrent au niveau de ce centre.

Le directeur de l’EPH, M Hammad que nous avons rencontré se dit n’avoir été destinataire d’aucune correspondance des malades et reconnaît qu’il existe certaines insuffisances dans ce centre.

En premier lieu, le manque de néphrologue, un spécialiste qui vient d’achever son service civil de trois années dans l’hôpital et qui a démissionné le 15 janvier dernier.

“Nous n’avons de cesse d’interpeller le ministère concernant le besoin urgent en médecins spécialistes comme les néphrologues, les obstétriciens, gynécologues etc.…et il s’agit là d’un problème qui se pose à l’échelle national.” nous dira M Hammad. Toutefois, pour mesurer l’ampleur de la situation, il faut savoir, qu’un néphrologue est rémunéré à hauteur de 25 millions de centimes par mois chez un privé alors que dans le service public, son salaire est de cinquante mille dinars. D’où le fait du manque de spécialistes au sein des infrastructures sanitaires publiques.

A propos des appareils d’hémodialyse qui tombent fréquemment en panne, notre interlocuteur soulignera que sur les 22 appareils actuellement opérationnels, 08 ont dépassé le nombre d’heures :

“Les pannes de ces appareils sont fréquentes car 08 d’entre eux ont dépassé les 20.000 heures et doivent être remplacés. Ces appareils ont une durée de vie allant de 20.000 à 25.000 heures, au-delà ils tombent régulièrement en panne.

L’EPH ne peut pas hélas acquérir ces appareils sur le budget de fonctionnement. Même si en 2009, nous avions pu en acquérir un que nous avons payé 175 millions de centimes, notre budget ne nous le permet pas. De ce fait, à chaque fois qu’un appareil est défectueux, la séance d’hémodialyse est différée, ce qui explique les désagréments subis par les malades.’’

Mais pour le directeur de l’EPH : “Il n’y a pas seulement le centre d’hémodialyse qui en souffre, c’est le cas d’autres services !”

Pour répondre aux malades qui disent que la rareté des médicaments se fait ressentir, notre interlocuteur nous avancera un chiffre effarant :

“Sur 16 milliards de centimes de dotations en 2010 et rien que pour les médicaments et autres produits pharmaceutiques, 08 milliards ont été consommés uniquement par le centre d’hémodialyse. C’est-à-dire la moitié du budget de l’EPH de Bouira d’une capacité de 300 lits, à répartir entre : le pavillon des urgences, les urgences médicochirurgicales, le SAMU, le service chirurgie général, le service de médecine interne, le service pédiatrie, la maternité de 64 lits, le scanner, le bloc opératoire, le laboratoire centrale, le service radiologie et le service pédiatrie. Autant de services qui ont consommé la moitié du budget alloué à cet effet.”

A propos du manque de médecins généralistes dialyseurs décrié par les malades, le directeur réfute cet état de fait en argumentant : “Sur le recrutement de 07 médecins généralistes en 2011, deux ont été affectés à temps plein et 24/24h au centre d’hémodialyse en plus des 20 paramédicaux qui se relaient en permanence par équipes de 04 au chevet des dialysés.”

Les dialysés ont également soulevés le problème de réactifs, produits indisponibles au niveau de l’hôpital et qui les ont contraints à avoir recours au privé.

A ce sujet, le directeur est affirmatif en déclarant qu’il s’agit là d’une pénurie d’envergure nationale, mais que l’ensemble des examens de sérologie sont traités au niveau du laboratoire central de l’EPH, ou bien au sein même du centre d’hémodialyse.

Les services de la DSP ont dépêché une commission d’enquête sur les lieux, suite à la requête des hémodialysés et hier- matin, alors que nous étions sur place, c’est une commission ministérielle qui menait des investigations dans ce centre d’hémodialyse.

La DSP, la DAS et la CNAS en renfort

Jeudi dernier, une réunion entre les services de la DSP, la DAS et la CNAS à laquelle ont pris part trois représentants des hémodialysés s’est tenue au siège de la wilaya.

Au cours de cette réunion, il a été convenu, et ce conformément aux instructions du ministre de la Santé à une prise en charge réelle de tous les hémodialysés.

Ainsi la DSP s’est engagée à acquérir 10 générateurs neufs pour les besoins du centre d’hémodialyse, la CNAS se chargera du transport des dialysés assurés, tandis que la DAS assurera le transport des dialysés démunis.

Des cliniques privées en quête de patients

Ce sont de somptueuses cliniques privées qui ont ouvert leurs portes récemment à travers le territoire de la wilaya de Bouira. Des cliniques qui disposent de générateurs neufs mais semble-t-il boudées par les dialysés.

Un état de fait qui interpelle lorsqu’on sait que la CNAS rembourse la séance d’hémodialyse chez un privé à hauteur de 6.000 dinars. Mais les réticences existent toujours, selon certains malades mais il n’est pas évident d’abandonner le service public.

“Nous avons nos habitudes avec le service public, chez le privé nous ignorons si nous serons pris en charge indéfiniment, en plus si nous allons chez un privé et qu’après nous voulons retourner auprès de l’EPH, nous serions contraints de s’inscrire sur une liste d’attente, d’où cette réticence.’’ Nous expliquera un dialysé rencontré au sein du centre d’hémodialyse de Bouira, lors de notre virée sur place hier matin, et qui se dit lui satisfait du service public.

En attendant que Sour El Ghozlane couvre complètement ses besoins

Le service d’hémodialyse de Sour El Ghozlane a été inauguré la semaine dernière, par Djamel Ould Abbas, lors de sa visite de travail et d’inspection dans la localité.

Cette infrastructure devra pouvoir recevoir 31 insuffisants rénaux et assurera les besoins en matière de soins du genre de 09 communes du sud de la wilaya.

Equipé de 11 générateurs, ce service devrait tourner à plein régime en juin prochain, avec la dotation de 09 générateurs supplémentaires.

Toutefois, même si ce service vient à point nommé pour soulager la pression du centre d’hémodialyse de Bouira, il demeure que ce service n’assure pas pour le moment encore les urgences et avec 05 paramédicaux et deux médecins, les moyens sont insuffisants pour assurer des gardes de nuit.

Ainsi, en attendant que le service d’hémodialyse de Sour El Ghozlane soit totalement opérationnel, le centre de Bouira lui continue d’enregistrer une affluence extrême comme on peut le constater sur la liste d’attente qui ne cesse de croître.

Hafidh Bessaoudi

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